Dès les premières secondes de l’album, dès ces premières notes de piano, on peut le dire sans faille : The Lamb Lies Down on Broadway est un grand cru de GENESIS. Cela, pas grand monde ne le conteste, aussi bien les gardiens du temple de la période Pete Gab’ (ben voyons) que les défenseurs de Phil Collins. Le projet ambitieux d’album-concept, avec son histoire tarabiscotée, ne figure pas dans les annales du genre pour rien. Sans parler de musique transcendée et de musiciens au top de leur forme, The Lamb enchaine les morceaux gorgés de moments de bravoure et portés qui plus est par une production cette fois bien plus moderne que la norme. Rien que le morceau-titre, qui ouvre donc l’album, donne le la, mais à titre personnel, je retiens volontiers le sautillant "Counting our Time", l’halluciné "Fly on a Windshield", le tendre "Cuckoo Cocoon", l’émouvant "The Carpet Crawlers"... pour sûr, en suivant leur chanteur dans son délire, les autres membres de GENESIS se sont appliquées, notamment Tony Banks avec ses claviers éthérés - même si ici, il faut se lever tôt pour éclipser les copains.

Le problème de The Lamb, c’est qu’il est double. Et dure trop longtemps.

Jouxtant les morceaux cités plus haut ainsi que d’autres grands moments, les morceaux poussifs, ennuyeux, voire inutile jonchent The Lamb. Okay, dans un album-concept, il faut savoir respirer, ménager l’auditeur, poser une ambiance... cela justifie-t-il pour autant "Silent Sorrow in Empty Boats", par exemple ? Autre problème quelque peu lié, le déséquilibre dont souffre l’album. Le premier disque est de très loin le meilleur, car enchainant les morceaux au moins intéressants ; pas le second : s’il y existe encore des passages sublimes et bien troussés ("Lilywhite Lily", "The Lights Dies Down on Broadway"), les passages chiants y sont plus prégnants. Et puis cette fin d’album, si piteuse, si peu fidèle à l’image poétique et ambitieuse du tout...

The Lamb Lies Down on Broadway reste quand même une belle aventure, rythmée comme il faut et qui mérite une bonne place dans le panthéon génésien, de même qu’il clôture l’ère Peter Gabriel avec classe. De là à y voir un pilier du groupe voire du rock progressif, bon...