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Pierre PERRET - Chansons éroticoquines (1995)
Par RAMON PEREZ le 30 Octobre 2021          Consultée 1701 fois

Je t’ai dit que, quand j’étais minot, mes parents nous faisaient écouter Pierre PERRET au milieu des Henri DES et consorts. Même si on ne comprenait pas tout, on aimait bien ses mélodies sympathiques, son chant attachant ; en un mot ses chansons rigolotes. Et puis, un jour, on n’a plus eu le droit de l’écouter. Enfin, on n’a pas eu le droit d’écouter cet album tout juste paru, Chansons Eroticoquines. Il parait qu’il était pour les grands. Il y avait tout de même une faille dans le dispositif de sauvegarde morale de mes vieux : la télé. Parce que Pierre PERRET était invité dans les émissions les plus familiales pour chanter son dernier hit, comme celle de Jacques Martin qui était un incontournable des dimanches chez mes grands-parents. Je crois bien que c’est en cette occasion que j’ai entendu "La Corinne" avec mes puinés. En rentrant on chantait partout "ils dirent tiens, c’est la Corinne qu’a encore trouvé une pine !", même si on ne savait pas ce qu’elle avait vraiment trouvé…

C’est peut-être de la nostalgie à la con, mais j’ai quand même du mal à imaginer ce genre de chanson à la télé aujourd’hui, encore moins aux heures de grande écoute. Toute une époque quoi ! Donc je disais qu’on avait entendu "La Corinne" et on essayait de convaincre nos parents, inflexibles, qu’on pouvait bien écouter le reste. Comme tout interdit est fait pour être brisé, j’ai sournoisement profité de l’absence de mes géniteurs pour mettre la main sur le CD dans le tiroir où ils l’avaient rangé et pour l’écouter. Crois-moi, je n’ai pas vu du tout où était le problème. Pour moi, c’était du Pierre PERRET, rien de plus. Un peu déçu quoi ; déçu de ne pas avoir trouvé quelque chose incroyable de nature à justifier l’interdit parental. Et je n’ai plus écouté l’album pendant très longtemps, au contraire des autres. Comme quoi il peut être stratégique d’accéder aux demandes des gamins…

Quand je l’ai réécouté plus tard, j’ai bien-sûr davantage compris. Mais, avant de rentrer davantage dans le détail, je dois donc en premier lieu dire que je n’ai pas la même familiarité avec cet album qu’avec le reste de la discographie du bonhomme. Une discographie par ailleurs parsemée de chansons gauloises, parlant très clairement de sexe de façon gaillarde ou poétique. Un éventail d’œuvrettes allant du célèbre et polisson "Le zizi" à la très belle « Blanche ». Cet ouvrage de 1995 a donc la particularité d’être exclusivement centré sur cette facette de Pierre PERRET. Mais on se tromperait fort en pensant qu’il serait un recueil de paillardise (il finira par se confronter à cet exercice précis une dizaine d’années plus tard). Le terme "éroticoquine" est assez bien choisi et il ne signifie pas provocation salace.

Mais il s’inscrit toutefois dans cette tradition, dont on retrouve plusieurs codes régulièrement au fil des chansons. Je pense en particulier à deux choses. Tout d’abord au cachet passéiste du genre, dans les situations mais aussi dans les mélodies. Il est quelque part important de ne pas faire moderne pour célébrer des choses aussi éternelles que l’amour ou le cul et Pierre PERRET le sait fort bien, ce qui lui permet de commettre d’autant plus facilement quelques entorses à ce principe. La deuxième chose est la teneur mécréante de ce type de chansons. Comme de juste, une partie de ces textes situent l’action à l’église, on y croise maints drôles paroissiens. On peut aussi parler du vocabulaire toujours précisément sélectionné, employant le plus souvent des mots de haute volée pour parler des plus basses choses.

Au-delà de ces quelques caractéristiques, on peut noter que l’essentiel de ces chansons aurait pu figurer dans ses autres albums, à l’exception de quelques morceaux aux textes plus crus qui avaient besoin du cadre particulier de cet album pour être convenablement entendues. Par exemple "Mon chibre" aurait eu du mal à trouver une place au côté de "Lily". Mais une grivoiserie aussi réussie que "Marie-Lou" n’aurait pas du tout dépareillé. Ni une chanson aussi jolie que "Je ne l’entendais pas", mélancolique et rêveuse, sur des paroles de Guy de Maupassant. D’ailleurs il y a ici quelques autres poètes mis en musique, car le sujet a de tout temps inspiré les plumes.

Le sujet c’est certes le cul, des fois, mais c’est surtout le désir qui est décliné dans de nombreux textes. Parfois fort sage, d’autres fois beaucoup plus fantasmatique. L’album est un recueil plutôt classe de ce genre d’ouvrage, soutenu par des orchestrations assez bien pesées, quoi qu’un peu redondantes à la longue. Beaucoup de guitares sèches ou de piano-voix ainsi qu’un soupçon de cordes. Néanmoins c’est un disque un peu long (la première édition avait dix-sept pistes, les suivantes quatre de plus) et pas toujours très inspiré. Quelques titres dans la dernière partie sont assez poussifs, voire même de trop. En-dehors de ces quelques réserves et de mon attachement personnel moindre, ainsi que je te l’ai expliqué au début, c’est un album honnête. Un exercice de style parfaitement relevé, à peine quelques mois après celui autour de La Fontaine. Qui s’intéresse de près à ce pan culturel éternel sera convaincu.

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1. Marie-lou
2. Ouvre
3. Mon Chibre
4. Les Soeurs Jumelles
5. Je Bande
6. Baisers
7. La Belle Fermière
8. A S'amie
9. Je Ne L'entendais Pas
10. Le Con
11. La Corinne
12. Coucher Avec Elle
13. Qui Veut Voyager Loin...
14. A L'église
15. Sonnet Biblique
16. Solitude
17. Stances
18. Louison
19. Sonnet
20. Ode
21. Épigramme



             



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