Notre Bobby a mis les petits plats dans les grands pour le volume XV des Bootleg Sessions où est documentée la période Nashville, avec les John Wesley Harding sessions et surtout les enregistrements avec Johnny CASH qui sont restés, pour beaucoup, inédits et autant protégés que Fort Knox.

L’accident de moto de juillet a mis un temps d’arrêt à la folle course de DYLAN qui, pour la première fois depuis le début de son succès, est immobilisé, ce qui l’amène à réfléchir à la suite de sa vie et à ses choix de carrière.
Et comme le gaillard est toujours là où on ne l’attend pas, il part pour Nashville, la capitale de la country et en gros de cette industrie musicale qu’il déteste, pour enregistrer dans la dernière partie de 1967 John Wesley Harding avec une poignée de musiciens de session.

L'album marque une profonde rupture avec ceux publiés en 1965 et 1966, Bringing It All Back Home, Highway 61 Revisited et Blonde and Blonde.
Changement radical, déjà dans la voix, plus décontractée (soi-disant depuis qu’il a arrêté de fumer) ainsi que dans les prises où notre Zim semble détendu, bien éloigné de l’ambiance anxiogène qui préside à « Like a Rolling Stone ».
Mais, soyons juste, l’intérêt de ce coffret se concentre sur les CD 2 et 3 avec Johnny CASH. Ne pas oublier qu’à l’époque The Man In Black est une énorme star ayant son émission de TV et se produisant partout, jusque dans les prisons, véhiculant une image réelle de vrai rebelle très éloigné des postures Dylaniennes.
Et quelle voix ! Posée, grave, puissante, toujours juste, on est loin de celle nasillarde de DYLAN qui d’ailleurs massacre allègrement « Ring of Fire ».
Et c’est un véritable régal de voir que CASH prend toujours le leader ship dans les vieux classiques country, "Mountain Dew", ou « Amen » sur ses chansons bien sûr et sur celles de DYLAN "One Too Many Mornings", "Wanted Man", allant jusqu’à l’éclipser sur "Girl From the North Country". Carl Perkins, une autre légende, vient faire un tour dans le studio, histoire de voir de près le petit phénomène bizarre.

On le sait, cette expérience fut de courte durée, une habitude chez DYLAN qui saute du coq à l’âne, mais en écoutant ces chansons on se dit que le Zim a loupé quelque chose, en ne retenant quasiment rien de ses sessions excepté "Girl From the North Country".
Peut-être que l’égo Dylanien a morflé en écoutant ce que Johnny pouvait faire avec ses paroles, peut-être aussi tout simplement qu’il s’en fout éperdument, mais la vraie vedette de ce coffret c’est de toute évidence Johnny CASH, lui qui se promène sur « I Walk the Line » pendant que petit Bob semble vraiment avoir beaucoup de difficultés à suivre le tempo.