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- Style : Les Ogres De Barback

Pierre PERRET - Bercy Madeleine (1992)
Par NESTOR le 14 Juin 2021          Consultée 792 fois

Son album précédent était loin d’être une réussite. L’explication en revenant à des textes moins inspirés, à des musiques limite caricaturales, à une orchestration pataude et une direction artistique difficilement cernable. Est-ce en réaction à cela que Pierre PERRET indique dans sa biographie que pour préparer Bercy Madeleine, il s’est mis à "l’isolement total, travaillant avec ténacité de sept à vingt-et-une heures et marquant à peine quelques pauses, sans même faire la cuisine, lui qui pourtant adule la bonne chère" ? Est-ce pour nous l’assurance que nous sommes donc en droit d’espérer un résultat bien plus jouissif ?

L’écoute du premier morceau, qui donne son nom à l’album, nous en fait douter. C’est un exercice de style visant à utiliser un maximum de noms de stations de métro parisiennes pour bâtir le texte. Certes, c’est parfois amusant, mais c’est plus souvent bancal, et bien trop facile pour un écrivain de la trempe de Pierre PERRET. Heureusement cet écart est assez isolé, et le texte de "Le métro", qui, à un degré moindre, joue également avec les noms des stations de métro (et des grands romanciers français) est bien plus heureux, car plus fluide et plus musical.

"La petite kurde" est également bien plus intéressant. Au-delà de sa connexion avec l’actualité de l’époque (la guerre du Golfe s’est déroulé deux ans plus tôt), on y retrouve la facette "tendresse" du Pierrot qui reprend par moment l’esprit du Mourir pour des idées (Fernande, 1972) de Georges BRASSENS. Une proximité que l’on peut retrouver avec "On est toujours le con de quelqu'un". Avec "Le Trophée" Pierre PERRET nous surprend agréablement. Ce titre, au rythme soutenu et alerte, aborde un thème original pour lui. Sous couvert d’un discours de remerciement d’un acteur récompensé à l’occasion d’un festival quelconque, il nous pond un texte plein d’humour. La musique, qui mêle habilement une ligne de clavier basique et des interventions d’un piano et d’un section de violons, nous mène également dans des contrées qu’il n’avait pas encore exploré.

"Ils s’aimaient" montre aussi une évolution dans le propos de Pierre PERRET. En effet, on ne retrouve pas dans ce tableau désespéré de la misère humaine, sa tendresse habituelle. On est là plus dans le constat attristé, bien que teinté d’humour, et froid. Une sorte de constatation clinique dépourvue de son empathie habituelle. Ce qui est assez surprenant, mais pas du tout rédhibitoire. Avec la "Réforme de l’orthographe", se montre à nouveau en prise avec l’actualité. Deux années plus tôt, le Conseil Supérieur de la Langue Française avait validé des rectifications / modernisations de l’orthographe qui avait entraîné un large débat entre les tenants d’une simplification de la langue écrite et ceux qui se posaient comme protecteurs de la richesse du français. En grand amateur de la littérature et en fervent utilisateur de ses particularités, rien ne laissait présagé de la position de Pierre PERRET sur le sujet. Avec humour et dérision, il adopte le parti pris de l’ouverture d’esprit en raillant gentiment les têtes trop tournées vers le passé.

Un autre moment du fort de cet album se trouve dans le savoureux "Ah l'amour l'amour", dans lequel le Pierrot renoue avec ses textes truculents et coquins. Il trouve là l’occasion de nous faire une démonstration de ses talents. Au final, si on ne renoue pas totalement avec la grâce et la magie qui habitaient les fantastiques Mon p’tit loup (1979) et Comment c’est la Chine (1983), ce Bercy Madeleine reste un disque très correct qui contient de bons titres. Et bien que l’orchestration et les arrangements de Romain DIDIER peinent encore à rivaliser avec la richesse de ceux de Bernard Gérard, on constate une nette amélioration par rapport au disque précédent.

Un album sérieux donc, si tant est que cet adjectif sied au Pierrot, dont il est à noter que c’est le premier album où il n’est pas en photo sur la pochette. Celle-ci n’est en effet pas une photo de sa trogne, mais un portrait du chanteur réalisé par le peintre Paul Aizpiri, décédé depuis.

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   NESTOR

 
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- Pierre Perret (chant)
- Romain Didier (orchestration)


1. Bercy Madeleine
2. La Petite Kurde
3. Ils S'aimaient
4. Pamela
5. Le Trophée
6. Rebecca
7. Ah L'amour L'amour
8. La Réforme De L'orthographe
9. La Rupture
10. On Est Toujours Le Con De Quelqu'un
11. L'amour Avec Les Yeux
12. Le Métro



             



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