Pourquoi cet album est-il, sans contestation possible, le meilleur des quatre solos de KISS ?
Si on s'en tient aux critères "Simmonsiens", un bon album est un album qui se vend beaucoup, or sur la durée c'est celui de Ace qui décroche le pompon. Si on regarde la pochette, c'est aussi la plus belle des quatre. Le regard de Ace transperce un halo bleuté, laissant diffuser une onde amère. L'expression de ce regard est également la plus troublante du quatuor. Ace ne joue pas un rôle contrairement aux autres, il est le Spaceman, déjà un vétéran amoché qui en a plein les platform boots de son groupe. Le masque tombe.

Quand on écoute la galette, on découvre aussi qu'Ace est le seul Kiss member à n'avoir pas eu besoin de s'entourer de 132 musiciens pour réaliser son disque. Ici presque tout s'est joué à deux quand ses compagnons sont tous allé chiner sur les terres d'Alice COOPER. Soit en pompant son goût déviant pour l'AOR (Stanley) ou ses penchants disco/pop et music hall (Simmons/Criss). D'ailleurs, Space Ace avait dévoilé sa recette, dès 1977, sur la quatrième face de Alive II. Et (déjà) volé la vedette à ses camarades par la même occasion, enregistrant avec son pote Anton Fig. Le batteur qu'on retrouvera sur les deux opus de KISS à venir.

Alors je lis que "Rocket Ride" serait bien meilleure que "Rip It Out"… Franchement, on s'en tape tellement la sincérité inébranlable de Ace transpire de partout, le disque est hyper solide. Aucun mauvais titre n'est à déplorer, la voix de canard du spaceman est utilisée à merveille, ses riffs groovent, ses soli sont légendaires, ce mec a beau être réputé pour être un branleur alcoolique, il démontre ici qu'il a quelque chose que plein de virtuoses n'ont pas : la classe. Pas étonnant qu'il ait suscité plein de vocations.

Alors oui, ce disque n'est pas un chef d'oeuvre, il a ses failles, celles qu'on entrevoit dans le regard fixé sur la pochette. Cela ne le rend que plus beau au fond, plus touchant. L'homme qui venait d'ailleurs est humain après tout. Et il a su rester simple.