En 2015, paraissait Diana Ross Sings Songs From The Wiz, un album sorti des archives et composé de chansons de la comédie musicale The Wiz de 1978, une version du Magicien d’Oz faite par des Afro-Américains qui aurait dû devenir un franc succès, mais fut surtout un gros ratage. Le dernier véritable album de la diva est I Love You, paru en 2006. Un bien piètre au-revoir, mais vu qu’elle n’avait plus rien sorti de véritablement intéressant depuis Silk Electric en 1982, il était bien temps pour elle de prendre sa retraite, à 62 ans...

... Jusqu’à aujourd’hui où, surprise !, voici qu’apparaît dans les bacs 'nouveautés' une pochette bariolée affichant une Diana déridée et amoindrie au max et le titre Thank You. On ne saurait juger un album à sa pochette, mais d’emblée, ça ne commence pas de façon optimale. La genèse de ce disque date du confinement. Comme beaucoup d’autres artistes, Diana ROSS s’ennuie chez elle. L’histoire ne dit pas si elle s’est confinée dans sa demeure de Los Angeles ou dans celle de Greenwich, Connecticut mais, dans les deux cas, elle n’avait à sa disposition qu’un terrain gigantesque, un court de tennis, une centaine de pièces, une piscine et un studio maison. Soyez sympas merde, puisqu’on vous dit que ça a été difficile pour les célébrités ! A sa décharge, elle a été plus inspirée que bien d’autres artistes et a composé des morceaux inédits. Parce que l’excuse du 'on s’ennuyait du coup on a fait un album de reprises', ça va bien cinq minutes, mais au bout d’un moment c’est relou. Une fois les restrictions levées, elle a pu apporter les brouillons à son producteur qui a engagé le ROYAL PHILARMONIC ORCHESTRA et le LONDON SYMPHONIC ORCHESTRA pour des sessions à Londres, Los Angeles, New-York et Miami.

Alors, que vaut le grand cru Diana ROSS de 2021 ? Concrètement, pas grand-chose. C’est plus ou moins la même chose que son`I Love You de 2006 : à mi-chemin de la promenade nostalgique et d'une tentative de rester pertinente en recyclant désespérément le son des SUPREMES et des grandes ballades soul qui ont fait sa fortune dans les années 60/70. Dès le premier titre, on se saisit de sa seringue d’Insuline pour éviter la crise d’hyperglycémie. La vache c’est sucré ! Sous un auto-tune pas très bien dissimulé, Diana nous chante ses paroles dignes des images qui pullulent sur les réseaux, mais si, celles avec un joli paysage libre de droits et un message du genre "Believe in your dreams". On enchaîne ensuite sur "If the World Just Danced", pas besoin de vous faire un tableau, le titre parle de lui-même. On se demande à quoi ça servait d’embaucher deux orchestres si c’était pour les noyer sous des beats électro dégoûtants, surtout quand ils ruinent la jolie guitare de "In Your Heart". Puis par un petit miracle, elle parvient à donner le change pendant "Just In Case" et "The Answer’s Always Love". La voilà, la grande diva ! Même si sa voix est toujours trafiquée, elle chante bien et l’orchestre qui l’accompagne fait du bon travail. C’est pop mais doux et agréable, et on veut y croire. Mais elle nous laisse méchamment tomber sur "Let’s Do It" qui revient à ses travers électro-pop.
Après être retombé aussi bas, on ne peut que remonter et c’est ce que s’évertue à faire Diana sur les morceaux restants. Elle reglisse un peu sur "Come Together" et "Come Tomorrow" mais elle fait honneur aux balades "I Still Believe", "Count on Me", "Beautiful Love" et "Time To Call". Ça ne casse pas trois pattes à un canard, mais ça s’écoute.

Thank You avait-il besoin d’exister ? La même question se pose chaque fois qu’une ancienne gloire sort un nouvel album, d’autant plus lorsqu’elle sort de sa retraite pour le faire. C’est d’autant plus vrai pour Diana ROSS qui s’était vraiment retirée de la vie publique en arrêtant album et tournée, mais qui va en faire une nouvelle au Royaume-Uni en 2022 pour supporter son disque. Pourquoi pas, si ça lui chante ? A ce niveau-là, c’est plus pour s’occuper que pour gagner de l’argent, parce que si elle voulait une nouvelle Ferrari, elle n’aurait qu’à sortir un best-of. Est-ce le retour d’ABBA qui l’a inspirée ? Dans tous les cas, c’est un rendez-vous raté. Thank You a un vrai potentiel. Retirez les sons électro contemporains qui parasitent l’ensemble et vous entendrez des orchestrations délicates et finement troussées, sur lesquelles la diva peut chanter d’une voix qui a forcément pris un coup de vieux mais sait toujours plaire à l’oreille. Seulement voilà, il a fallu qu’elle cède à ses vieux travers et cherche à plaire au plus grand nombre en modernisant sa musique plutôt qu’en s’appuyant sur ses acquis.