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FOLK  |  STUDIO

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Bob DYLAN - Bringing It All Back Home (1965)
Par ERWIN le 3 Mai 2010          Consultée 18690 fois

Nous sommes en 1964, Robert Zimmermann est désormais l'idole d'une génération, une génération rebelle et revendicatrice, avide de découvertes, symbole de ces années 60 qui verront pour la première fois la jeunesse prendre parti contre les pouvoirs en place. Bob a bien du mal à trouver sa voie, entre devenir le héraut de cette génération, ou prendre un profil bas, comme le précédent et décevant opus pouvait le laisser croire... Ce ne sera ni l'un ni l'autre, Bob va trouver dans la musique son unique raison d'être, sa pierre sera de taille, aussi va-t-il commencer à la polir.

C'est dans ce contexte qu'il accouche de son cinquième album.

Cet album contient, comme à l’accoutumée si l’on excepte le précédent, un des indémodables standards du troubadour : « Mr Tambourine Man », la bien nommée, est à l’inverse de ses autres classiques, une chanson gaie et finalement insouciante. Il est de bonne humeur, cela se ressent. Le titre provient des sessions d'Another Side, et après tout, elle se fond mieux dans le décor assez chatoyant de ce Dylan un poil 'bourge' que dans le tristement vide dévoilant « son autre facette ». Inutile d’en pondre des tonnes sur cette ode au tambour, reprise en particulier par les Byrds qui en feront un number one aux States.

Cet album, à la croisée des destins de Bob Dylan, nous présente les différents aspects qui vont désormais nourrir les ambitions du poète : un aspect folk de tradition, où les mannes des ancêtres sont respectées, et un nouvel aspect très bluesy, bien entendu, nous ne parlons pas là de blues très foncé, mais "à la Dylan", des rythmiques frustres et simples, et le chant du corbeau qui égrène des pans de vie noirâtres. On nage dans l’influence des grands écrivains américains du XXème : il y a du Erskine Caldwell et du William Faulkner là-dessous, avec tout le désespoir que cela sous-entend.

Ensuite, comme issus d’une union consanguine, on trouve des morceaux plus pop, pas réellement folk, encore moins blues.

Mais honneur à la tradition : « It’s Alright, Ma » narre encore et toujours les difficultés de la vie, mais le ton presque acerbe de Dylan, ajouté à la force, la lancinance de la guitare en font une dynamique représentation de son état d’esprit. En gros "me cassez pas les couilles !", tout en s’adressant à sa mère (!), quel plus bel exemple de rebellion… Sans doute le morceau de bravoure de l’album, un poil réminiscent de « Masters of War », ce qui n’est pas si étonnant puisqu’elle fut composée en compagnie de son égérie Joan Baez.

Le classique « Maggie’s Farm » ne parvient toujours pas à attirer mon attention, à l’inverse de la countrysante « She Belongs to Me », à la petite Telecaster cristalline. Il déclame « It’s All Over Now Baby Blue » à la manière d’un Mark Knopfler quelque 20 ans plus tard.

Mais le grand morceau réellement folk de l’album est « Gates of Eden », très sympa, avec un chanteur qui ne se contente plus de chuchotter ses textes dans sa barbe. A retenir le superbe refrain, qui marque au fer rouge la mémoire de celui qui l’entend pour la première fois.

Et une facette Blues, étonnante mais évidente. Avec le très électrique blues « Outlaw Blues », on entre de plain pied dans l’ère pré-rock, la rythmique est appuyée et lourde, tous les instruments à l’unisson, dans un effort simpliste mais agressif. Dans la continuité, « On The Road Again » est très réussie, encore un blues rentre-dedans, très raw, l’harmonica sautillant rapproche encore davantage cette performance d’un futur grand standard du blues rock : « Peter Gunn ».

Enfin cet aspect résolumment innovateur. Du pop-rock ? « Subterranean Homesick Blues » titre agréable, mais sans génie, Dylan enchaine sur un ensemble plus pop, malgré la présence de l’harmonica, la guitare légèrement saturée annonce le grand changement à venir l’année suivante. D’aucuns pourraient voir dans ce morceau enjoué l’influence de la scène british, il y a du Stones ou du Animals la dessous. Les arrangements se font assez sophistiqués.

Le ton général de l’album se confirme avec « Love Minus Zero », plus léger, où la voix devient presque charmeuse. Son « 115th Dream » arbore un ton que l’on retrouvera dorénavant sur chaque album de Bobby. Ce mélange blues et folk ne devrait-il pas se nommer rock, assorti d’un chant lascif et détaché ? Sa voix n’a jamais été meilleure, son chant est clair, compréhensible. Cettte chanson loufoque dépeint les aventures du Capitaine Arab, marin découvreur d’une autre Amérique, qui se fait arrêter pour port d’arme dans la ville, une situation grotesque qui va devenir le principal fond de commerce de Dylan, véritable humoriste sous substances hallucinogènes.

L’air du temps est au changement, le ptit brun au look de volatile charognard l’a bien compris, et il amorce un virage qui va le conduire à l’album de l’autoroute. La révolution du rock est en marche. Bob Dylan, s’il ne marche plus à grands pas sur la route 66, est prêt à embrayer la vitesse supérieure de l’engin plus rock’n’roll qu’il a choisi de monter sur la voie rapide de la modernité.

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   ERWIN

 
   MR. AMEFORGEE

 
   (2 chroniques)



- Bob Dylan (chant, guitare, harmonica, claviers)
- John Hammond Jr. (guitare)
- Kenny Rankin (guitare)
- Al Gorgoni (guitare)
- J. Bruce Langhorne (guitare)
- Paul Griffin (piano, claviers)
- Frank Owens (piano)
- John Sebastian (basse)
- John Boone (basse)
- Will Lee (basse)
- William E. Lee (basse)
- Joe Macho (basse)
- Sebastian (basse)
- Joseph Macho (basse)
- Bobby Gregg (batterie)


1. Subterranean Homesick Blues
2. She Belongs To Me
3. Maggie's Farm
4. Love Minus Zero/no Limit
5. Outlaw Blues
6. On The Road Again
7. Bob Dylan's 115th Dream
8. Mr. Tambourine Man
9. Gates Of Eden
10. It's Alright, Ma (i'm Only Bleeding)
11. It's All Over Now, Baby Blue



             



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