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Diana ROSS - Why Do Fools Fall In Love ? (1981)
Par DERWIJES le 7 Novembre 2019          Consultée 1538 fois

C'est un miracle : une artiste aux déjà vingt ans de carrière, dont dix en solo, parvient en s'associant à un duo de producteurs adéquat à sortir ce qui est tout bonnement son meilleur disque, alors que ses derniers albums en date semblaient annoncer une lente descente dans l’oubli, et qu'elle vient, qui plus est, de quitter la Motown, maison de production l’hébergeant depuis ses débuts. Personne ne s’y attendait.

Pour Diana ROSS, c’est plus un choc électrique qu’un miracle. C’est le rappel qu’elle en a encore dans le ventre et qu’elle a encore l’envie d’avoir envie. Diana est à peine sorti qu’elle se penche déjà sur la suite. Niles RODGERS et Bernard EDWARDS ne peuvent pas revenir car trop occupés avec Debbie HARRY. Ce n’est pas grave, prenant exemple sur Michael JACKSON, elle le produit elle-même. Désormais libérée des carcans que lui imposaient la Motown, elle profite de cette nouvelle indépendance pour affirmer son identité.
Pour fêter cela, elle reprend "Why Do Fools Fall In Love ?", un standard des années cinquante, et l’une, si ce n’est la première, chanson qu’elle apprit à chanter. Placée en ouverture du disque, elle annonce d’entrée de jeu ce à quoi s’attendre : un disco aux allures funk, moins chic que CHIC, mais plus brut de décoffrage. Le son est moderne, dans l’air du temps, et de ce fait brouillon. La production met, pour la première fois, les instruments en avant, plaçant le chant de Diana en arrière-plan. Ces choix esthétiques permettent de mettre en valeur le côté funky des morceaux et de rendre le son plus imposant, mais au dépend de la clarté. Ça passe encore sur cet album, mais c’est un problème qui ira en s’intensifiant au fur et à mesure sur les albums suivants.

Minute people : A la même période, Diana sort avec Gene SIMMONS qui en est tombé amoureux alors qu’il est encore avec CHER. L’anecdote veut que le coup de foudre ait eu lieu après que CHER a conseillé à Gene d’aller faire du shopping de Noël avec Diana, mais franchement on s’en fiche. Le plus intéressant, c’est l’influence que le Démon a eu sur la Diva. C'est lui qui l'a poussée à quitter la Motown, alors qu’elle hésitait grandement. Il parvient ainsi, grâce à son influence et à ses talents de businessman, à convaincre Berry GORDY de se séparer de sa poule aux œufs d’or. Mais hélas ! Telle une tragédie shakespearienne, leur relation ne devait pas durer. Gene aime trop les femmes, Diana veut une vie de famille stable pour elle et sa fille. Ils se séparent, mais non sans que Gene suggère à Diana, en guise de cadeau d’adieu, d’embaucher sur son nouveau disque son copain Bob KULICK, guitariste par intérim de KISS, pour assurer la gratte sur le morceau-titre. Passé la surprise de savoir qu’un hardos ayant produit et/ou joué pour Lou REED, MOTORHEAD et W.A.S.P. apparaît sur un disque de Diana ROSS, on comprend mieux d’où sort la guitare furieuse du morceau qui, bien que n’y étant pas à sa place, s’incruste plutôt bien.

Fin de la minute people, mais restons sur le thème de l’amour pour parler de l’éléphant dans la pièce. Oui, il est temps d’aborder "Endless Love". Ah, "Endless Love". Même moi, à qui ce genre de slows donne de l’urticaire et qui les évite comme la peste, je le connais. Lionel RICHIE doit composer une chanson pour le film du même nom dont personne ne se souvient. Il s’associe à Diana ROSS et compose le slow enterrant tous les slows, le genre de morceau ayant dû servir d’hameçon à Erwin pour aller à la pêche aux gonzesses (on sous-estime beaucoup l’effet aphrodisiaque de la lettre "w" dans les prénoms). Aujourd'hui, c’est la version du single qui a survécu aux affres du temps, à juste titre : Lionel balance à la perfection le bon mélange entre les deux voix et la place de l’orchestre dans le tout. Cette alchimie lui vaut l’Oscar de la Meilleure Chanson Originale et un séjour de neuf semaines dans le penthouse des charts.

Evidemment, Diana n’allait pas rater l’opportunité de replacer la chanson dans cet album, mais elle décide de la reprendre en solo en la modifiant un peu. Et c’est là qu'on se rend compte que construire une chanson de ce type, c’est comme bâtir un château de cartes : au moindre changement, ça s’effondre vite. Le pêché de Diana est de trop insister sur l’orchestre pour compenser l’absence d’une deuxième voix. Ce faisant, elle franchit la fine ligne séparant l’émouvant du sirupeux et en tombe du mauvais côté.

Non, le vrai problème vient surtout que Diana s’est forcée à l’inclure. On sent qu’elle n’a rien de plus à ajouter à l’originale mais que bon, voilà, ça pouvait aider les ventes. A titre de comparaison sur un morceau complètement différent, on entend qu’elle prend vraiment son pied à reprendre le hit de Brenda LEE, "Sweet Nothings". Elle y conserve même l’essence rockabilly de la chanson, bien dissimulée sous les nappes d’instruments eighties. Femme de son temps, elle essaie même de voir si l’herbe est plus verte du côté des fans d’aérobic, discipline alors en vogue grâce aux inénarrables vidéos de Jane FONDA, sur "Work That Body". C’est carrément écrit pour se faire de l’argent sur la vague de ce succès, mais ça reste fun. Daté, mais fun.

Pour rattraper le ratage d’"Endless Love" version solo, elle peut compter sur l’autre single à succès de l’album, "Mirror Mirror". Ça ressemble à une comptine, mais ça sonne funk, presque hard-rock (plutôt que l’aérobic, je me maintiens en forme en sautant à pieds joints dans les approximations). Il est à l’origine écrit par le songwriter Michael SEMBELLO qui l’avait proposé à ses clientes, les POINTER SISTERS. Celles-ci la refusèrent sous prétexte qu’elle sonnait trop comme une comptine, et ce fut Diana ROSS qui finit par la récupérer et en faire un succès. Vertes de jalousies, les Sœurs Pointeur virèrent illico militari SEMBELLO qui poursuivit son bonhomme de chemin en composant pour le film Flashdance le morceau "Maniac", l’un des plus gros succès commerciaux des années 80, preuve s'il en est que l’effet boule de neige n’est pas un mythe.

Au final Why Do Fools Fall In Love ? finit comme son prédécesseur disque de platine. On peut expliquer ce succès justement par le fait que le public voulait plus de Diana après sa collaboration avec CHIC. Mais c’est réducteur que de le condamner à vivre dans l’ombre de son glorieux aîné, même si c’est inéluctable. Ce disque constitue la véritable déclaration d’indépendance de Diana ROSS, le moment où elle prend confiance en elle-même et s’envole sans l’aide de personne. Quoique avec ses défauts, c’est un album qui offre de sacrés bons moments à ceux assez curieux pour s’y intéresser.

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1. Why Do Fools Fall In Love
2. Sweet Surrender
3. Mirror Mirror
4. Endless Love
5. It's Never Too Late
6. Think I'm In Love
7. Sweet Nothings
8. Two Can Make It
9. Work That Body



             



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