Il y a quelques années, j'ai composé une chanson intitulée "Hell On Earth". C'était un mélange de heavy metal et de gospel qui disait en gros : quand on a connu sur Terre les pires atrocités existantes, aller en Enfer serait finalement un soulagement. Ce n'était qu'une simple chanson, rien de plus. Et puis un jour, après avoir pris une flèche dans le genou, je suis devenu critique musical. Et j'ai découvert cet album. Et sa pochette.

L'horreur. L'horreur.

Bon, il faut être honnête : passée la pochette qui est vraiment une des plus repoussantes de l'histoire du disque (ce n'est pas une question de physique, hein), cet E.P se montre finalement plus écoutable que le premier vrai disque de S'line. Curieux car les deux ont été enregistrés en même temps. Mais il faut se rappeler que nous sommes au Québec, sur le continent nord-américain ; et là-bas, les disques de Noël, c'est sacré. Il faut des pétatonnes de glucose tiédasse sur chaque chanson, et c'est exactement ce que vous trouverez ici. Du coup, elle a beau s'époumoner, Céline ne passe pas toujours par-dessus les orchestrations fumeuses ; et comme la majorité des chansons sont plutôt optimistes, on se surprend à écouter l'album sans trop grincer des dents.

Pas trop, un peu quand même : la reprise de "Petit Papa Noël" est sacrément ratée rythmiquement, et foulée aux pieds par des choeurs de... lutins ? Vous appelez ça des lutins, vous ? GIZMO CACA ! (sans compter que Céline à 13 ans qui chante son désir qu'un homme avec un peu d'embonpoint et un collier de barbe blanche vienne pénétrer sa cheminée.). "Douce Nuit" est mignonne mais ne dégage aucune réelle émotion de Noël, dommage. "Le P'tit Renne", entre les STRAY CATS, SINATRA et Steve HACKETT, n'est ni très bien chanté ni bien maîtrisé. Et "J'ai vu maman embrasser le Père Noël", rien que le titre fait un très joli résumé de dos de cassette vidéo Colmax.

Mais pour savoir si vous n'êtes pas insulinodépendant, essayez donc le premier titre : "Glory Alleluia". Gros choeurs, gospel, du kitsch partout, et puis l'arme fatale : une transpose, bien grosse et bien baveuse, et parfaitement maîtrisée par la petite DION, 13 ans. Essayez de faire comprendre ça à un 'enfant uni', il cherchera le curseur sur autotune. Bref, c'est Noël dans toute sa splendeur gluante. Si vous aimez le genre, la face B se montrera étonnamment correcte. "Noël Blanc" est très mignon, harmoniquement au top. "Le Père Noël Arrive Ce Soir" donne dans le reggae prog, assez énorme. La "Promenade en Traîneau" est si 'campy' que vos enfants s'y laisseront prendre et, surtout, le disque se finit sur un "Joyeux Noël" familial, de loin le meilleur titre, qui ravira petits et grands.

Si vous cherchez de la bonne variété, nous n'y sommes pas encore ; mais il s'agit d'un style musical très particulier, et dans ce domaine, s'il y a évidemment des défauts énormes, il y a aussi une certaine candeur qui n'éclipse jamais l'efficacité pure. Curieusement, alors que l'existence-même de ce disque est une putasserie sans nom, l'album est connu pour être le moins bien vendu de toute la carrière de Céline DION. "....Comme quoi..." (Jacques Chirac, 1789-1811).

Note finale : 2,5/5 mais on va faire un petit effort... allez, c'est Noël quoi !