Pour une artiste à la retraite, Diana ROSS est finalement très occupée entre 2006 et 2007. Il y a la sortie des archives de Blue, un album musicalement correct mais dont le mercantilisme sans ambages me fait frémir, et un nouvel album studio.

Chouette ! La dernière fois que la diva est entrée en studio, c'était en 1999 pour Everyday Is a New Day qui continuait sur la lancée de Take Me Higher et s'avérait dans l'ensemble plutôt recommandable. C'était d'ailleurs rageant que ROSS se soit arrêtée là car ces deux albums la voyaient trouver un équilibre entre son style personnel et le R&B contemporain, d'une manière prometteuse. Cette promesse sera t-elle finalement tenue huit ans plus tard ? Aura-t-on le droit à une série de morceaux inédits ?
Ah... Non. Finalement, c'est un disque de reprises de chansons d'amour. Bon, ne nous laissons pas décontenancer, il s'agit sûrement d'interprétations matures représentant une artiste sûre d'elle qui sait ce qu'elle veut ? Hum...Toujours non.

J'ai une théorie : Diana ROSS est somnambule et aurait enregistré cet album pendant qu'elle dormait. Ca pourrait expliquer pourquoi il est si mou du genou. Mais, là encore, non, il a bien été enregistré pendant que son interprète était éveillée. Il faut se pencher un peu sur le contexte de la sortie de l'album pour comprendre pourquoi il existe, et ce, en trois points :
1) Pour faire suite à la sortie de Blue. On sort un truc poussiéreux des archives et on l'accompagne de quelque chose de neuf pour faire comme si tout allait bien.
2) Si I Love You est sorti en Europe en Octobre 2006, les Américains ont dû quant à eux attendre Janvier 2007. Ce décalage m'a d'abord surpris, avant que je me souvienne qu'après Janvier vient Février et sa Saint-Valentin, nettement plus importante là-bas que chez nous. Pas bête, c'est sûr qu'un album de reprises de chansons d'amour se vend mieux autour de la Saint-Valentin qu'à Halloween.
3) La sortie du film Dreamgirls. Il n'est pas resté dans les mémoires, mais ce film s'inspirait beaucoup de l'histoire des SUPREMES en narrant celle d'un groupe féminin dévoré par l'ambition tyrannique de leur producteur (joué par Eddie Murphy dans un bref sursaut inutile pour éviter que sa carrière ne tombe dans un trou noir de médiocrité).

Malgré tous ces bons augures, seuls les fans répondent présents. I Love You ne s'élève pas bien haut dans les charts américains et retombe aussi vite qu'un soufflé raté. Sachant que Blue sorti quelques mois plus tôt était déjà un album de reprises, en sortir un autre au lieu de nouveaux morceaux inédits était une erreur stratégique. Le public n'a tout simplement pas répondu présent. Après tout, pourquoi gaspiller son argent alors que l'on peut écouter ses anciens disques ?
Bon, ça fait déjà quelques paragraphes que je me moque de ce disque alors que tout n'y est pas à jeter. La première version de "Remember" d'Harry NILLSON ouvre le disque avec des allures prometteuses, et la reprise de QUEEN est sauvée par la présence de Brian MAY (qui avait sûrement peur de ce qu'allait devenir "Crazy Little Thing Called Love" entre les mains de l'orchestre de Diana.) Le morceau éponyme surnage sans difficulté au-dessus du lot. Facile pour lui, c'est la seule composition originale de l'ensemble ! Composé pour Diana, il lui va comme un gant et nous laisse rêveur quant au potentiel inachevé de l'album.
Les BEATLES survivants auraient mieux fait de suivre l'exemple de Brian May et d'interférer sur la reprise de "I Will", cela aurait évité que Diana ne remplace le minimalisme de l'originale par son côté over-the-top qui n'est absolument pas à sa place ici. Le plus navrant est de constater qu'elle ne tire pas le meilleur des chansons qui sont pourtant proches d'elle. "This Magic Moment" des DRIFTERS, "I Want You" , pourtant écrite par son frère pour son âme sœur Marvin GAYE ? Elle n'en tire que des prestations poussives qui donnent l'impression qu'elle s'ennuie.

Nonobstant son aspect foutage de gueule, I Love You aurait pu être un bon album de soul. Il aurait pu, et aurait dû, être le post-scriptum de la carrière de Diana, une manière de dire au-revoir proprement avant de repartir à la retraite (au moins retraite des studios puisqu'elle donne toujours des concerts de temps à autres). Au lieu de cela, nous avons droit à un disque mou qui ne fait pas d'efforts pour se rendre intéressant. Nous étions en droit d'attendre mieux.