Le milieu des années 70 n'a pas été des plus remplis pour Françoise HARDY. Après Entr'acte, la chanteuse n'a en effet pas sorti d'album dans la foulée, se contentant de singles coécrits par Michel BERGER ("Je suis moi") et Jean-Michel JARRE ("Que vas-tu faire ?"). L'éducation de son fils doit également être pour quelque chose dans cette pause, sans compter l'astrologie. Mais quoi qu'il en soit, HARDY n'a pas (encore) arrêté sa carrière, et c'est donc en 1977, année du punk et du disco, que paraît Star, son treizième album studio.

Le temps a passé, et avec lui a changé l'entourage collaboratif de HARDY : de nouveaux venus comme Michel JONASZ, Alain Goldstein et Gabriel Yared, qui s'occupe également des arrangements, succèdent aux Hughes de Curson et autres Brown/Taylor. Du côté de ceux qui ont déjà travaillé avec elle, Catherine LARA répond de nouveau présente, tout comme Serge GAINSBOURG qui apporte une nouvelle contribution (ce sera la dernière).
La première chanson qui se fait remarquer, cependant, est une version française de "Star", écrite et chantée à l'origine par une certaine Janis Ian. Non seulement elle ouvre l'album éponyme mais, de plus, elle dure 7 minutes, rien que ça ! Cela en fait par conséquent la chanson la plus longue jamais chantée par Françoise HARDY. Et fort heureusement, elle n'est pas mauvaise. La musique dépouillée et triste illustre bien des paroles froides et mélancoliques autour du 'métier' de star, évoquant de préférence ses aspects négatifs. La longueur mêlée à la monotonie de la musique peut être mal perçue. Cela dit, c'est plus un élément un peu dérangeant qu'un véritable défaut.

Après ce monument qu'est "Star", on pourrait presque comprendre que le reste de l'album soit moins bon. Il n'en est rien : de manière générale, il contient des chansons qui ne se font battre que sur la longueur. En jouant la carte de la pop à tendance jazz, HARDY prouve bien qu'elle reste une chanteuse et parolière douée, qui sait faire de la bonne chanson française. Évidemment, le ton général au moins très mélancolique fait force de loi ici, et s'impose même comme l'élément nécessaire (mais pas suffisant) pour assurer une bonne qualité. Preuve en est "Enregistrement", sans aucun doute une faible composition de GAINSBOURG malgré des paroles remarquables.

Le meilleur de Star se trouve indubitablement au dernier tiers. Si l'on exclut "Je ne suis que moi", au refrain ampoulé et prétentieux, HARDY transcende les textes et fait honneur aux musiques déjà riches qui sont écrites pour elles. L'exemple le plus frappant, "Drôle de fête", composé par William SHELLLER, le montre sans ambiguïtés. Cette chanson est difficilement résistible, et n'a comme seul défaut que sa longueur, ainsi qu'un léger manque d'ambition. Loin de moi l'idée de voir HARDY et ses comparses étirer ad nauseam les compositions, mais quelques superpositions dramatiques et emphases musicales n'auraient pas forcément été de trop.

Star donne ainsi l'impression de ne pas être mauvais, mais aussi pas assez abouti. Le travail effectué est pourtant à la hauteur, et les mauvaises chansons ne sont pas majoritaires ("Enregistrement", "Flashbacks"). De plus, il était possible de faire mieux, quand on voit comment HARDY a pu bien faire. Mais d'un autre côté, "Star", "Drôle de fête" ou encore "Chanson sur toi et nous" justifient pleinement l'écoute de l'album. C'est dit.