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Anthony PHILLIPS - Private Parts & Pieces Xi - City Of Dreams (2012)
Par MARCO STIVELL le 18 Décembre 2012          Consultée 4566 fois

Comment ? Moins de six mois après la publication de Seventh Heaven en mai, un nouveau Anthony PHILLIPS est annoncé, et de surcroît le onzième Private Parts & Pieces, censé continuer une série laissée de côté depuis treize ans (le record depuis les débuts en 1979) ? Vous vous moquez de nous Giuseppe, le fait de travailler pour Amazon n'y change rien. Comment ? C'est vrai ? Eh oui, le 03 décembre est à marquer d'une pierre blanche. Délaissant ses travaux d'illustration sonore et recueils d'archives, Ant est de nouveau décidé à chambouler le dictat de la musique «trois-quatre minutes/4 temps par mesure/couplet-refrain-couplet-refrain-couplet-refrain (car le pont disparaît bel et bien, et je ne parle pas du solo instrumental)/rythme fort et rapide/chant au milieu», même si seuls les verbes sont exagérés dans cette phrase. Oui, même «délaisser»...

...Attendez une minute. Bah oui mais non en fait, c'est bien ça. City of Dreams, le nouveau Private Parts & Pieces est présenté comme un album entièrement basé sur les claviers. C'est une grande première, car en dehors des recueils de pièces pour piano Ivory Moon en 1986 (le VI) et Soirée en 1999 (le X, donc dernier avant celui-ci), même un disque très synthétique comme Slow Waves, Soft Stars en 1987 (le VII, vous suivez ?) comportait son lot de morceaux de guitares. Ici non, ou du moins s'il y a guitare, ce n'est jamais sans instrument à touche noire et blanche derrière ou effet moderne correspondant. Bien entendu, c'est du tout instrumental, ce qui ramène la dernière chanson originale -au sens classique du terme cette fois- à plus de quinze ans en arrière. En revanche, si Ant nous prive de la sienne, les voix ne sont pas totalement absentes, elles.

City of Dreams est constitué de plages musicales d'une durée moyenne de deux minutes, sachant que beaucoup n'atteignent pas la première. Cela peut aisément faire peur surtout aux personnes qui aiment les choses qui se retiennent (mais sur trois-quatre minutes on a dit hein, sinon au-delà on s'ennuie). Néanmoins on remarque qu'ici et peut-être plus que jamais, Ant sait mettre à profit le temps qui lui est imparti, même s'il est riquiqui. Vive les assonances, tout comme le jeu du musicien autour de sonorités diverses de claviers, d'enchaînements de notes et surtout d'accords suivant le goût de l'improvisation, ce qu'il a d'ailleurs toujours fait plus facilement dans cette partie de son univers musical. Question rythmique forte, point de ça ici. Déjà il n'y a pas forcément de métrique, mais en plus les quelques idées visant à marquer la pulsation sont loin de l'aspect urgent qu'on peut leur donner aujourd'hui, comme sur Fun Radio. Les mélodies aussi paraissent aléatoires et bien que le flirt avec ce qu'on appelle dédaigneusement new-age -loin d'être nouveau chez Ant- soit évident, on a toujours l'impression d'une musique en dehors du temps du fait de l'empreinte ô combien personnelle de l'artiste, lui-même toujours à contrecourant. Ajoutez à cela un son très spatial, vous comprendrez mieux cette défense viscérale d'une musique qui élève le coeur et l'âme.

Une fois le cap des premières écoutes passées, on se rend compte que loin de déroger à la règle de cette merveilleuse saga discographique, City of Dreams contient un nombre conséquent d'idées pouvant s'inscrire dans la liste de ce qu'Ant a produit de meilleur. Le début séduit d'emblée, avec justement ces trouvailles rythmiques qui ressortent comme sur «Astral Bath» et «Piledriver», ou plus communément cette tendance à la diversité. Au piano-vibraphone de «Coral Island» font écho «Sunset Pools» et «Sea of Tranquility» dont les noms seuls évoquent un univers aquatique et les sons se chargent du reste, majestueusement vôtres. La tendresse du piano romantique (style musical et esprit en général) de «Act of Faith» succède à celle «ambiente» de «Watching While You Sleep» sans que l'on soit dépaysé, et votre dulcinée non plus. Si certaines plages courtes arrivent à installer une ambiance, les plus longues restent des sommets de composition, à l'image de «The Deep» symbolisant une chute puis une remontée, «Tuscan Wedding» aux accents celtiques et jouant sur les nuances ou encore «King of the Mountains», Ant nous y faisant le cadeau inestimable de ressortir la guitare électrique, pas entendue depuis vingt ans, le dernier solo lyrique (et pas aussi propre) remontant en revanche à trente.

City of Dreams peut donner au départ l'impression de trop s'écarter du canon habituel des Private Parts & Pieces, à cause d'un potentiel manque d'audace, cette série étant d'ordinaire consacrée à des expériences diverses car l'artiste en profite pour se lâcher, sans contrainte aucune. C'est surtout que nous ne sommes pas habitués à cette formule «tout synthés» qui rapprochent sensiblement cet opus d'un Missing Links, c'est-à-dire un disque où Ant rassemble ses travaux d'illustration sonore. Cependant, avec le recul on remarque cette volonté de rapprocher les oeuvres entre elles, City of Dreams est à la fois fidèle et différent, comme pouvait l'être le chef-d'oeuvre New England (le VIII) en 1992, plus proche d'un album «normal». Ant y fait ce qu'il veut, enchaîne les morceaux à loisir, ne nous dispense pas des habituelles suites bien qu'elles aussi soient traitées différemment (les «City of Dreams» et «Mystery Train» et leurs bandes inversées, à la structure proche de «Iona/Spirals/In the Maze» en 1992) et donne davantage de mérite à sa trente-troisième oeuvre en la dotant des meilleurs sons et plus élégants qu'il ait employés dans ce domaine, ce qui se ressent jusque dans les fameuses voix de «Anthem for Doomed Youth». Rockeurs, rappeurs, auditeurs de Fun Radio et tous ceux qui vivent dans et pour l'urgence s'abstenir.

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Final lights...


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   MARCO STIVELL

 
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- Anthony Phillips (claviers, piano, séquences, bouzouki, guitare élec)


1. City Of Dreams I
2. Piledriver
3. King Of The Mountains
4. Coral Island
5. Astral Bath
6. City Of Dreams Ii
7. Air & Grace
8. Tuscan Wedding
9. Mystery Train I
10. Sunset Pools
11. Sea & Sardinia
12. Watching While You Sleep
13. Night Owl
14. The Deep
15. City Of Dreams Iii
16. Mystery Train Ii
17. Star's End
18. Doom Flower
19. Night Train To Novrogod
20. Sea Of Tranquility
21. 39 Steps
22. Lake Of Fire
23. Realms Of Gold
24. City Of Dreams Iv
25. Days Of Yore
26. Across The Steppes
27. Act Of Faith
28. Grand Master
29. Mystery Train Iii
30. Anthem For Doomed Youth
31. The Homecoming



             



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