1970 est une sale année pour Dylan toujours plus ou moins retiré du monde. Il a sorti en juin Self Portrait, un double LP, devenu célèbre pour la critique de Geil Marcus dans le Rolling Stone US « What is this shit ? ». Quasiment tout le monde lui tombe dessus, et même s’il dit s’en moquer complètement, il se dépêche néanmoins de sortir un autre album cinq mois plus tard.
Du coup, les fans qui hurlaient « Rendez-nous le vrai Dylan " à la sortie de Self Portrait crient maintenant « On nous a rendu Dylan » !

Sauf que c’est bien une seule et unique personne.
Et New Morning, contrairement à son titre qui peut laisser espérer une nouvelle ère, est surtout une copie pas vraiment réussie des albums précédents comme John Wesley Harding. Toutefois, l’auditeur qui vient de subir Self Portrait devient fatalement moins exigeant. Nous savons maintenant que certaines chansons de New Morning ("Went to See the Gypsy", "Time Passs Lentement" et "If Not For You") sont issues des sessions de Self Portrait, et d’autres sont enregistrées au Columbia Studio Building à New York, à compter du 1er mai 1970, avant la mise en vente de Self Portrait.
A la première de ses séances, on retrouve George Harrison, Charlie Daniels et le batteur Russ Kunkel, mais aucune chanson n’est retenue.
Un grand nombre de covers et d'anciennes compositions ont été enregistrées en complément de plusieurs nouvelles compositions. Les chansons ont toutes été rejetées, bien que "Working on a Guru" et des versions alternatives de " Time Passes Slowly" et "If Not For You" aient été publiées plus tard.

Puis, après avoir travaillé à une pièce musicale "Father of Night", avant de se fâcher avec le producteur et de se retirer du projet, DYLAN retourne en studio pendant le mois de juin et retrouve Al Kooper qui ressort complètement lessivé des sessions tant DYLAN est tatillon (heu, il avait quand même un peu l’habitude non ?).

L’album démarre avec "If Not for You", qui figure également sur All Things Must Pass de George HARRISON, sorti quelques mois plus tard. Une petite chanson d’amour qui, en effet, convient mieux mieux à l’univers de Beatle George qu’à DYLAN. Olivia Newton-John la reprendra sur son premier album en 1971.
Après, on continue de s’enfoncer dans les méandres dylaniens et aucune des chansons n’est devenue un classique, pire elles sont oubliées, jamais jouées en concert par le Zim himself (à l’exception peut-être de « Sign on the Window”).

En cherchant bien, on pourra sauver “If Dogs Run Free” où l’écriture de DYLAN s’approche des poètes beat qu’il a toujours adorés et aussi « New Morning ».
Autrement? " Winterlude " ou " Three Angels » sont indignes du talent de Bob et on ne comprend pas l’intérêt de sortir de telles bouses surtout sur un « album de reconquête de son public ».

Bizarrement, l’album sera numéro 1 dans les charts anglais, mais fait un bide ailleurs.
A noter que sur Another Self Portrait : The Bootleg Series Vol. 10 sorti en 2013, on trouve des versions alternatives de plusieurs titres (cf chronique sur le site) dont certaines supérieures à celles de l’album.