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Anthony PHILLIPS - Tarka (1988)
Par MARCO STIVELL le 11 Décembre 2010          Consultée 3366 fois

L’histoire de Tarka est peu commune. Au début des années 70, Anthony PHILLIPS se lie d’amitié avec Harry WILLIAMSON, également guitariste de son état, et fils d’Henry Williamson, écrivain qui s’était rendu célèbre en Angleterre pour avoir publié une historiette baptisée "Tarka the otter" (Tarka la loutre). Les deux amis se mettent à composer avec guitares et claviers, une musique inspirée par cette œuvre. Elle se fait remarquer, et doit servir de support à un film. Tout est bien fait, des parties d’orchestre sont écrites, et ils trouvent même le temps de tout enregistrer, nous sommes alors au beau milieu de la décennie 70. Mais voilà, le sort fait que le projet de film n’aboutit pas, et pour des raisons pécuniaires, les bandes musicales sont placées sur une étagère, sans réel espoir d’apparaître au grand jour. Simon Heyworth, producteur chez Virgin et celui d’Ant à l’époque n’a, lui, jamais perdu la foi. Une bonne dizaine d’années plus tard, lui, Ant et Harry sont contactés par un couple d’acteurs qui apprécient beaucoup l’idée du projet complet, film et musique, et qui leur prêtent gracieusement de l’argent, afin de le finaliser. Si l’idée de film est une nouvelle fois finalement abandonnée, le disque peut enfin paraître sur le marché. C'est le label Baillemont qui s'en est occupé pour la France à l'époque. Tarka sera réédité quelques années plus tard chez Voiceprint, avec une pochette différente.

Comme il l’a été précisé plus haut, la musique de Tarka, c’est la rencontre/symbiose entre des guitares acoustiques et des arrangements orchestraux (les synthés ont été finalement laissés de côté pour la majeure partie de l'oeuvre), un mélange dont le tandem PHILLIPS / WILLIAMSON serait pionnier paraît-il. Cette musique est d'un enrichissement considérable, avec les arpèges délicats de guitare folk qui se frayent un chemin entre les instruments classiques. Parmi les instrumentistes, on peut noter la présence de Lindsay Cooper que les fans d’Henry Cow connaissent bien, celle de la harpiste Julie Allis, sans oublier Didier Malherbe. Ce dernier, ainsi que le percussionniste Dave Sawyer, ont été conviés par Harry WILLIAMSON, en relation avec son expérience au sein de Mother Gong. Quant à Guy Evans, il s’agit bien évidemment du batteur de feu (à l’époque) Van Der Graaf Generator.

Que de talents réunis pour une musique ô combien superbe et aboutie. Que de bons moments, de plaisir pour les oreilles. Si je devais commencer par les "moins", ce serait avant tout le troisième mouvement (le disque est construit comme une symphonie), parce qu’Ant et Harry ne jouent pas dessus, ce qui peut sembler complètement idiot comme argument, et c'est bien vrai je le reconnais. Mais même si ce troisième mouvement contient sa dose de magie, le fait de ne pas entendre les guitares reste un peu frustrant car cela réduit de pas mal le temps offert à la découverte de ce métissage si réussi. En dehors de cela, chaque minute, chaque seconde de Tarka vaut vraiment le coup. Je citerai pêle-mêle l’intro onirique et toute en progression ; le flot de notes aux instruments à vent sur "Corncrake Meadow", avec piccolo, clarinette, basson, hautbois... ; le début évanescent du second mouvement, ainsi que le moment où la harpe fait des gammes, à en donner des frissons (!) ; le milieu de ce même second mouvement ("Salmon Hunting"), très jazzy et percussif, carrément surprenant pour un disque de musique "classique", et lors duquel Didier Malherbe se réserve un joli solo de sax soprano ; enfin ce thème purement royal qui fait la beauté de la sous-partie "The Estuary". Ce second mouvement est d'ailleurs, si l'on excepte la finale - pour rester dans un domaine purement acoustico-symphonique -, le sommet émotionnel de Tarka. Que de merveilles mélodiques dotées d'une musicalité époustouflante ! Et à aucun moment on ne parle de prétention, ou de propos pompier... Non non, pas de ça ici. On pourrait citer tout le disque en référence absolue du genre folk-classique. N'oublions pas ce qui fait aussi la force de nombreux moments, à savoir des ambiances poussées à un point tel qu'on imagine facilement le ruissellement de l'eau, entre autres...

Et ce n’est pas fini. Après les trois grands mouvements, il y a "The Anthem From Tarka", l’hymne de Tarka… Un peu particulier ce morceau puisque composé et arrangé par Ant et Simon Heyworth alors que Harry était déjà reparti chez lui en Australie. Un hymne assez éloigné de l’esprit acousticorchestral du reste de l'album, nous ramenant aux années 80, avec "faux" petit rythme à la drumbox et nappes de synthétiseurs. Mais un hymne tout simplement magnifique, avec cette mélodie de hautbois et celle de la fausse flûte qui reprend le thème de "Corncrake Meadow" (un des thèmes du premier mouvement de Tarka)… Quelle riche idée ! Douceur et tendresse sont les caractères qui ressortent ici, mais c’est une caractéristique propre à beaucoup d'autres moments du disque.

Il s'agit certainement de l’œuvre d’Ant qui a eu le plus de succès : avec plus de 15000 copies vendues rien qu’en Angleterre, on peut dire que l’âme de Tarka la loutre aura mené les choses à bien jusqu’au bout.

Note réelle : 4,5/5

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   MARCO STIVELL

 
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- Anthony Phillips (guitares acoustiques, claviers)
- Harry Williamson (guitares acoustiques, claviers)
- Krysia Osostowicz (violon)
- Ann Morfee (violon)
- Janet Crouch (violoncelle)
- Anne Glover (hautbois)
- Ian Hardwick (hautbois)
- Lindsay Cooper (basson)
- Nick Cox (clarinette, clarinette basse)
- Andrew Ansconbe (cor)
- Didier Malherbe (flûte, piccolo, saxophone soprano)
- Guy Evans (percussions)
- Dave Sawyer (percussions)
- The National Philharmonic Orchestre
- Jeremy Gilbert (direction de l'orchestre)


1. Movement One - The First Year
2. Movement Two - River And Estuary
3. Movement Three - The Hunt
4. Postlude - The Anthem



             



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