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Anthony PHILLIPS - Strings Of Light (2019)
Par MARCO STIVELL le 1er Novembre 2019          Consultée 1582 fois

Anthony PHILLIPS n'a jamais publié de mauvais album : il ne peut tout simplement pas le faire. Le musicien qui, il y a maintenant près de 50 ans, était la tête à penser de GENESIS, le compositeur le plus influent, un guitariste électrique amoureux d'Eric CLAPTON, de Peter GREEN, qui délivrait des riffs et solos furieux et prometteurs (pour moi, jamais Steve HACKETT ni personne n'a pu l'égaler sur "The Knife"), et qui a aidé largement à faire de la guitare 12 cordes une composante essentielle du rock progressif, n'a jamais fait de mauvaise musique, en étant seul. Ses albums, de The Geese & the Ghost à Invisible Men, de Back to the Pavillion à Time & Tide, de 1984 à Seventh Heaven, ont toujours quelque chose de sensible, de personnel, et celui qui juge de façon laconique et méprisante, en dehors de son ressenti légitime, ne peut pas l'avoir compris.

Un homme, un musicien comme Ant, solitaire et effacé, en désaccord perpétuel avec le star-système, éternel amoureux à l'impossible, touchant et hilarant quand on échange avec lui, défenseur de la nature, des animaux et du cricket (so english, isn't it?), demeure précieux. Parce qu'il est comme il est, dans un monde qui est ce qu'il est lui aussi, et parce que sa carrière solo marche toujours en parallèle de celle du groupe qu'il a co-fondé. Voilà pourquoi on lui reste fidèle, on prend le temps de l'écouter, d'y revenir si besoin. Voilà pourquoi Strings of Light se laisse approcher puis apprécier comme d'autres avant, et pourtant, moins que ces autres.

Ce disque nous a été présenté de façon à ce qu'on s'attende à un nouveau Field Day, c'est-à-dire constitué de pièces pour guitares solistes la plupart du temps, mais pas sous forme de double album cette fois. En revanche, le CD est copieusement rempli, avec deux morceaux ("Grand Tour" et "Winter Lights") qui dépassent six minutes, et un "Life Story" qui en fait dix.

"Jour de fête", proposé en avant-première dans une version "live" par Ant lui-même, est une de ces mélodies estivales dont il a le secret, basée sur des accords simples, et qu'on reçoit avec bienveillance. Puisqu'on parle de saisons, il y a de nombreux clins d'oeil à Twelve, dans les mélodies de guitare 12 cordes mais pas seulement.

"Winter Lights" pour commencer, un "Diamonds Meadows" d'une belle amplitude, et on trouve sur "Life Story" comme sur "Skies Crying" cette façon que le guitariste avait en 1985 d'appuyer rapidement sur les cordes sans les pincer. Un effet étrange, qui participe à ses "narrations", et qu'on est content de retrouver !

Les thèmes à la guitare classique, souvent empreints de sensibilité et de nostalgie, sont particulièrement remarquables, "Days Gone By" par exemple, idem pour "Castle Ruins", "Song for Andy" et bien sûr, "Life Story" au propos fleuve, un peu à la "Eduardo" (1984) pour certaines montées de gammes. "Caprice in Three" est un joli air qui se rapproche des tons celtiques. Notons également "Pilgrimage of Grace" avec son reflux de pensées mis en musique.

Certains morceaux, affichés comme transitions ("Into the Void", "Tale Ender", "Home Road"), sont bien trop courts pour marquer mais "Mouse Trip" a ce petit côté blues malicieux plutôt chouette. À la 12 cordes, il y a quelques gemmes comme "Still Rain", elle aussi en vagues introspectives avec le petit effet d'écho qui lui sied bien (Ant travaille beaucoup les résonances sur ce disque). "Crystalline" propose un beau développement et "Shoreline" semble être une variation de "Sunrise and Sea Monsters", chef d'oeuvre d'un album chef d'oeuvre (New England, 1992).

Il y a aussi ce merveilleux "Sunset Riverbank" où les deux 6 cordes, acoustique puis - à la reprise - électrique se mêlent pour une splendide ballade crépusculaire dans un ton à la Antiques (1982, notamment parce que la "Suite in D Minor" employait le même effet). De quoi nous faire regretter, pour certains autres titres plus communs, que ce genre de procédé n'ait pas été employé.

L'artiste évoque ainsi différentes pièces de son répertoire et un passionné peut s'y retrouver. Strings of Light a ses exigences qui ne répondent pas toujours aux espérances de l'amateur toutefois, surtout après tant d'années d'attente. Qualitativement, il est moins bon que Field Day, que les albums de 2012. Cependant, encore une fois, c'est avec du temps, de l'attention et le plus loin possible du rythme effréné de la vie moderne, qu'il peut continuer d'être abordé, non sans plaisir.

2019, deuxième semestre : année Anthony PHILLIPS, 2nde partie, terminée. En attendant la suite...

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   MARCO STIVELL

 
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- Anthony Phillips (guitares, charango, bouzouki)


1. Jour De Fête
2. Diamond Meadows
3. Caprice In Three
4. Castle Ruins
5. Mermaids And Wine Maidens
6. Winter Lights
7. Song For Andy
8. Pilgrimage Of Grace
9. Skies Crying
10. Mouse Trip
11. Still Rain
12. Into The Void
13. Andean Explorer
14. Mystery Tale
15. Sunset Riverbank
16. Tale Ender
17. Shoreline
18. Days Gone By
19. Crystalline
20. Fleur-de-lys
21. Grand Tour
22. Home Road
23. Life Story



             



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