Trespass est l'un de mes disques préférés de GENESIS, pour de nombreuses raisons. Pourtant, c'est à peine s'il est parfois admis dans la période reconnue comme la plus faste du groupe sur le plan artistique, tout simplement parce que Phil COLLINS et Steve HACKETT ne sont pas encore là. D'abord, je ne comprendrai jamais d'où l'on tient que (feu, hélas) John MAYHEW joue comme un manche, je serais même plutôt content de faire le quart de ce qu'il fait à la batterie sur Trespass. Quant à Anthony PHILLIPS... alors là ça me dépasse. Comment un musicien de sa trempe, un pareil génie peut-il aussi être un oublié de l'histoire ? C'est pourtant lui en particulier, avant même Tony BANKS et Mike RUTHERFORD, qui représente l'influence principale du groupe à l'époque (à son départ, ils ne savaient vraiment pas s'ils allaient pouvoir continuer sans lui). C'est de lui que vient le son romantique si plaisant de Trespass, ainsi que dans les albums suivants, élément que les autres membres du groupe ne feront qu'amplifier par la suite.
Trespass est emblématique pour cela, pour ce qu'Ant a insufflé à la musique du groupe, lui donnant, après six mois de retrait, de galère et de labeur, une maturité musicale exceptionnelle pour des garçons de cet âge-là. Réécoutez les parties instrumentales et les choeurs nébuleux, les magnifiques arpèges de guitare 12 cordes, sans oublier bien sûr le premier grand classique "The Knife" qui tranche (c'est le cas de le dire) complètement avec le reste de l'album.
Trespass contient une atmosphère hors du commun, hors époque (sauf peut-être la médiévale), et même la production (très) approximative doit être considérée comme une partie indissociable de ce tout. A redécouvrir d'urgence.