Si l'un des pionniers du Rock'n'roll devait être le fils spirituel de Hank WILLIAMS, il n'y a aucun doute dans l'esprit des fans des fifties. Cet artiste ne saurait être un autre que Johnny CASH, c'est une évidence. En effet, le natif de l'Arkansas partage avec Hank une vision très roots de la musique, l'aspect country western est chez eux primordial, les petits rythmes tchakapoum sont toujours là, et le chant est proche d'une forme de déclamation religieuse. Tout est dans la simplicité, mieux, la pureté, aucune volonté de la moindre compromission. En revanche, le principe même de cet album est discutable. La filiation est certes logique, mais nous n'avons en tout et pour tout que 4 titres tirés du répertoire du grand Hank sur cet opus qui se veut pourtant un 'hommage'. M'est avis qu'en fait d'hommage, Sam Phillips hume l'odeur des billets verts.

De plus, je vous renvoie à mes premières chroniques pour la moitié des titres, déjà parus sur les premiers albums Sun de Johnny, et notamment les quatre titres de WILLIAMS, soit "I Can't Help It" et "You Win Again" parmi les grandes compositions. On retrouve aussi "Hey Good Lookin" et "I Could Never Be Asharmed of You", qui sont pour moi beaucoup plus dispensables. Bien sûr, la présence additionnelle des classiques comme "I Walk the Line" et "Folsom Prison Blues" sont un gage de qualité pour la valeur globale de l'album.

Il ne nous reste donc que six titres pour étancher notre soif de nouveautés. Dans les bonnes surprises, nous avons tout de même la très chouette "Straight A's In Love", plutôt moderne et colorée, que je vous recommande. "Give My Love to Rose" est mignonne, mais ne supporte pas la comparaison avec ses classiques. "Come In Stranger" sort du même tonneau. Rien de transcendant, mais de la bonne came. "I Love You Because", déjà reprise par Elvis sur son premier opus, apparaît ici dans une version très jolie avec des vocalises féminines du meilleur effet. Enfin, "Mean Eyed Cat" sonne plus rockabilly que les précédentes, mais elle est aussi beaucoup plus kitsch et a bien du mal à s'aligner sur ce que fait Elvis à la même époque. Nous sommes donc à des années lumière de la sophistication d'un Eddie COCHRAN. D'un autre côté, CASH n'a jamais fait mystère de son manque d'envie de sonner moderne.

Si vous suivez mon raisonnement, vous avez compris la situation : cet album est quasi inutile si vous vous positionnez dans une réelle découverte de l'oeuvre de Johnny CASH. En revanche, si vous aimez la vision très roots des compositions de Johnny et de Hank, cet album pourrait vous plaire. Dans le cadre de la discographie globale cependant, 6 morceaux n'ont jamais fait un album. On a bien compris que Sun allait traire la vache "à Cash" jusqu'au bout, mais là, c'en est trop pour moi. Je choisis donc de sanctionner cet album que je vous conseille d'éviter.