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Johnny CASH - At Folsom Prison (1968)
Par MARCO STIVELL le 8 Janvier 2011          Consultée 5258 fois

En 1968, Johnny CASH est pour ainsi dire un homme neuf. Il est sevré, enfin débarrassé des problèmes d'alcool et de drogue qui l'ont miné pendant de longues années et, à présent, marié à June Carter à qui il doit beaucoup à ce sujet (ainsi qu'à sa famille). Les Etats-Unis sont alors en proie aux assassinats à répétition, aux révoltes d'étudiants et à la guerre du Vietnam qui fait rage de l'autre côté de la terre, mais tout cela n'empêche point le grand Johnny de poursuivre son oeuvre fortement ancrée dans la contestation. Suite à la vision d'un documentaire allemand baptisé "Inside the Walls of Folsom Prison", CASH s'intéresse de très près au sort des détenus, tout en n'oubliant point qu'il avait bien failli en être un il n'y a pas si longtemps, et plusieurs fois d'ailleurs. Il réalise donc une mini-tournée dans des prisons, jouant devant des milliers de détenus, bien évidemment étroitement surveillés par leurs geôliers.

En résultent deux disques live : At Folsom Prison (1968) et At San Quentin(fi] (1969). Le plus retenu généralement est celui sur lequel nous sommes penchés. Il faut dire qu'il a eu la chance d'être arrivé le premier, et ainsi d'avoir eu le temps sur près d'un an de créer des émules pour se vendre par petits pains et devenir la plus grande réussite commerciale de Johnny CASH aux Etats-Unis depuis plusieurs années. Il figure même en bonne place dans certains tableaux réunissant 'les meilleurs albums de country music' ! Dans un contexte plus sombre, At Folsom Prison est le dernier album à porter la marque du lead guitariste Luther Perkins qui a péri dans un incendie quelques semaines après sa sortie. Il occupe donc une place particulière dans la riche discographie du 'Man in Black'.

Cependant, il convient de dire que, depuis l'enregistrement officiel, le concept a connu de notables modifications. Pour commencer, le vinyle avait amputé une poignée de morceaux (dont l'excellent "The Legend of John Henry's Hammer", popularisé par Pete Seeger) ainsi que les grossièretés proférées par Johnny CASH et les détenus lors de la prestation. La réédition a remis l'ensemble des titres, mais certaines interventions du public sont 'fausses', ajoutées en studio. Pas très authentique tout ça, on peut le regretter, mais cela n'enlève toutefois rien à la qualité du disque.

At Folsom Prison est donc, pour les non-connaisseurs de Johnny CASH comme moi (oui j'avoue), un disque de musique country live enregistré à la Folsom Prison, l'un des lieux pénitenciers les plus célèbres de l'état de Californie. Il est assez touchant de se dire que l'homme en noir est venu illuminer pour une grosse heure la vie de ces exclus de la société. Et il le fait bien, même si les paroles sont tournées de manière constante vers les crimes et autres mauvais actes, le fait que cela soit contrebalancé par une musique d'essence stimulante et joyeuse est toujours saisissant. Votre humble serviteur reconnaît une fois de plus ses nombreuses lacunes dans la langue anglophone, à plus forte raison lorsqu'elle émane d'une bouche de la patrie de l'oncle Sam (mais si, vous le connaissez bien cet accent, très gras, 'huileux').

Cependant, comme je sais que je ne suis pas le seul dans cette situation - l'absence de paroles écrites n'y aidant pas -, on a encore de quoi se rabattre avec une telle musique. La formation est très simple : trois guitares, une section rythmique basse/batterie, des choeurs occasionnels mais fortement marqués (la famille Carter notamment) et un harmonica sur un morceau ! Le ton est donc archi-country, version bluegrass (rapide quoi) la plupart du temps plutôt que folk. En fait, avec une telle formation, et quand on regarde les photos du livret, on voit un groupe de rockabilly qui fait de la country. Dix-neuf chansons, et au moins quinze d'entre elles donnent l'impression d'être calquées sur un type de rythmique et d'accords similaires. Ce n'est pas un mal, on ne va pas chercher à entendre du reggae ou des tablas indiens dans un disque de country (ce qui ne serait pas un mal non plus, mais à l'époque on ne parlait pas de ce genre de métissage aux States). Mais si l'on n'est pas fan du genre country, il est difficile d'apprécier ce type d'album, surtout en ayant conscience qu'il faut de nombreuses écoutes pour apprendre à différencier les chansons entre elles.

A l'inverse, si l'on aime, tout est fait pour plaire. Après la désormais célèbre intro "Hello, I'm Johnny CASH", ça démarre fort pour ne quasiment plus s'arrêter jusqu'à la fin du concert. Johnny CASH et son groupe démarrent leur set avec le très réputé "Folsom Prison Blues", écrit en 1955 (soit treize ans plus tôt !) et enchaînent les histoires sombres sur fond de musique entraînante et spontanée. Entre deux vers, Johnny rit, parle, harangue le public qui le lui rend bien, et pas seulement pour le premier morceau qui le concerne plus que tous les autres. Histoire de varier un peu le propos, le chanteur permet par le biais d'une poignée de chansons de rappeler qu'il n'est pas qu'une icône de cette musique sudiste, mais aussi un digne interprète de blues voire de folk épuré ("The Long Black Veil", une splendeur plus directement inspirée par la musique irlandaise que le bluegrass). Avec sa belle voix de baryton-basse, il parvient à émouvoir quel que soit le contexte, y compris quand les notes sont un peu difficiles à attraper pour lui, à moins que cela ne fasse partie du jeu. On peut aussi apprécier en termes vocaux la participation de sa femme June (au timbre assez spécifique) sur un couple de morceaux ainsi que de sa belle-famille (les Carter).

Ce disque fait sans doute partie des incontournables du genre, mais je reconnais qu'un peu plus de variation dans les compositions n'aurait pas été de trop à mon goût, de même que la participation d'autres instruments fortement liés à la country, comme le violon ou le banjo, ou encore cet harmonica bien trop peu utilisée sur un ensemble de dix-neuf chansons.

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   MARCO STIVELL

 
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- Johnny Cash (chant, guitare)
- June Carter Cash (chant)
- Marshall Grant (basse)
- Luther Perkins (guitare électrique)
- W.s. Holland (batterie)
- Al Casey (guitare)
- The Carter Family (choeurs)
- The Statler Brothers (choeurs)


1. Folsom Prison Blues
2. Busted
3. Dark As A Dungeon
4. I Still Miss Someone
5. Cocaine Blues
6. 25 Minutes To Go
7. Orange Blossom Special
8. Long Black Veil
9. Send A Picture Of Mother
10. The Wall
11. Dirty Old Egg Sucking Dog
12. Flushed From The Bathroom Of Your Heart
13. Joe Bean
14. Jackson
15. Give My Love To Rose
16. I Got Stripes
17. The Legend Of John Henry's Hammer
18. Green, Green Grass Of Home
19. Greystone Chapel



             



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