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Mylene FARMER - Avant Que L'ombre... (2005)
Par STEF le 2 Mai 2005          Consultée 16318 fois

Commençons cette chronique par quelques chiffres : 6,6,21,43,1500000.
N’allez pas croire que je sois devenu adepte de la numérologie et que je vais analyser cet album en jaugeant de l’impact mathématique et ésotérique de cette suite de nombre. Tout simplement me permettront-ils de replacer dans son contexte la sortie très attendue du 6ème album de Mylène FARMER. Tiens, un 6 justement... et ceci après 6 années d’absence, de secrets, de mystères, de productions adolescentes douteuses (mais c'est pas sa faute à elle), de duo à succès avec SEAL pour un best-of événement qui s’est déjà écoulé à plus de 1.500.000 exemplaires. C’est devenu une habitude, mais la pression sur cet album est énorme.. que ce soit les fan(atique)s, la major « Univers sale », mais aussi le simple amateur de musique que je suis, touchés il y a quelques années par la voix frêle, l’univers mélancolico-tourmenté et les belles mélodies de la rousse incandescent. On attend tous quelque chose de cet album, de belles émotions ou des $$$ selon les cas.

Passons donc à une tentative d’analyse de l'album, entreprise hautement périlleuse dans le cas de Mylène FARMER.
Lors de sa conférence de presse, elle avait révélé que son nouvel album comprendrait "beaucoup plus de guitares". Cette phrase peut être trompeuse. en effet, on pourrait penser à un retour en arrière, à l’époque d’« anamorphosée », où le côté rock et guitares saturées était très présent. Laurent Boutonnat, son complice de toujours, a déclaré qu'il y aurait "beaucoup d'acoustique et un peu d'électronique". Je lui donne raison, je n’ai pas trouvé profusion de guitare, mais bel et bien "beaucoup d'acoustique et un peu d'électronique" !
6 ans d’absence, c’est long et, à titre personnel, j’ai craint une « madonnisation » de la star française. C’est vrai que c’était dans l’air du temps, ce rapprochement franco-américain, qui aurait signifié pour moi une perte de son univers personnel, à grands coups, pourquoi pas, de beats à la Mirwai (producteur, en charge du son de l'album "Music") qui ont redonné un coup de neuf à la carrière de la material girl. Il n’en est rien et si changement il y a, c’est uniquement en rapport avec le vécu de Mylène ces dernières années. Pour la première fois, on a une impression de sérénité en écoutant ce disque. Alors que les premiers albums de la chanteuse étaient des plus tortueux, la direction "mystique" d'Innamoramento s’est muée en apaisement avec "Avant que l’ombre". Un apaisement qui saute aux oreilles comme ce pont inédit à la clarinette de "Redonne-moi".
Sans doute, le passage de la quarantaine entre ses 2 derniers albums (43 ans au moment où j’écris ces lignes) ainsi qu’une stabilité amoureuse ont contribué à façonner Avant que l'ombre... comme un miroir de la vie de Mylène au moment de son élaboration, comme l’ont été les 5 autres avant lui. La chanteuse s’est tournée vers la lumière, là où quelques-unes de ses égéries, de Frances Farmer à Virginia Woolf sont restées dans l’obscurité et ont eu une issue tragique au même âge. Mais en restant consciente que son heure viendra à travers le magnifique titre d’ouverture "Avant que l’ombre". Ce titre introductif est également une très belle transition vis-à-vis des albums précédents, où le thème de la mort était beaucoup plus présent, ce qui ne sera pas le cas des titres suivants. Une page se tourne donc.

La voix de Mylène y apparaît plus assurée, mise en avant, peu retouchée. Les nombreuses nuances qu’elle y apporte sont une vraie surprise. Mais, elle ne s’est pas pour autant muée en un clone de Céline DION et les signes de fragilité, de fêlures et autres décrochés dans les aigus sont heureusement toujours bel et bien là. Musicalement, il y a beaucoup de cordes (violons, violoncelle, guitares), du piano, du xylophone, des nappes de claviers, un zeste de programmation et des arrangements classieux pour un ensemble très cosy et très soft.
Le hard, il faudra aller le chercher du côté des paroles de titres tels que "Q.I" ou "Porno graphique", qui devraient faire parler d’eux pour leur caractère explicite. D’ailleurs, les sonorités électro choisies comme ossature aux textes audacieux de Mylène (provoc' à 2 balles, diront les détracteurs) sont parfaites, calibrées pour devenir de futurs hits single et live.
En quatorze chansons, la part belle est faite aux ballades, propices à déclencher les plus belles émotions comme "Redonne-moi", "Et pourtant" ou "Tous ces combats". L’alternance choisie ici entre ballades, titres plus rythmés et hymnesques ("Fuck Them All", "Aime", "QI") ou pop classieuse ("Dans les rues de Londres", "L’amour n’est rien") permet à l’album de passer très (trop) vite. En tout cas, il n’ est pas question de trouver un titre réellement faible ni de remplissage, ce qui est en soi une performance pour bon nombre d’artistes, mais monnaie courante dans toute la discographie de M.F.
Parfois, la chanteuse s’essaye à d’autres exercices comme le titre techno ("Peut-être toi") ou le chant en médium sur le bonus caché "Nobody Knows ", qui pimentent un peu un ensemble assuré, sans trop de prise de risque. Une manière de casser l'aspect lisse, aux cotés de "QI" ou "Porno graphique" qu’aurait pu conférer un album uniquement composé de ballades.
Enfin, je voudrais également souligner la présence d’un titre magnifique à la piste 12, "J’attends", calme en apparence, mais dont les montées en puissance majestueuses lors des refrains et le final sous forme de chœurs ethniques semblables à ceux d'Innamoramento laissent présager du meilleur dans son interprétation live.

Si le choix d’un premier single assez incongru et pas vraiment fédérateur "Fuck Them All" (même si je trouve ce titre très bon) a pu donner une fausse image de la direction principale d'Avant que l’ombre..., ce nouvel album empreint de sérénité, s’avère un nouvel incontournable dans la discographie déjà parfaite de Mylène FARMER.
Mon habitude m’empêchant d’attribuer une note maximale à un disque sans qu’il ait subi l'épreuve du temps, Avant que l’ombre... ne décrochera qu’un très prometteur 4/5 qui, pour une fois, vaut bien un 5. Les fans n’ont à mon avis que peu de chance d’être déçus. Quant aux allergiques au style Farmer, il y a peu de chance qu’ils apprécient ce nouvel album. Certaines choses restent immuables en ce monde.

P.S : Quelques-uns ne manqueront pas de signaler l’absence du chiffre 21 dans cette chronique, 21 ans de carrière (soit un autre cap important passé entre les deux derniers albums), 2+1=3 , ce qui signifie en numérologie, un équilibre dans une optique de créativité, d'extériorisation, d'expression et de joie de vivre.. C'est ma foi assez vrai quand on écoute ce disque !

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1. Avant Que L'ombre
2. Fuck Them All
3. Dans Les Rues De Londres
4. Q.i.
5. Redonne-moi
6. Porno Graphique
7. Derrière Les Fenêtres
8. Aime
9. Tous Ces Combats
10. Ange, Parle-moi
11. L'amour N'est Rien
12. J'attends
13. Peut-etre Toi
14. Et Pourtant
15. Nobody Knows (bonus Caché)



             



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