Unearthed est un coffret de 5 CD, comprenant 78 chansons, dont 63 inédites, qui sort le vingt-cinq novembre 2003, quelques semaines après la mort de Johnny CASH, le 12 septembre de la même année, pour célébrer les dix ans de sa collaboration avec Rick Rubin.

Chaque album a un titre respectivement et dans l’ordre, Who's Gonna Cry, Trouble in Mind, Redemption Songs, My Mother's Hymn Book et Best of Cash on American.
Pour chacun des quatre premiers volumes de la série American, une quarantaine de chansons ont été enregistrées, aussi tous les inédits proposés ne sont pas des chutes de studio ou des outtakes mais des titres finis qui ont été simplement écartés.

On ne s’attarde pas sur le dernier CD , un excellent best of des quatre premiers albums de la série American Recordings.

Le premier album met en valeur l’aspect country de CASH, le plus connu, avec des anciens morceaux réinterprétés "Flesh and Blood3, "Casey's Last Ride", "No Earthly Good", mais aussi, comme c’est l’usage dans ces enregistrements avec Rubin, des compositions d’autres artistes comme le copain Kris KRISTOFFERSON ("Just The Other Side Of Nowhere"), ou Billie Joe Shaver ("If I Give My Soul" et "Old Chunk Of Coal"), mais aussi Jimmie Rodgers ("Waiting For A Train"), ou encore Tom WAITS ("Down There By The Train").
Ce volet nous promène en terrain balisé, ce qui n’enlève rien à sa qualité.

Trouble In Mind est fortement teinté de rockabilly, et c’est un pur régal d’entendre The Man in Black reprendre Roy ORBISON ("Down The Line"), Carl PERKINS ("Everybody's Tryin' To Be My Baby") ou Chuck BERRY ("Brown-Eyed Handsome Man").
On y trouve beaucoup de duos, avec Tom PETTY, Carl PERKINS, Willie NELSON et une version poignante du "Heart Of Gold" de Neil YOUNG.
Si on ajoute "Devil's Right Hand" de Steve EARLES et "Bird On a Wire" de Leonard COHEN, on peut avancer que ce volume est le plus réussi du coffret : il possède une unité, une profondeur et une sensibilité uniques. CASH est immense et bouleversant dans ses interprétations.

Redemption Songs, le troisième volet, au contraire, souffre d’un manque d’unité, les chansons de Bob MARLEY et Cat STEVENS par exemple, ne sont pas les mieux adaptées à CASH. Les duos avec Joe Strummer, Nick CAVE ou Fiona APPLE semblent trop chercher l’aspect événementiel, même si l’interprétation de CASH sur des titres très éloignés de son répertoire habituel est époustouflante. Le pauvre Strummer a vraiment du mal sur "Redemption Song", alors que CASH semble chanter ce reggae depuis toujours !

Le quatrième volet My Mother's Hymn Book est consacré aux chansons de gospel que lui chantait sa mère quand il était enfant. Dans sa biographie, il confie : J'ai retrouvé dans ces enregistrements, en reprenant ces vieilles chansons, la sensation que j'avais lorsque, enfant, je chantais sur le porche de ma maison en Arkansas. On peut comprendre le choix de CASH, au crépuscule de sa vie, de se tourner vers les chants qui ont bercé son enfance.Toutefois, on peut aussi considérer que cet hommage est trop personnel et surtout anecdotique.

Le coffret est superbement présenté, drapé de tissu noir, avec un superbe livret. Certains le considèrent comme le testament de Johnny CASH, du fait de la date de sa sortie et de son contenu, l’invité omniprésent, sournois et insidieux est la mort qui rôde dans le studio, qui a commencé son long travail sur la santé du musicien qui sait qu’il a rendez-vous avec elle.
Mais, avant de faire le grand saut, CASH, fidèle à lui-même et à sa légende, enregistre ces pistes sublimes qui le font entrer dans la grande histoire de la musique populaire américaine aux côtés (devant ?) d'Elvis.