En 1977, il faut se faire une raison quant à GURU GURU : ce n'est plus un groupe de krautrock. Mani Neumeier, son leader et batteur, a depuis longtemps fait une croix sur ce genre dont il n'a jamais voulu l'étiquette, préférant l'appellation 'comic rock' – même pas de cosmic rock. Faut-il pour autant cracher sur le jazz-rock/world dont se réclame le groupe en ce milieu d'années 70 ? Non plus car la qualité est toujours présente, il faut le dire. Mani und seine Freunde (1975) et Tango Fango (1976) l'ont prouvé, et Globetrotter (1977) ne dit pas le contraire.

La première chose à noter concernant le neuvième album de GURU GURU, c'est que le nombre de musiciens a augmenté. En particulier, un festival de bassistes débarque, incluant Ingo Bischof, déjà claviériste du groupe, et Peter Kühmstedt, destiné à être seul à la quatre-cordes plus tard. On note que le côté big-band est quelque peu renforcé, sans compter une vraie-fausse incohérence due aux changements de musiciens de morceau en morceau, avec cependant une base permanente (Neumeier et le guitariste Roland Schaeffer).

Globetrotter rassemble de nombreux hommes pour un festival haut en couleurs, et encore plus riche qu'auparavant. Le morceau le plus impressionnant dans cette veine reste de loin l'ouverture "I'm Rolling Through the City". Son début en reggae relativement calme est trompeur, puisqu'il explose directement en orgie jazz-rock furieuse, à même de faire danser à toute berzingue. Osons le dire tout de go : "I'm Rolling Through the City" est la meilleure intro d'un album de GURU GURU sorti dans les années 70. Le danger, cependant, c'est que le reste de l'album ne soit pas à la hauteur. La vérité est que c'est le cas, mais de pas loin. "I'm Really into Rock'n'roll, Man" est plus posé sans pour autant taper dans le mid-tempo, et se veut à raison tout aussi captivant. Voilà donc un début de qualité, et plus tard "When the Lights Go Out" vient confirmer la qualité de Globetrotter avec notamment un refrain sans doute classique dans le genre, mais qui fait son office.

Globetrotter serait donc le meilleur album de GURU GURU à cette période ? Oui, mais ce n'est pas pour autant un album excellent. Il possède en effet ses moments de faiblesse, comme le stupide "Da-Wee", et pire encore, le morceau-titre. De base, annoncer qui joue quoi dans un groupe en concert, ça passe, mais en studio ? Sérieusement ? Et ce d'autant plus qu'on ne voit pas tous les participants à l'album entier ? Mais le plus grave, c'est la qualité sonore. En effet, il faut savoir que Globetrotter n'a, pour d'obscures raisons de droits, jamais été réédité en CD. Neumeier a bien produit de manière personnelle une réédition, mais cette dernière est bien confidentielle et ne semble pas totalement rendre justice à l'oeuvre. Il convient du coup de préciser que la chronique présente ici a été rédigée sur la base d'un vinylrip, un support franchement pas au top.

Si Tango Fango par exemple est moins troussé de moments d'excellence que Globetrotter, il compense donc par une qualité sonore supérieure. C'est vraiment dommage, car l'opus de 1977 a de très bonnes choses à dire, et peut même se targuer d'être le dernier album tout aussi bon de GURU GURU avant un bon moment.

Note réelle : 3,5/5