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- Style : Les Ogres De Barback

Pierre PERRET - Irène (1986)
Par RAMON PEREZ le 12 Mai 2021          Consultée 605 fois

Quand j’étais minot, il y avait un moment particulièrement favorable à l’écoute de musique. C’était pendant les trajets de vacances, ces quelques heures de voiture où l’on écoutait des cassettes. La plupart étaient repiquées, des trucs pour gamins. Mais il y en avait une tout à fait particulière dans le tas. Une vraie de vraie, toute blanche, avec une photo sur la jaquette et les noms des chansons imprimées dessus. C’était le live 87 de Pierre PERRET. Ca tranchait un peu des Henri DES et consort. Evidemment on ne comprenait pas tout. Cette histoire de "craquer en pleine constipation" ne me paraissait guère limpide, ni ce truc qui faisait tellement rire le public : "essayez de faire ça à une louloute quand elle sort du Mammouth en poussant son chariot".

Cette cassette est donc pour moi une pure madeleine de Proust. Cependant, j’ai désormais peu l’occasion de l’écouter faute de lecteur approprié. Les temps ont changé et, s’il est relativement simple de trouver les albums studios de Pierrot, c’est aujourd'hui une autre paire de manches de trouver les enregistrements publics. Alors je fais une sorte de transfert sur Irène dont sont issues les nouvelles chansons annoncées par le chanteur durant son concert. Mais, premier grief, une bonne partie de ces nouvelles chansons ne sont en fait pas sur ce disque et ne sont jamais sorties sur album. De façon assez inexplicable, car ce n’était clairement pas du compost. Il y en a six, absentes, qui auraient pu facilement allonger un peu ce vinyle très court (à peine une demi-heure). C’est en particulier le cas d’un classique, au sens où le chanteur l’a toujours chanté sur scène depuis, le très drôle et très grivois "Nos amies les bêtes". Une étoile en moins pour cette radinerie !

D'autant que c’est précisément ce qu’il manque à l’album final, cette lueur grivoise dans l’œil et la voix de notre chanteur (ce que Desproges qualifiait, dans l'un de ses réquisitoires à connaitre absolument avant de mourir, d’air de chanoine lubrique en train de culbuter les nonnes pendant l’élévation). Cette fois-ci, la collection de chansons se fait globalement sérieuse. Il n’y a qu’un seul texte qui se veut vraiment drôle, sur les vieux qui passent ce qui leur reste de vie à se plaindre. Les autres titres se tiennent assez à distance du vocabulaire argotique habituel et misent plutôt sur une écriture assez fine, assez classe pourrait-on même dire. Trois morceaux évoquent la littérature, une des nombreuses passions du Pierrot, qui partage son angoisse de la feuille blanche dans l’une des plus belles pistes du disque, puis ses classiques (celle-ci est l’une des plus faibles) avant de rendre un hommage à Bernard Pivot et à ses émissions littéraires.

Ailleurs le chanteur fait appel à son sens de l’observation pour deux chansons très réussies, le sombre et désabusé "Voir" qui tranche sérieusement avec l’habituelle bonne humeur du bonhomme et le plus léger "C’est ainsi qu’on vit à Paris", superbe description de la capitale à hauteur de rue. N’oublions pas "La veuve", dernière ritournelle d’Irène, qui est celle qui élève véritablement le niveau en s’inscrivant dans la lignée des ouvrages comme "Blanche", "Le bonheur c’est toujours pour demain" ou "Celui d’Alice", des chansons prouvant à quel point cette plume peut être l’une des plus belles lorsqu'elle le souhaite. Quasiment picturale, au verbe chirurgical mais aussi à la mélodie et à l’arrangement façon haute couture, largement digne de l’artisan de première qu’est définitivement notre homme.

Le versant musical est le gros point fort de cette livrée, dans laquelle Pierre PERRET démontre à nouveau sa grande inspiration mélodique. Les arrangements sont globalement cohérents et se veulent plutôt modestes. On se croirait dans un jazz club niveau ambiance, avec un orchestre sur la scène laissant une vraie place aux instruments à vents, particulièrement au saxophone (l’instrument d’étude du chanteur). C’est très convivial ; les deux chansons d’amour rigolotes ("Irène" et "Le tombeur") en sont d’autant plus efficaces. Bref ce disque permet à Pierre PERRET d’exposer encore une fois tout son savoir-faire et son talent. Néanmoins un constat s’impose, au-delà de mon rapport très personnel avec ces chansons. C’est qu’il n’y en n’a pas une qui soit réellement restée dans la mémoire collective, ainsi que c’était invariablement le cas jusqu'ici. Rien de vraiment faible, mais rien de vraiment grand non plus. Un bon disque certes, mais relativement mineur au regard de la discographie de notre homme, s'inscrivant dans une période qui a senti un peu la fin de cycle.

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2. Feuille Blanche
3. Lire
4. Le Tombeur
5. Tous Les Enfants Sont Mes Enfants
6. Papyvole
7. Voir
8. Bernard Pivot
9. C'est Ainsi Qu'on Vit À Paris
10. La Veuve



             



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