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- Style : Sanseverino, Jerry Lee Lewis , Elvis Presley

Johnny CASH - Johnny Cash Sings Precious Memories (1975)
Par AIGLE BLANC le 22 Octobre 2015          Consultée 2624 fois

50ème opus de sa monumentale discographie, cet album compte aussi parmi ceux que Johnny CASH a consacrés intégralement à l'interprétation des hymnes chrétiens. Précédé par Hymns by Johnny Cash en 1959 (déjà chroniqué dans ces colonnes), Hymns From the Heart en 1962, The Holy Land en 1969, il sera suivi bien plus tard par Believe in Him en 1986.

Les Gospels ne l'ont en fait jamais quitté depuis son enfance et restent l'expression toujours vive de l'expérience rédemptrice qu'il vécut au moment le plus critique de sa vie, alors que sa toxicomanie l'avait conduit jusqu'aux portes du suicide, au fond d'une grotte, dans la deuxième moitié des années 60. C'est alors qu'il confia à ses proches avoir senti l'appel de dieu lui soufflant la force de remonter à la surface de la terre pour se confronter à la lumière, source de toute vie terrestre. Il serait vain de mettre en doute la Révélation Divine que reçut l'homme en noir sous prétexte que, submergé de drogues, il ait pu être victime d'hallucination : une telle expérience relève bien de la foi et non de la raison.

Cet album est dédicacé à son frère aîné, Jack. D. Cash, mort en 1944 scindé accidentellement en deux par une scie circulaire alors que le chanteur n'avait que douze ans. Ce tragique souvenir implanta chez lui une culpabilité indélébile. Quelques-uns des hymnes retenus ici sont ceux-là mêmes qui furent chantés lors des obsèques du frère prématurément disparu, preuve indéniable de l'intimité qui relie Johnny CASH à ces airs sacrés traditionnels. Certains d'entre eux seront réenregistrés à la fin de sa vie et paraîtront à titre posthume dans My Mother's Hymn Book en 2004.

Une question épineuse se pose à tout critique abordant une telle chronique : comment évaluer un disque relevant de ce registre ?
Ces hymnes comptent parmi les standards culturels d'une nation exigeant de tout nouveau président élu de jurer sur la Bible pour légitimer simultanément sa sincérité et ses promesses électorales. Ils résonnent donc avec une force incontestable pour tout Américain qui se respecte.
Mais quel impact peuvent-ils exercer sur un auditeur européen, qui plus est français ? La réponse naturelle dépend bien évidemment du degré de religiosité de l'auditeur en question. Quel recours alors reste-t-il à l'auditeur athée ou agnostique pour apprécier à sa juste valeur une telle collection de gospels ?

Il est une tradition aux USA qui implique pour tout artiste reconnu de croiser obligatoirement sur son chemin artistique la question religieuse. Combien d'artistes américains n'ont-ils pas ainsi proposé leur album spirituel, le plus souvent pendant la période des fêtes de Noël, leur Christmas album pour ainsi dire ? Johnny CASH lui-même ne faillit pas à ce rituel : je vous renvoie ainsi à ses albums The Christmas Spirit (1963), Country Christmas (1991), Christmas Album (1996).
Les hymnes contenus dans cet album ont été maintes fois interprétés par d'autres artistes célèbres : THE BYRDS, Hank WILLIAMS, Elvis PRESLEY, Linda RONSTADT, Dolly PARTON, Emmylou HARRIS, Bob DYLAN, J.J. CALE, Aretha FRANKLIN, Chet ATKINS, Merle HAGGARD, Loretta LYNN, Willie NELSON... La liste est longue et ne s'arrête pas à ce minuscule échantillon.

Le chroniqueur ne peut pas jauger un tel disque sous l'angle de l'originalité. Il se voit donc réduit à l'aborder sous ceux de l'interprétation et des arrangements.
A ce titre, Johnny CASH délivre ici une interprétation éminemment sincère des hymnes qui ont bercé son enfance. Il reste un grand chanteur que rien ne semble capable de faire vaciller. Il est accompagné ici de la CARTER family qui enrobe ces chants fervents d'une réelle aura mystique grâce à des choeurs parfaitement dosés aptes à insuffler à ces Gospels la magie qu'ils convoquent.
Ses musiciens restent les habituels Carl Perkins à la guitare, Marshall Grant à la basse, W.S. Holland à la batterie, Bill Harris aux percussions et Bill Walker au piano auxquels se joignent des musiciens additionnels aux trompettes. Mais un tel crédit ne rend pas compte de l'expérience d'écoute que procure le disque tant ces artistes ici sont mis en retrait par l'enregistrement qui privilégie l'apparition rarissime d'un petit orchestre à cordes envahissant l'espace sonore de ses couleurs mielleuses à souhait. Vous avez compris que je ne goûte pas exagérément le timbre hyper sentimental de cet orchestre omniprésent.

La note attribuée à cette chronique se veut un compromis entre la solidité et l'intégrité de l'interprétation et la mièvrerie trop appuyée selon moi des cordes. Ici en aucun cas n'ont été évalués les hymnes retenus par Johnny CASH. Chacun est libre de le faire par soi-même s'il s'en sent le désir.

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   AIGLE BLANC

 
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- Johnny Cash (chant, guitare)
- Carl Perkins (guitare)
- John Christopher (guitare)
- Pete Wade (guitare)
- Jerry Shook (guitare)
- Bob Wootton (guitare)
- Marshall Grant (basse)
- W.s Holland (batterie)
- Bill Walker (piano)
- Bill Harris (percussions)
- Farrell Morris (percussions)
- The Carter Family (chœurs)


1. Precious Memories
2. Rock Of Ages
3. The Old Rugged Cross
4. Softly And Tenderly
5. In The Sweet By And By
6. Just As I Am
7. Farther Along
8. When The Roll Is Called Up Yonder
9. Amazing Grace
10. At The Cross
11. Have Thine Own Way, Lord



             



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