Johnny CASH décède le 12 Septembre 2003, et American V : A Hundred Highways sort le 4 juillet 2006, après presque trois ans. On peut regretter cette sortie posthume, même si une cinquantaine de chansons enregistrées n’auraient pas trouvé leur place dans les quatre premiers volumes de la série American Recordings, ce qui explique sans la légitimer une telle parution.

On a l’impression assez désagréable que Rubin a fait les fonds de tiroirs pour trouver douze chansons et ainsi éditer un autre album, sentiment conforté par le choix des titres et leur interprétation. Pas sûr que Johnny CASH eût validé certains titres.

Selon les notes du coffret Unearthed, paru en décembre 2003, "Like the 309" (qui figure sur l’album avec une autre composition "I Came to Believe") serait la dernière chanson écrite par CASH. Les deux compositions, plutôt excellentes, ne parviennent pas à donner une véritable consistance ni une direction globale à l’album qui ressemble vraiment à un assemblage hétéroclite. Il semble que les chansons proposées étaient contenues dans un ensemble, un 'choix alternatif' aux enregistrements des quatre premiers volumes.

Certes, les compositeurs sont prestigieux, mais "Further On Up The Road" n’est peut-être pas la chanson de SPRINGSTEEN qui convient le mieux à CASH, tout comme "On The Evening Train" de Hank Williams ni "Help Me" chanté par son pote Kris KRISTOFFERSON (dans son album Jesus Was a Capricorn).

De même, l’interprétation est moins poignante, CASH semblant moins concerné, comme s’il effectuait des essais et qu’il ne pensait pas vraiment que les prises seraient choisies pour figurer sur un album.

Du coup, le disque est le moins intéressant de la série, il fait figure de bonus plus que d’une œuvre à part entière. Pourquoi ne pas avoir choisi de le compiler sur Unearthed, le coffret qui annonce la couleur (déterré) et revendique ainsi clairement que les enregistrements sont plutôt destinés aux fans.

Certes, A Hundred Highways n’est pas foncièrement mauvais, mais souffre inévitablement de la comparaison avec les volumes III et IV, d’autant que les titres piochés couvrent une période de temps assez longue.

Clairement, le testament musical de l’Homme en Noir se trouve dans les volumes III et IV, ici nous n’avons que de brillantes esquisses.