Dans la famille des Italiens stars du rock et de la pop, Chris REA a quelque chose de spécial, peut-être d'abord parce qu'il met du temps à travailler son image, quitte à la renverser parfois au cours de sa carrière de plus de 40 ans, et parce qu'il vient de Middlesbrough, ville connue pour être de type "ça fait pas rêver". Il est le fils du meilleur glacier de la ville, mais sa musique est pleine d'une chaleur qui fait fondre le coeur des dames.

Malgré cela, ses premiers albums (disons jusqu'au quatrième inclus) peuvent jeter un froid, la faute à un manque de cohésion entre intention, composition, production... Gus Dudgeon ne peut décemment faire de Chris un nouveau Elton JOHN, surtout pas s'il commence avec une écharpe multicolore qui pend sur un perfecto, genre rockeur au grand coeur... Erwin a raison !

Au moins, il a refusé d'être Benny Santini (pourquoi pas Panzani tant qu'on y est ?) et nous propose quelques bonnes chansonnettes soft et sympas dont "Fool (If You Think It's Over)", son premier tube. C'est la soul blanche de l'époque, Al STEWART, SQUEEZE, l'autre Chris de Californie (CROSS)... "Dancing With Charlie" et "Whatever Happened to Benny Santini?" doivent avoir été écrites ou enregistrées le même jour, avec le saxo glamour obligatoire.

Du reste, on ne retient pas grand-chose, sinon des moments agréables et un peu plus que ça sur deux ou trois morceaux rock à la ROLLING STONES comme "Three Angels" et "The Closer You Get". Restent avant tout la guitare (pas aussi flamboyante qu'après) et la voix de l'Italien, proche de ses origines et des représentants musicaux de la Botte à cause de son timbre éraillé.