Ant a, comme tous les artistes producteurs d'albums, toujours eu le souci de promouvoir les siens, et s'est parfois rendu jusqu'aux Etats-Unis pour cela. En parallèle à ses autres activités et profitant de sa situation confortable chez Voiceprint, il publie son premier disque live en cette année 1995. Attention, il ne s’agit pas d’un vrai concert avec public. Non, Ant a gardé des séquelles de la période passée avec Genesis à ce niveau-là, et tous les concerts qu’il a pu faire par la suite durant sa carrière solo ont été enregistrés en studio de radio ou chez lui, comme ici. D'où le nom révélateur de l'humour de l'artiste et la pochette reprenant à son compte l'écu du lointain The Geese & the Ghost.

C’est un disque à la base réalisé pour être diffusé par une radio américaine appelée Echoes, et qui s’intéresse particulièrement à la musique instrumentale contemporaine. Destiné donc à être entendu une fois, puis au revoir. Il convient alors de remercier les fans qui sont intervenus, et n’ont pas voulu le laisser filer. Loin d'être prétentieux, Ant a souvent régalé les fans de ce type de cadeaux, rappelons que les Missing Links en font eux-mêmes partie. Et de par la modestie de sa musique, un concert sans public n'est guère frustrant. On espère néanmoins qu'il y en aura bien un vrai un jour, avec plein de musiciens toussa...

Ant est donc tout seul, à la guitare ou au piano, en ajoutant parfois un peu de chant. Que l’on se rassure pour ce dernier critère, c’est un des albums où il chante le mieux. Les morceaux ne sont pas trop exigeants pour lui, mais il fait preuve d'une certaine aisance et d'une clarté auxquelles il nous a rarement habitués. Pour le reste, il joue magnifiquement bien, comme à son habitude. Bon vous allez me dire, d'habitude il est en studio, ouais m'enfin même en live les "wrong notes" ne sont pas légion, je parle pour les envolées de guitare acoustique en particulier.

Les morceaux sont fidèles à leurs interprétations d’origine, notamment les "Reaper", "Last Goodbyes", "Flamingo"… Cette dernière reste un choix surprenant, sachant que ce n'est pas sa meilleure suite, mais l'artiste a l'air de porter un grand attachement à son premier Private Parts & Pieces. Côté interprétation, il n’y a que la suite "Henry" pour laquelle ça change vraiment. L’un des morceaux les plus instrumentés de The Geese & the Ghost se trouve ici réduit à une seule 12 cordes, et soit c’est tout aussi efficace ("Misty Battlements"), soit le rendu demeure un peu brouillon ("Henry Goes to War", qui déjà à l'origine laissait un peu de cette impression). Il y a bien évidemment le merveilleux classique "Lights on the Hill", qui ne déteint pas même dans une version aussi épurée. On note également un bel inédit, "Conversation Piece", un de ces morceaux folk british dont Ant a le secret. C'est une composition qu'il a souvent jouée en live, la confinant à ce registre. Pourtant, elle s'inscrit dans la lignée des superbes pièces de 12 cordes, aux arpèges si délicats et bucoliques. Enfin, "Collections" seul est crédité, mais on a bel et bien droit à l’enchaînement avec "Sleepfall : the Geese Fly West", comme toujours.

Une prestation intime et agréable, sympathique avec un bon clair, et qu'une vraie compilation accompagnera très justement.

Note réelle : 3,5/5