Il était tz'une foâ, dans une grâââânde forâït, un n'enfant caribou qui s'appelait Couillu. Ses parânts l'avaient appelé aint'si, car il avait les profiterôlles qui traînaient dans la glace.

Vous devez vous dire que citer Laurent Gerra pour parler de Céline DION, c'est un peu facile, que la dame québécoise va au-delà de ces parodies grossières. Maintenant, imaginez une seule seconde que Couillu le Caribou ne soit * PAS * une parodie. Que ça existe vraiment, peu ou prou. Que oui, Céline DION ait réellement enregistré un disque de contes de Noël. Avec l'accênt d'z'Québec, t'sais lô ?! Horreur, putréfaction et échéancier d'impôts fonciers ! Maintenant, asseyez-vous et respirez un grand coup : c'est presque vrai.

Sorti deux ans après son premier E.P. de Noël, ce disque peu connu est une curiosité mercantile assez traumatisante. Il s'agit pour tiers d'une ressortie de quelques titres de 1981, second tiers de chansons inédites, et troisième tiers de trois sketches de Noël, un peu à la façon de l'excellente collection Raconte-Moi Des Histoires, mais avec, hem, Céline DION à 15 ans et l'accent à couper au burin à la place d'Evelyne Grandjean et Patrick Préjean. On va rapidement passer sur ces titres, car ce n'est pas génial, ce n'est pas le métier de Céline, c'est en plus "de Noël" donc d'une cuculprâlinerie abominable ("le don de soi est le plus important", "l'amour est partout dans le monde le jour de Noël (NDLR : VERSTANDEN ?!?)", et le plus croquignolet : "les plus beaux cadeaux sont ceux que l'on ne peut pas emballer". C'est vrai, en plus. Je l'ai dit à ma femme : ma Lotus Esprit 1977 blanc metallisé, ne t'embête pas avec le scotch).

Bref, c'est cousu de fil blanc, bien pompeux, pas franchement bien écrit et illustré par une musique passe-partout au possible, nonobstant de magnifiques 12-cordes hivernales très Anthony PHILLIPS. A la rigueur, le meilleur des trois est "Céline et Pinotte" où notre adolescente est accompagnée d'une marionnette québécoise donc. Pô compris un mot, jeune droguê. C'est ça qui est drôle ! Pour les chansons déjà incluses dans la version 81, je ne sais que dire sinon que c'est pas mal fainéant, que le dernier titre de 83 est le premier titre de 81 (vous suivez ? (NDLR : Non car contrairement à toi on a une paire)), donc que ça boucle la boucle, et que, attention grosse rigolade, le titre "Joyeux Noël" n'est pas la chanson du même nom de 1981 ! (Elle est d'ailleurs pas trop mal, si l'on excepte un solo de Moog d'un cheap à faire passer Keith EMERSON pour VANGELIS).

Les deux autres chansons inédites, pour être franc, sont ce qu'il y a de mieux. "Un Enfant" est glucosé tel un chou au caramel, mais les plus sensibles d'entre vous seront réceptifs à ce pont mélangeant grosse chorale gospel et solo de guitare AOR, dans la plus pure tradition charcuterie-confiserie. Le meilleur morceau cependant est aussi le plus incongru : "A Quatre Pas d'Ici" est un excellent petit tube rempli d'arrangements très modernes pour l'époque et d'un refrain irrésistible. Dommage que la chanson n'atteigne pas les cimes espérées, se 'contentant' d'être bonne.

Dommage aussi que ce titre ne fasse pas Noël du tout, mais alors pas un instant. Cela condamne cet E.P. au rang de bête curieuse. Pas forcément bien fagoté, mercantile à un point pas permis, il n'est pourtant pas désagréable puisque les chansons sont relativement réussies. Mais les vingt minutes de narration en mode Câlice de Christ sont une épreuve à passer au même titre que le service militaire, le bac ou la visite chez le dentiste. Mais bon, comme dirait Ellis : "Merde c'est Noël quoi !" C'est l'heure des cadeaux, de la joie et de la naissance de Jésus, le fils de Dieu. Enfin ça, c'est hypothétique, pas sûr qu'ils existent, ces deux olibrius. Ou alors ils passent leur temps à fumer des pétards et à jouer au babyfoot. Ou bien ils jouent un jeu cruel avec l'humanité.

Parce que 15 ans plus tard, ta ta tsiiiinnn, Céline sortira un TROISIEME disque de Noël.