Le génie ne s'éteindra pas. La postérité n'attend plus rien de David BOWIE, mais le futur continue de le suivre comme si la bonne parole émanait de ses rêves et idées. Héros et prophète de l'histoire de la musique populaire, sanctifié de son vivant par des troupes de fans jusqu'au-boutistes, admiré de tous ses pairs comme un électron libre, un condensateur, un accoucheur, un agrégateur visionnaire. Perpétuellement en avance sur les autres, l'homme qui venait d'ailleurs sort son 23ème opus, à l'aube des 69 printemps qu'il fêtera pour la sortie de l'étoile noire.

David a eu le bon goût de nous envoyer une composition pour annoncer la venue de cette étoile. L'éponyme morceau "Black star", au nom héroïque, étrange corollaire de l'ennéalogie ultime du cinéma mondial. N'y a-t-il pas de petit bénéfice, me direz-vous ?

Composée pour les besoins de la série "The last Panthers", pour laquelle elle sert de générique, cette chanson mérite bien une chronique à elle seule. Parvenu au faîte de la gloire et de la notoriété, l'immense David BOWIE trouve ici encore la ressource de composer un titre d'exception. Tout de lancinance tellurique, les influences tant Krautrock qu'industrielles du Londonien se révèlent ici sous leur plus beau jour dans cette mélopée sourde et hypnotique.

Cette chanson dure plus de 10 minutes. Elle débute sur un rythme trip-hop où le thin white duke déclame de manière prophétique plus qu'il ne chante. Saxophone et beats de synthés s'entrechoquent, quelques cuivres discrets s'élèvent. Le break de deuxième partie rappelle les vieilles compositions de l'artiste de l'époque Hunky Dory, rien que ça ! Il s'y fait presque prêcheur ainsi que la vidéo le montre - une petite oeuvre d'art en soi, je vous la conseille vivement, avec une forte implication du chanteur dans sa conception -, tout ceci avec une efficacité éprouvée. Peu à peu, la compo évolue vers sa vision finale, sans doute la plus belle, tribale et reptative, hypnotique, revisitant la mélodie de départ.

Une petite merveille, gemme de notre temps. Dire qu'il faut attendre un David BOWIE bientôt septuagénaire pour voir proposer aux masses laborieuses de notre monde une musique d'un tel niveau ! Cela montre clairement l'état de déliquescence, de décomposition avancée, du Rock en ces années 2010. Le génie londonien, lui, poursuit sa quête d'esthétisme en toute liberté. Tranquillement, "Black star" est une tuerie !