Si l'on en croit la légende, le premier Bowie est un album franchement mineur et au mieux très médiocre, qui ne peut être cité que pour des raisons historiques. Après tout, quel intérêt de s'attarder sur ce machin quand "Space Oddity" et plus tard les usines à tubes glam-rock nous tendent les bras ?

Et pourtant, c'est une petite erreur de dédaigner cet album. Certes, « petite », car il s'agit quand même d'un premier album d'un nouveau chanteur, il ne faut donc pas s'attendre à une surprise. Mais le dénigrement est tout aussi déraisonnable. Oui, la plupart des chansons sont oubliables, oui, les arrangements variété sont clairement kitsch voire insupportables pour les plus fragiles. Se concentrer sur ces points faibles, c'est toutefois se priver du plaisir d'apprécier des pépites pop qui fondent dans la bouche. Le début est notamment remarquable, avec un enchainement de trois chansons en guise de premier quart de disque qui annoncent bien la couleur – ah, le refrain de "Uncle Arthur" ! Ça ne vaut pas le véritable déluge d'albums cultes sortis en cette riche année 1967, mais pour un début, voilà un départ relativement bon. Et quand on apprend en plus que Bowie a tout écrit, sans aucune reprise, ça force un peu le respect.

Il y a bien des soucis sur le premier Bowie. Les meilleures chansons sont concentrées au début, et il est par la suite difficile d'encaisser quelque chose comme "Please Mr. Gravedigger", sans aucun doute le pire morceau de l'album. Mais il est inutile de reprocher sa simple existence, tout au plus une histoire de goûts pourra en tenir éloigné après découverte. Contrairement à l'album suivant.

Note réelle : 3,5/5