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Bob DYLAN - Bob Dylan (1962)
Par ERWIN le 12 Décembre 2011          Consultée 8374 fois

Nous sommes en 1962, le rock'n'roll des grands créateurs comme PRESLEY ou COCHRAN est déjà âgé de huit ans. Peu à peu les influences vont l'assaillir de toutes parts : les Britanniques vont lui apposer un rude traitement blues alors que les Yankees vont politiser leur musique et en faire le temple des revendications sociales. C'est dans ce contexte que s'éclot le talent des premiers contestataires, en l'occurrence Joan BAEZ et Robert ZIMMERMANN, plus connu sous le pseudonyme de Bob DYLAN. Cet album éponyme, son premier, signe le début du chantier du revival folk.

L’album s’ouvre sur une petite chansonnette, "You’re no good", au ton folky de l’insouciance. L'auteur interprète est bien jeune, et cela se ressent. La suite est à l’avenant : on sent plus une rébellion de forme qu’une réelle implication du chanteur. Il est direct, ne se prend pas la tête. Son chant est rugueux et rapide, avec une intonation finalement proche des grands chanteurs country, on perçoit l'influence des grands anciens comme Johnny CASH ou Conway TWITTY. On ressent aussi toute l’admiration pour son père spirituel Woody GUTHRIE. Mais admiration n'est pas rébellion : "So long New York" et un harmonica sautillant sont les aspects les plus révoltés de ce début d’album. On aborde les choses sérieuses avec "In my time of dying", une funèbre ode aux accents du Sud, et une guitare que Robert JOHNSON n’aurait pas renié. Bien que du Minnesota, DYLAN sonne ici comme un vrai natif du Mississipi. La voix n’est pas encore placée. Confusément, on devine qu’il souhaite choquer plus que se faire apprécier. Le pari n’est pas encore gagné, la démarche est incertaine, voire maladroite. Malgré ses intonations plaintives, "Man of constant sorrow" se rapproche plus de la recette qu’il appliquera bientôt. La guitare y devient un réel complément.

En termes de compositions originales, ce premier essai se révèle bien pâlichon, puisque seules deux chansons de DYLAN apparaissent : le poète se cache derrière l’interprète ; il fait déjà preuve de modestie et refuse de se livrer, si ce n’est sur l’émouvante "Song for Guthrie", ode dédiée à son papa de cœur. Sa voix chevrote, déraille même sur le complexe "Fixin to die", mais cette version brute séduit en dépit de ses défauts. Sa version du "Highway 61 blues" est, elle, plus personnelle, DYLAN utilise sur ce vieux standard les trémolos de son maître à penser. Rythme sympa, assez rock… Vous avez dit visionnaire ? 2500 copies de l’album s’écoulent aux Etats-Unis, score décevant mais finalement suffisant vu le faible coût d’enregistrement de la bête : DYLAN, sa guitare et son harmonica, un micro, un ingénieur du son… Le folk fruste de DYLAN le sauve là où un groupe de rock aurait vu son contrat déchiré.

Et puis, il y a "Baby let me follow you down", plus amusante, avec des accents résolument modernes, que l’on retrouvera trente ans plus tard sous la plume d’un Tom PETTY. Une mention spéciale pour cette petite complainte toute en nuance, la meilleure de l’album. Comment décrire sa vision de "House of the rising sun", l’une des plus belles chansons traditionnelles américaines ? Elle restera méconnue du grand public qui lui préfère les versions de son amie Joan BAEZ et surtout le rock musclé des ANIMALS, celle-là même qui passera à la postérité. Elle est pourtant sublime de conviction, la douleur émaille les couplets, on devine le troubadour céleste les yeux fermés serrant fermement sa guitare, vision superbe et émouvante. A redécouvrir impérativement ! Passer à coté d’un tel chef-d’œuvre serait vraiment dommage pour tout amateur de musique. On redescend sur terre avec l’entraînante "Freight train blues", prélude à son hommage à GUTHRIE et poignante description de son admiration pour le grand auteur compositeur, qu’il a rencontré à l’hôpital peu de temps avant son décès de la maladie de Huntington.

C’est un coup d’essai, pas un coup de maître, certes… Mais le destin se joue sur quelques coups de dés, et puis.... il croit en sa bonne étoile.

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   ERWIN

 
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   (2 chroniques)



- Bob Dylan (chant, guitare, harmonica)


1. You're No Good
2. Talkin' New York
3. In My Time Of Dying
4. Man Of Constant Sorrow
5. Fixin' To Die
6. Pretty Peggy-o
7. Highway 51 Blues
8. Gospel Plow
9. Baby, Let Me Follow You Down
10. House Of The Rising Sun
11. Freight Train Blues
12. Song To Woody
13. See That My Grave Is Kept Clean



             



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