Et dire que je trouvais immonde la pochette de Swept Away ! Regardez celle de Eaten Alive. Mais quel est ce travail ? Pourquoi le tigre empaillé ? Pourquoi la pose bizarre avec le collier ? Rassurez-vous, les pochettes suivantes n’iront pas aussi loin dans le ridicule.

En attendant, nous sommes en 1985, cela fait cinq ans que Diana ROSS a quitté la Motown pour la RCA et, jusque-là, ce nouveau départ s’est fait en dents de scie. La diva n’a pas perdu sa popularité, bien au contraire. Mais, si les singles cartonnent, les albums ne semblent pas suivre aussi bien. Pour pallier ce problème, Diana enchaîne les producteurs, ne choisissant que ceux qui ont un nom connu : après Darryl HALL et Lionel RITCHIE, c’est au tour de Barry GIBB des BEE GEES de se mettre à la console. Dit comme ça, le choix peut surprendre, mais après tout le Barry était à l’époque un producteur reconnu, ayant produit pour Kenny ROGERS et Dolly PARTON "Islands in the Stream", l’un des singles les mieux vendus de la country. Après tout, le mélange de pop et de disco qu’il faisait avec ses frères n’était pas si éloigné que cela de ce que Diana ROSS souhaitait faire.

Le travail de Barry Gibb à la production n’est pas très remarquable. Disons qu’il a fait son boulot mais sans aller plus loin. C’est très eighties, un peu cradingue et ça a pris un gros coup de vieux. Cependant, comparé à la production de Why Do Fools Fall In Love et Silk Electric, il n’y a pas de raison de se plaindre. Il lui a en plus offert un morceau, "Chain Reaction", écrit à la base par les BEE GEES en pensant à Diana ROSS, mais qu'ils n’avaient pas osé lui offrir, craignant qu’il sonne trop comme ce qu’elle faisait lors de sa période Motown. Finalement, bien lui en a pris de changer d’avis puisque "Chain Reaction" sort deux fois en single, en 1985 et en 1986, et une troisième fois sous une version remix en 1993. S’il ne fait pas grand bruit aux USA, le morceau est un hit-surprise au Royaume-Uni ainsi qu’en Australie, en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande.
Le morceau éponyme a aussi le droit à son single qui connaît une trajectoire, quoiqu’avec moins de succès, en Europe. Il fait aussi un flop relatif aux Etats-Unis, ce qui est surprenant puisqu’il a été écrit par les BEE GEES avec Michael JACKSON ! Rappelons qu’en 1985 nous sommes entre Thriller et Bad, tout ce que touche le M.J se transforme en or, sauf "Eaten Alive" qui doit être l’exception à la règle. La faute à qui ?
Personnellement, j’ai bien envie de dire que c’est la faute aux clips promotionnels, absolument ridicules. Alors qu’elle est très carré en communication, Diana n’a jamais vraiment su utiliser le médium TV à son avantage.

En réalité, la faute incombe surtout à l’album. Comme Swept Away, il repose principalement sur ses singles. Les autres titres ne sont tout simplement pas intéressants. Que voulez-vous dire sur "Oh Teacher" ou "Don’t Give Up On Each Other" qui donnent toujours l’impression d’avoir été composés à la va-vite ? Le chant de Diana ROSS quant à lui, qui ne supporte aucun reproche, livre toujours le meilleur de lui-même. Pour le reste, c’est de la soupe R&B réchauffée. Malgré tout, l’album se vend grâce aux singles, mais principalement à l’international.