C'est donc en 1993 que David BOWIE revient aux affaires solo, après l'expérience TIN MACHINE, finalement assez peu fructueuse commercialement, mais plutôt salvatrice artistiquement. Il sort donc Black Tie White Noise qui fait figure de disque charnière en reprenant à peu près toutes les composantes qui ont fait ou défait le succès bowien. On passe gentiment de chansons classiques sans prétention à des compositions plus élaborées et, par définition, plus intéressantes.

L'album est globalement intéressant et l'on retrouve l'ambiance quelque peu soul chère aux albums Young Americans et Station To Station. On est agréablement surpris par le morceau éponyme, assez funky et lorgnant vers le rap, où BOWIE se permet d'apporter une véritable touche personnelle qui fait évidemment le charme de la majeure partie de l'album. D'autres titres sont toutefois plus anecdotiques comme "The Wedding" et "The Wedding Song", en référence au mariage de BOWIE avec le mannequin Iman. On note la présence de quelques reprises, à savoir "Don't Let Me Down And Down", "I Know It's Gonna Happen Someday" de Morrissey et "Nite Flights" de Scott Walker. On a bien entendu une pensée émue pour Mick Ronson, présent sur "I Feel Free" (emprunté à CREAM) et qui disparaît prématurément peu de temps après la sortie de ce disque. D'autres musiciens de qualité s'y distinguent comme Reeves Gabrels, guitariste méconnu et talentueux, qui se permet une belle performance sur "You've Been Around". Lester Bowie (aucun lien de parenté) est également un atout au sein de cet opus, malgré tout inégal. A ce titre, on est vraiment marqué par des compositions très inspirées et assez efficaces. "Pallas Athena", très électro et plutôt classe, annonce les futurs albums tandis que "Miracle Goodnight", bien aiguisé, se dévoile sur un rythme jazzy réjouissant. Enfin, "Jump They Say", titre phare du disque, est dédié à Terry (comme "The Bewlay Brothers" 22 ans plut tôt), le demi-frère de BOWIE décédé peu de temps auparavant. Cette chanson dénonce avec force et dérision les conditions d'internement en hôpital psychiatrique tout en utilisant un clip vigoureux et moderne pour étayer son propos. On retrouve ici un David BOWIE prêt à en découdre comme on pourra le remarquer assez rapidement.

Black Tie White Noise se montre donc inspiré mais seulement par intermittences. On sent un David BOWIE bien plus impliqué dans son oeuvre que dans ses livraisons des années 1980 et le véritable retour gagnant semble désormais programmé. On a pourtant bien des difficultés à saisir une véritable trame de fond à ce disque, trop disparate, trop long et trop bardé de reprises. En enlevant deux ou trois titres, David BOWIE aurait accentué l'impact de l'album qui, à défaut de n'être qu'agréable, aurait été brillant. Quoiqu'il en soit, on ne fera pas la fine bouche surtout si on écoute à la suite Never Let Me Down et Black Tie White Noise. Essayez donc, c'est édifiant.