En 2008, GURU GURU doit être le groupe de krautrock le plus actif du monde. En effet, la formation menée par Mani Neumeier n'a non seulement jamais vraiment splitté, mais continue d'enchaîner concerts et albums studio. Et pas des albums studio pourris en plus ! Certes, In the Guru Lounge était plombé par une longue suite pénible et oubliable (et oubliée), mais c'était le point noir majeur d'un album qui par ailleurs a eu toutes les cartes en main pour être vraiment bon. Et donc, c'est dans un flux toujours aussi positif que GURU GURU sort Psy.

GURU GURU y renoue avec une tradition perdue depuis les années 70, à savoir rameuter des invités au studio. On retrouve basiquement les amis de Mani, y compris Hellmut Hattler, bassiste de KRAAN, et Jürgen Engler, le leader de Die Krupps. Apportent-ils une réelle plus-value à l'album ? Difficile à dire, mais je pencherais plus pour un non, quand bien même c'est toujours cool de jouer avec ses potes.

Dans tous les cas, (i]Psy est un album dans la lignée de ce à quoi on peut s'attendre de GURU GURU. Soit un festival rock avec des touches world remarquables, et de l'énergie à revendre. Rien de nouveau sous le soleil, mais la qualité du travail abattu reste toujours grande à admirer. Tout du long, on se promène entre rock simple mais efficace ("Wonderland", "Blue Angel"), punk déchaîné ("For Ivy"), ou encore expérimentations étranges ("Sumpfige Wasser"). On se répète : rien de nouveau sous le soleil. Et pourtant, on mord toujours, car assuré de trouver une musique amplement réussie. D'ailleurs, on a même droit à une légère touche d'humour au détour d'un "Luigi" évidemment dédié au guitariste Luigi Archetti qui y livre d'ailleurs un solide jeu de gratte.

Décidément, Psy est encore une fois un album réussi. Et pourtant, ce n'est pas celui qu'on retiendra forcément le plus dans cette riche discographie. A moins d'être un fan absolu du groupe, il paraît difficile de ne pas passer à côté des défauts et morceaux moins qualitatifs de l'opus. "Jan & Mani" est un morceau cool en soi, les deux batteurs offrent une synergie rythmique fort intéressante, mais... était-ce vraiment nécessaire sur un album studio ? Psy se termine également sur "Spam Spam", conclusion se voulant décalée et marrante mais qui finit en fait par complètement taper sur le système. Enfin, la production est assez douteuse tout au long de l'album, même sur les meilleurs morceaux. On dirait que GURU GURU a cédé aux sirènes de la loudness war par moments, en fait, à moins que ma copie de l'album ne soit foireuse. À vérifier.

Psy est un peu étrange. Il donne l'impression d'être l'album de plus, l'opus n'étant clairement pas un incontournable de GURU GURU, quand bien même ce serait celui qu'on appelle son album préféré. Pourtant, il a toutes les armes pour se défendre, encore plus que (i]In the Guru Lounge. On prend carrément son pied en l'écoutant. Et c'est ça qui impressionne chez la bande à Mani, cette capacité d'attirer même quand on ne touche pas les cimes de la musique.

Note réelle : 3,5/5