The Bootleg Series Episode 13... On ne rigole plus... Cette série destinée à compléter la carrière de Mister Bob DYLAN a édité de sacrés bons concerts, délivré des inédits superbes, cherchant parfois à réhabiliter des périodes décriées de la carrière du gars. Et là, on cogne très fort avec carrément une version allégée sample d’un CD, un double live, et, cerise sur le gâteau, une version complète de huit CD et un DVD. Quand on dira que les enregistrements choisis concernent la période « chrétienne » en gros de 1979 à 1981, on nous pardonnera peut-être de n'évoquer ici que la version deux CD. En effet, beaucoup n’ont pas vraiment apprécié ces trois années où le Zim se transforme en prêcheur chrétien.

Les deux disques documentent une période de 24 mois couvrant 19 villes et on remarque qu’on n’y retrouve aucune des grandes chansons du DYLAN des sixties ou des seventies. D’ailleurs, il annonce clairement la couleur : "C'est peut-être le diable, ou peut-être le Seigneur, mais tu vas devoir servir quelqu'un.". Alors, il décline les chansons de cette fameuse trilogie Slow Train Coming, Saved, Shot of Love et à compter de novembre 1979, quelques mois après la sortie de Slow Train Coming le 20 août, il joue exclusivement de la musique gospel sur scène. Ce n’est qu’en mai 1980 qu’il consent, sous la double pression des promoteurs et du public, à reprendre des " chansons laïques."

DYLAN s’entoure d’un sacré bon groupe, Spooner Oldham aux claviers, Fred Tackett à la guitare, Jim Keltner à la batterie, Tim Drummond à la basse, et les chanteurs Regina McCrary, Mona Lisa Young et Helena Springs, Clydie King, Regina Peebles, et Carolyn Dennis, et propose un spectacle quasiment aux antipodes de celui de la Rolling Thunder Revue. Et la liturgie peut commencer, DYLAN se transforme en prédicateur, et ses mots contrastent avec ceux de ses chansons précédentes. Lui le chantre de la poésie impressionniste qui donnait plusieurs interprétations possibles à ses poèmes, se contente de délivrer des messages inspirés directement des versets de la Bible, propulsé par un tempo gospel d’enfer (sans mauvais jeu de mots).

Rappelons que la chanson "Gotta Serve Somebody" a été son plus gros succès depuis "Hurricane" (1975) et son premier top 25 depuis "Knockin 'on Heaven's Door" (1973) ! Et la version du 27/06/1981 sur le disque deux dégage une puissance qui se transforme quasiment en transes avec les cris du gospel. On sait que DYLAN, quand il s’engage dans une direction, le fait toujours avec ferveur voire avec excès, et pour un non érudit de la Bible l’écoute des deux CD peut devenir redoutable. Même si on peut trouver de belles surprises comme ‘Ain't No Man Righteous, No Not One”, un inédit qui débute à la guitare avant de dériver verr un groove reggae.

Et comme à chaque étape de sa longue carrière, DYLAN arrange et réarrange ses chansons, ne cherchant jamais à reproduire la version du disque. Trente-cinq ans plus tard, avec le recul, que reste-il de cette période ? Une musique forte, puissante, originale qui mélange la puissance du rock et la force presque mystique du gospel, mais aussi un long prêche souvent fatigant, mal adapté à la musique, qui dessert plus qu’il ne sert les intentions dylanesques.