C’est drôle comme cet album marque une franche ligne de démarcation entre les 'die hard fans' de KISS, ceux de la première heure, attachés à la facette la plus rock’n’roll et bêtes de scène du groupe, et les autres plus ouverts sur tout ce que les Américains peuvent proposer.

Comme j’adore cet album, je fais indéniablement partie de la seconde catégorie, pas plus fan que ça du KISS festif et glam, mais très intéressé par le talent du duo Stanley-Simmons, voyant en eux un sacré tandem d’interprètes et compositeurs. Et leur art s’exprime de mon point de vue aussi bien dans un contexte mainstream (type "Dynasty") que totalement heavy (j’adore "Creatures of the Night"), dans le Kiss Unplugged qui met en valeur la qualité des compositions de nos compères ou dans une version plus ambitieuse et progressive, comme c’est le cas de Music From the Elder.
Pour en revenir au disque, je le trouve fantastique du début à la fin, non pas que je sois particulièrement intéressé par cette histoire de chevalerie intergalactique, mais parce que la musique est totalement réussie et prenante et que l’ensemble est parfaitement varié et agencé pour nous captiver et réserver son lot de surprises tout au long des 11 titres de l’opus.
Inutile de détailler tous les morceaux, c’est précisément la globalité de l’œuvre qui m’intéresse, les enchaînements, la diversité des climats, les surprises et, bien entendu, la parfaite production de Bob Erzin qui n’en est pas à son coup d’essai. Je pense par ailleurs que, malgré la dimension progressive, voire parfois symphonique, de l’ensemble, KISS est loin d’y laisser son âme; il est impossible de composer une telle musique sans y croire pleinement et y mettre tout son talent et son cœur.

On connaît l’histoire, cet album sera majoritairement rejeté par les fans de la première heure et considéré dès lors comme une tâche dans l’abondante discographie de KISS. Mais je soupçonne fortement Gene et Paul de continuer à l’aimer secrètement; ils ont d’ailleurs exhumé le superbe "A World Without Heroes" sur le non moins réussi Kiss Unplugged.
Pour ma part, ce n’est pas loin d’être mon préféré, je ne dois pas être un vrai fan de KISS.