L'indifférence. Voilà ce que m'a inspiré le 11ème album de Mylène FARMER. Et je n'ai pas envie de m'étendre dessus. Mais alors, vraiment pas. C'est juste pas possible. Ok, on a bien intégré depuis le temps que le dernier grand album de FARMER, c'était Innamoramento (1999), on s'y est fait. On sait aussi que depuis, en dehors de Avant que l'ombre (2005) et Interstellaires (2015), les albums de la rousse fermière sont d'écriture et de composition médiocres, personne ne pourra le nier à moins d'être un fan – et je le rappelle, un fan, c'est con. Cependant, durant ma découverte de la discographie de Mylène FARMER, j'ai été déçu, ennuyé, horrifié même avec Monkey Me (2012), mais jamais un album ne m'avait laissé indifférent. Aucun album, jusqu'à Désobéissance.

Désobéissance a été annoncé en quelque sorte comme un tournant chez FARMER. En effet, la chanteuse a quitté Polydor, la maison de disques avec laquelle elle roulait sa bosse depuis plus de trente ans. Pourquoi ? Je n'en sais rien et je m'en fiche. Par contre, ce qui est plus intéressant, c'est de voir avec qui elle décide de travailler sur son 11ème album. Tout comme pour Bleu Noir (2010), ils sont plusieurs mais un nom ressort plus que les autres, à savoir Feder, un D.J.français dontc'est apparemment la première œuvre majeure, afin de déboucher sur une électro-pop bien moderne. Pourquoi pas ? Après tout, des merveilles peuvent sortir de chez des néophytes, c'est déjà arrivé. Mais là, ça n'est clairement pas le cas. Les compositions plates et convenues manquent d'âme et de passion.

Mais le plus grave, c'est que les chansons, en fait, ne sonnent en rien comme du Mylène FARMER. Même dans ses pires moments, on pouvait dire « c'est du mauvais Farmer ». Ici, quand on écoute par exemple "Rolling Stone" ou bien "N'oublie pas" (en duo avec une certaine L.P), on se dit peut-être que c'est médiocre (si on se dit quelque chose), mais surtout que ça aurait pu être chanté par n'importe qui. Exactement comme pour tant de productions de D.J. des années 2000, avec le lot d'interprètes interchangeables qui va avec. En fait, là où FARMER parvient à faire du FARMER et pas seulement dans le texte, c'est sur les compositions de Leon Deutschmann ("Désobéissance", "Parler d'avenir" et "Retenir l'eau"). Ce n'est pas flamboyant, mais le résultat se laisse écouter et possède surtout une identité fermière manifeste ; et en guise de circonstance atténuante, Deutschmann n'a que 21 ans à la sortie de l'album, et pour ce qu'il fait, c'est déjà pas mal.

Ce n'est toutefois pas suffisant pour sauver tout l'album. Et à l'heure où j'écris ces lignes, je sais déjà que je n'écouterai plus Désobéissance avant très longtemps dans le cadre d'une rétrospective Mylène FARMER tellement il me paraît tiède. La preuve ? J'écoute alors tout à fait autre chose. Et c'est triste. Car à la rentrée 2018, j'espérais secrètement un nouvel opus convenable de FARMER, surtout après la bonne surprise que constituait Interstellaires. Raté : je prends mon pied comme c'est pas permis avec The PIROUETTES, ANGÈLE, alors que la vilaine fermière est devenue aussi marquante qu'un pot de fleurs. Et tout le monde s'en fout – et par tout le monde, j'exclus les fans qui sont de toutes façons des causes perdues, à gonfler les chiffres de ventes et à faire croire que la sortie d'un nouveau Mylène FARMER est un événement.

Je n'espère même pas que le prochain album – et il y en aura un – sera meilleur. Car FARMER est arrivée depuis longtemps au stade du « too big to fail », si puissante commercialement parlant qu'elle n'a à prendre aucun risque sur le plan musical ou tenter de renouveler de manière pertinente son œuvre. Si c'est pour boire de la soupe qui ne provoque rien, j'arrête les frais.

Au revoir Mylène.