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Céline DION - Miracle (2004)
Par BAKER le 6 Mai 2019          Consultée 971 fois

Il y a des albums comme ça, on abdique, on capitule. Le métier de chroniqueur requiert une certaine discipline, une volonté de fer, du talent à revendre, une plume délicate et surtout beaucoup, beaucoup d'humilité. Meuh si. Faux-culs va. Nous zôtres kronikeurs, on est les meilleurs, on sait tout, on voit tout, on entend tout. Juste, de temps en temps, une ou deux fois par an, on se réserve le droit de passer rapidement sur un album parce qu'il est proprement insondable. Ce n'est pas faute d'essayer. Ce n'est pas non plus - c'est là diablerie - la faute de l'album qui se voudrait accessible, et d'ailleurs dans le cas qui nous inquiète TRES accessible, et pire : ciblé. Sauf qu'une cible, ça se rate.

Or, Miracle de Céline DION n'en sera pas un. Mais pas non plus un ratage absolu. C'est là qu'est l'os. C'est un album joli, très soigné, tendre, doux, soyeux, où Céline DION dévore des nouveaux-nés mais bon, ne pensons pas à mal : Miracle est un album concept sur la petite enfance, et un disque de berceuses. Et voilà pourquoi en parler est si difficile : le disque est épouvantablement, atrocement, sidéralement chiant. * MAIS * c'est le concept. Est-ce qu'il endort les bambins ? Oui. Le hic : les parents aussi. C'est le premier problème insolvable. Le second : les arrangements. Ils sont magnifiques. Vraiment, la plupart des titres sont impeccablement exécutés. On ne peut décemment pas dire de mal de "A Mother's Prayer" (déjà connue en duo avec Andrea BOCCELLI), "Come to Me" ou l'exceptionnel pont de "My Precious". C'est splendide. Mais pendant les trois premiers quarts du disque, il n'y a aucune dynamique. AUCUNE. Il ne se passe RIEN. Regardez la reprise de "What a Wonderful World" : on s'ennuie dès la PREMIERE note. Je vous jure que c'est vrai.

Il y a de très belles choses pourtant. "Miracle" débute l'album avec une berceuse tiptop, mélodique et avec un côté émerveillé ; "In Some Small Way" le termine avec beaucoup de charme et un sentiment de fin d'oeuvre très présent. Pas aussi adorable que l'original, "Le loup la biche..." présente cependant une version assez détachée, presque second degré, qui lui va très bien et lui ouvre un potentiel nouveau public. Et puis "The First Time", lent, asthmatique, neurasthénique, possède un avantage : votre petite amie vous surnomme Flash ? Faites l'amour sur cette chanson. Vous aurez l'impression d'être un mash-up entre Doc Brown, Dr Who et le retourdelasouspréfettttttttttttttttttte... C'est si lent que même le batteur hésite à taper, il doit demander la permission au juge, un peu comme Deen Castronovo (NDLR : Rhoooooo).

Voilà, l'album ne facilite rien en étant tout à la fois très joli, très soigné, et terriblement anémique. Même au niveau purement technique, ça coince : le disque, visiblement plus concerné par les sessions photos avec Anne Geddes, recycle pas mal de faces B et choses enregistrées ça et là pour coller au concept. Bien : oui, ça colle. Pas bien : ben ça colle. Ca glue aux métacarpiens même. Céline va jusqu'à réutiliser "Brahm's Lullaby", qui s'insère moyennement dans le concept, mais sans penser à mal : ceux qui n'avaient pas le disque de Noel rattraperont.

En revanche, l'ultime affront au bon goût : QUI a eu l'idée brillante et visionnaire de coller "Je lui dirai" sur la VF de l'album ?!? Non mais c'est vrai : une chanson techno-pop-prog-celtique bourrine, seule parmi 12 (!) berceuses, c'était clairement l'ajout indispensable et pas du tout hors-sujet. Surtout que c'est un copier-coller d'un titre sorti l'année d'avant sur un autre album : un procédé tout à fait honnête dont Céline DION n'est pas du tout coutumière, sur son album précédent compris.

Donc voilà, ça fait le deuxième, signe de décadence imminente. L'album est beau. Il est droit dans ses bottes (sauf en version française. C'est ça, l'exception culturelle française). Il fait ce pour quoi il est payé : émerveiller les mères de famille avec des photos de nourrissons plus maquillés que la Citroën à suspension volée d'une prostituée de Montorgueil, et assomm.. pardon, endormir paisiblement leur progéniture. Et leurs mères. Et leurs pères. Et leurs frères et les soeurs, woh oh. Et l'album est pourtant magnifique. Et il s'est banané au top 50 ce qui est un signe. Et je ne peux pas en dire du mal. Et merde, débrouillez-vous : sincèrement, rien que la pochette, et ce dès l'époque, alors que votre cher Baker n'avait que 12 ans, vous saviez à quoi vous attendre.

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   BAKER

 
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- Céline Dion (chant, choeurs)
- Dean Parks (guitare)
- David Foster (claviers)
- Jochem Van Der Saag (claviers, prog)
- Rafael Padilla (percussions)
- Richard Page (choeurs)
- William Ross (arrangement orchestre)


1. Miracle
2. Brahm's Lullaby
3. If I Could
4. Sleep Tight
5. What A Wonderful World
6. My Precious One
7. A Mother's Prayer
8. The First Time I Ever Saw Your Face
9. Baby Close Your Eyes
10. Come To Me
11. Le Loup, La Biche Et Le Chevalier
12. Je Lui Dirai *
13. Beautiful Boy
14. In Some Small Way
- * = Sur L'édition Française Uniquement



             



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