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- Style : Sanseverino, Jerry Lee Lewis , Elvis Presley

Johnny CASH - Ride This Train (1960)
Par AIGLE BLANC le 11 Septembre 2015          Consultée 1762 fois

Ride This Train, approximativement 8ème opus de Johnny CASH, révèle chez 'l'homme en noir' une complexité et une richesse que ses premiers travaux n'avaient pas laissé percevoir. Cette complexité est marquée par son changement de label quand il troqua les mythiques Sun Records de Sam Philips pour les oripeaux de la non moins fameuse maison de disques Columbia qui l'autorisa à enregistrer son premier album de Gospel.
Il est difficile de classer un artiste de son calibre tant son style musical est au confluent de la Country, de la Folk, de la Soul (Gospel), mais aussi (l'avenir nous le montrera) de la Pop et du Rock. Il n'est pas qu'un chanteur et un guitariste, il est aussi un songwriter. Parmi ses autres nombreuses casquettes, on peut mentionner celle de romancier (L'Homme en Noir), celle d'animateur d'un show télévisé qui a battu des records d'audience durant les années 70 et, plus surprenant encore, celle de scénariste-cinéaste quand il écrit, réalise et produit en 1971 un docu-fiction relatant l'histoire du Christ, qu'il est allé tourner avec une équipe de professionnels à Israël, autant que possible dans les lieux fréquentés par Jesus lui-même.
Il s'inscrit aussi bien dans le courant conservateur de la Country que dans celui des artistes contestataires capables de jeter un pavé dans la mare au point d'effrayer les DJ's de l'époque quand parut son album Bitter Tears, brûlot prenant fait et cause pour les Cherokees et les Apaches.

Alors que la notion d'album ne recouvre pas encore à cette époque le sens qu'elle détiendra dans la décennie à venir, Ride This Train refuse de se plier au moule de l'accumulation de singles indépendants les uns des autres. Il s'agit ni plus ni moins d'un album conceptuel. Oui, mesdames et messieurs les "progueux", vous avez bien entendu : Johnny CASH, en plus de l'opus qui occupe cette chronique, a réalisé pas moins de cinq albums concept dans sa carrière : les quatre autres étant Bitter Tears -Ballads of the American Indian (1964), Ballads of The True West (1965), America (1972) et The Rambler (1977).

Ride This Train s'offre comme un voyage à travers les USA dont chaque chanson marque une étape géographique. La transition entre les huit titres de l'opus se fait au moyen d'une narration introductive prise en charge par Johnny CASH lui-même qui présente l'histoire et surtout son personnage principal. Le chanteur par conséquent se fait aussi conteur au sens classique du terme. Et pour parfaire le concept de voyage, chaque narration est traversée en transparence par le sifflet d'un train à vapeur couvrant à peine le martèlement infini de ses roues tractées. Désolé les gars, PINK FLOYD n'a pas la primeur d'avoir intégré des sons naturels à arrière-plan de leurs compositions à tiroirs. Ici, la durée de l'album s'inscrit aussi dans la durée du voyage. Le déplacement n'est pas que temporel, il est aussi géographique.
Le bruit infernal de la machine à vapeur couplé au point de vue interne qu'adopte le chanteur dans chaque chanson confère à l'album une dimension cinématique originale pour l'époque. A ce titre, la photo de couverture semble sortie d'un Western de John FORD dont le chanteur en tenue de cowboy serait l'acteur principal.

Trois chansons lui ont été livrées par Merle TRAVIS ("Loading Coal"), Tex RITTER ("Boss Jack") et Red FOLEY ("Old Doc Brown"). Trois autres sont de la main de J. CASH lui-même ("Slow Rider"; "Dorraine of Ponchartrain" et "When Papa Played Dobro") à moins qu'il ne se soit chargé de l'adaptation et des arrangements d'un standard ("Going To Memphis").
Dans le long récitatif qui ouvre l'album, le conteur énumère des endroits renommés de l'Amérique avant de citer le nom des diverses tribus amérindiennes qui en ont été les premiers habitants. A noter alors un passage surprenant : au moment de livrer le nom des tribus autochtones, J. CASH adopte soudain un phrasé qui anticipe avec près de 20 ans d'avance la logorrhée verbale si caractéristique des rappeurs.
Puis nous sommes conviés à monter dans le train en vue d'un parcours à travers le pays.
La première étape du voyage nous conduit dans le Kentucky, plus précisément dans une petite ville minière. Le narrateur de "Loading Coal" est un jeune homme de 17 ans, fils d'un mineur dont seuls les yeux ne sont pas tachés de charbon. Sa seule ambition consiste à perpétuer la tradition paternelle. Il n'envisage même pas une voie plus prospère.
"Slow Rider" adopte le point de vue d'un hors-la-loi fine gâchette dont le quotidien est ponctué de meurtres. Le narrateur présente ce personnage célèbre qui n'est autre que John Wesley Hardin avec une candeur qui contraste avec les actes abominables qu'il est capable de commettre sans aucun scrupule.
Avec "Dorraine of Ponchartrain", faisons un arrêt dans les marais de Louisiane : nous est relatée ici l'histoire tragique d'une jeune femme disparue avec le bateau qui la transportait au large d'un lac. Ce thème de la mort d'une jeune fille s'inscrit dans la tradition des troubadours de la Folk.
Dans "Boss Jack", J. CASH adopte, durant la narration introduisant la chanson, le point de vue du propriétaire d'un champ de coton dans l'Arkansas (l'état originel du chanteur) tandis qu'au cours de la chanson son point de vue épouse celui de l'esclave en personne qui expose toute sa confiance en son maître, persuadé qu'un jour il lui redonnera sa liberté.
"Old Doc Brown", dernière étape en Iowa, raconte le flux migratoire des Irlandais à New York.

La dimension littéraire de ces chansons nécessite une bonne compréhension de l'Anglais pour réellement les apprécier. On ne peut pas dire que leurs mélodies les rendent mémorables. Les amateurs de Folk pourront goûter pleinement cet opus, mais les autres risquent de trouver l'ensemble un poil monotone.

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   AIGLE BLANC

 
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- Johnny Cash (chant, guitare)
- Luther Perkins (guitare)
- Johnny Western (guitare)
- Harold B. Jackson (guitare steel, dobro)
- Marshall Grant (basse)
- Gordon N. Terry (violon)
- Murray M. Harman Jr (batteries)
- Floyd Cramer (piano)
- Anonymes (chœur)


1. Loading Coal
2. Slow Rider
3. Lumberjack
4. Dorraine Of Ponchartrain
5. Going To Memphis
6. When Papa Played The Dobro
7. Boss Jack
8. Old Doc Brown



             



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