American VI propose les dernières sessions de Johnny CASH avec Rick Rubin et celles-ci sont réalisées après le décès de sa compagne June Carter. Ce dernier volet n’est pas le meilleur de la série des 'American', CASH est profondément marqué par la perte de June, et il livre là une série de chansons résignées, mélancoliques, c’est la fin de l’histoire, de son histoire qu’il évoque.

La voix est fatiguée, tremblante, mais l’émotion est là, forte, qui surgit, prend aux tripes au détour d’un mot, d’une phrase, d’un accord. L’accompagnement est minimaliste : piano, guitares, quelques cordes, c’est là tout le génie de Rubin, faire chanter CASH, nous offrant sa voix comme un testament. Dans "Ain't No Grave" , l’homme en noir annonce clairement la couleur : When I hear that trumpet sound / Gonna get up out of the ground / Cause there ain't no grave / Gonna hold this body down, contre la mort, c’est lui qui sera le plus fort !
Et il reprend des chansons qu’il magnifie, comme "Redemption Day" de Sheryl CROW, ou l’excellent "For The Good Times" de son vieux pote Kris KRISTOFFERSON.

Mais soyons objectifs : ce dernier volume n’est pas le meilleur. On a l’impression que la maison de disque a compilé ce qui n’était pas sorti, histoire de finir en beauté. Ainsi, "First Corinthians", seule et dernière composition originale de CASH, aurait pu rester dans les tiroirs.
En réalité, ce disque est surtout destiné aux connaisseurs de Johnny, ceux qui souhaitent l’écouter jusqu’à son dernier souffle, pour recueillir les dernières paroles, comme dans "Cool Clear Water" où la voix vacille et où le piano tisse de belles notes, mais le propos est grave, désabusé. CASH semble déjà dans un autre monde, vacillant entre une fin de vie difficile et l'espérance d’un monde meilleur.

A noter enfin que le répertoire proposé est moins original, pas de titre de Neil YOUNG, Léonard COHEN, U2, NINE INCH NAILS ou SOUNDGARDEN mais des chansons du répertoire country-folk américain. Pas de Tom PETTY and the HEARTBREAKERS comme sur Unchained, le volume 2. Il reste juste les derniers souffles d’un immense chanteur, dix morceaux très courts (le disque fait trente-trois minutes) pour passer à la postérité.

L’album sort le 23 Février 2010, trois jours avant ce qui aurait été le 78ème anniversaire du chanteur, décédé le 12 septembre 2003 à Nashville.