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Johnny CASH - The Rambler (1977)
Par AIGLE BLANC le 6 Novembre 2015          Consultée 1396 fois

Les années 70 signent le déclin de Johnny CASH. Après avoir régulièrement trusté les charts durant la décennie précédente, le succès, tel le flux de la marée descendante, a peu à peu déserté sa carrière discographique. Lassitude de son public ou de sa maison de disque? The Rambler, pensez donc, est le 56ème (sic !) album studio de l'homme en noir. Il s'est classé 31ème dans le Billboard nord-américain grâce à deux très modestes singles : "Lady" classé 46ème et "After The Ball" 32ème.

Si le principal intéressé ne s'en offusque plus dans sa seconde autobiographie, il regrette toutefois que cet opus n'ait pas joui d'une meilleure considération. Il n'est pas difficile en effet de comprendre pourquoi dès lors qu'on en inspecte les aspects les plus singuliers, de sa conception à sa réalisation.

En effet, cet album rejoint l'ambitieuse fratrie initiée par le classique Ride This Train (1960) que caractérise un concept original. Si Ride This Train épousait la forme d'un voyage ferroviaire sillonnant les USA et dont chaque chanson marquait une étape, The Rambler, 17 ans plus tard, recroise le thème du voyage, cette fois routier, et entretient une filiation revendiquée avec les 'Road Movies' chers au 7ème art. Rappelez-vous Easy Rider, le mythique film rock de Dennis Hopper, emblème de tous les road movies.

Les 8 chansons qui nous intéressent ici constituent chacune une étape de ce long parcours automobile, concept que le chanteur cette fois pousse encore plus loin dans la mesure où le titre d'ouverture, l'excellent autant que rythmé "Hit The Road and Go", sert de fil conducteur à l'histoire qu'il nous conte. Dans Ride This Train, Johnny CASH, en plus de se charger du chant, était le conteur qui introduisait, sur fond de sifflements de locomotive, l'histoire relative à chaque chanson. Dans The Rambler, outrepassant le cadre du simple narrateur, il devient le véritable acteur principal du récit central qui traverse en filigrane les 8 étapes de l'opus.

En 1973, le chanteur avait réalisé pour le cinéma un documentaire fictionnel sur la vie de Jesus Christ, The Gospel Road (A Story of Jesus), dont il avait en même temps assuré la bande originale. Au vu de cette expérience inaugurale derrière la caméra, il ne faut plus s'étonner si The Rambler s'écoute à la manière d'un film ou d'une fiction radiophonique, les dialogues étant inscrits dans leur environnement spatial.

Ici, ce n'est plus une simple narration qui relie les titres entre eux, mais de vrais dialogues entre le personnage principal -en l'occurence Johnny CASH - "Le vadrouilleur" du titre éponyme - et les autres protagonistes croisés au cours de son périple : soit un pêcheur et une cowgirl qu'il prend en stop et deux filles de bar rencontrées au cours d'une de ses haltes. La distribution des rôles pour les voix lors des transitions dialoguées confirme si besoin était la forte scénarisation de l'album. C'est ainsi qu'au cours des propos échangés avec les deux auto-stoppeurs, le background sonore met bien en évidence que cela se passe dans une voiture. On y entend donc la route défiler. Le dialogue qui introduit la chanson "No Earthly Good" démarre par le discours d'un prédicateur que diffuse le poste-radio dans la voiture, ce qui entraîne une conversation entre le conducteur et son auto-stoppeur. L'effet radio reprend donc celui initié par PINK FLOYD dans "Wish You Were Here" en 1975. En revanche, Johnny CASH devance bien de 7 ans le Roger WATERS de Pros and Cons of Hitch Hiking pour le concept 'sur la route'.
A la fin de l'album, le poste-radio va même jusqu'à émettre la chanson initiale "Hit Road and Go", effet troublant de mise en abîme qui entraîne l'auditeur dans une spirale. Le disque se clôt ainsi sur un retour au point de départ. Idée éminemment cinématographique.
La photo de couverture, telle une affiche de film, va jusqu'à mentionner en petits caractères : Written and directed by Johnny Cash. C'est l'un des fort rares albums dont il signe l'intégralité des chansons.

La conception élaborée de l'album et le parti-pris de sa réalisation (les chansons alternent avec des dialogues 'mis en scène') risquent d'indisposer fortement l'auditeur lambda qui n'attendrait du disque qu'une succession de chansons. Sur les 35 minutes de sa durée globale, seules 20 minutes sont chantées, les 15 minutes restantes sont occupées par les transitions dialoguées. Etes-vous prêt à supporter un quart-d'heure de dialogues entre 'le vadrouilleur' et les gens qu'il croise sur sa route? Si ce n'est pas le cas, alors sélectionnez seulement les chansons... et vous pesterez alors contre leur durée ridicule : à peine celle d'une face de vinyle.

L'histoire qui nous est contée ici est celle d'un homme qui, fuyant la routine de son couple éteint, décide un matin de 'se tailler' en prenant sa voiture. Après le son de ses pas, le claquement de la portière et le bruit du moteur qui démarre, c'est parti pour "Hit the Road and Go" : une chanson très enlevée à la rythmique implacable, presque rock, et dont la dynamique épouse celle d'une délivrance en lien avec ce que doit ressentir le protagoniste suite à sa décision pulsionnelle d'échapper à la léthargie du quotidien. Ce début tonitruant aurait-il été une source d'inspiration pour le magnifique "Auberge" de notre cher Chris REA? Je rappelle qu'"Auberge" démarre par la même séquence sonore reproduisant les pas d'un homme vers sa voiture qu'il fait démarrer avant qu'une chanson au rythme soutenu ne suive le mouvement.

L'analogie est à ce point troublante que la seconde chanson, "If It Wasn't For the Wabash River" lève franchement le pied du champignon pour évoquer dans un style bucolique, arpèges de guitare acoustique compris, les joies simples de la pêche, activité thérapeutique qui permet de faire le deuil d'une personne aimée... morte noyée. Si n'était le refrain qui justifie la pêche par la présence magique de la rivière Wabash, on pourrait croire la chanson ironique. En tout cas, ne trouvez-vous pas que la chanson de Chris REA, "Gone Fishing", entretient un lien thématique comme stylistique avec celle de J. CASH ?

"Lady", premier single extrait de l'album, est une très jolie ballade sentimentale, hymne semble-t-il aux prémices de l'amour quand la femme y brille encore de sa douceur magnifique. Un orchestre sensible souligne la délicatesse du piano aux touches effleurées. Le chant de Johnny CASH y déploie une retenue bouleversante.

Qu'elles soient rock'n'roll comme "After The Ball" où le narrateur décrit après le bal son attente émue de la femme qu'il aime sans qu'on sache vraiment si elle le rejoindra ou pas.
Entraînantes et ironiques comme l'irrésistible "A Wednesday Car" où le narrateur nous conseille de choisir le mercredi comme jour de semaine approprié pour acheter une voiture : le travail des employés se voit ce jour-là optimisé par la perspective du week-end approchant, les autres jours occasionnant divers désagréments qui pénalisent la qualité du travail fourni. Qu'elles soient plus dans l'esprit Soul comme "No Earthly Good" qui prêche la bonne conduite à adopter dans la vie pour rester une bonne personne et clame la nécessité du partage et de la transmission. Toutes témoignent du talent de l'homme en noir pour trousser des mélodies simples mais enjôleuses.

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   AIGLE BLANC

 
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- Johnny Cash (chant, guitare)
- Marshall Grant (basse)
- W.s Holland (batteries)
- Bob Wootton (guitare électrique)
- Earl Ball (piano)
- Jerry Hensley (guitare électrique)
- Ray Edenton (guitare flat top)
- Mark Morris (percussions)
- Jack Routh (guitare flat top)
- Michael Bacon (violoncelle)
- Cam Mullins (arrangements des cordes)
- Johnny Cash (the rambler)
- Jack Routh (the fisherman)
- Katleen Brimm (the cowgirl)
- Carlene Routh (the bargirl)
- Rosanne Cash (the bargirl)


1. Hit The Road And Go
2. Dialogue #1
3. If It Wasn't For The Wabash River
4. Dialogue #2
5. Lady
6. Dialogue #3
7. After The Ball
8. Dialogue #4
9. No Earthly Good
10. Dialogue #5
11. A Wednesday Car
12. Dialogue #6
13. My Cowboy's Last Ride
14. Dialogue #7
15. Calilou
16. Dialogue #8



             



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