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Anthony PHILLIPS - Private Parts & Pieces Viii - New England (1992)
Par MARCO STIVELL le 19 Février 2011          Consultée 4634 fois

Slow Dance n’a, pour ainsi dire, pas vraiment marché (en termes de ventes). Encore un dur échec, même si Ant devait se douter qu'il ne vendrait pas des millions de disques avec un tel concept… La direction de Virgin intervient, sans toutefois se faire trop envahissante et demande à Ant d’essayer de faire un disque de chansons. Cette fois, le guitariste-claviériste ne va pas se laisser faire. Ou en tout cas pas vraiment… Une hésitation qui représente bien ce nouveau concept. Disons que l'artiste a décidé de changer de formule, et du coup, ce nouvel album, New England est encore plus particulier que les autres en raison de sa structure. Ce n’est ni complètement un Private Parts & Pieces, ni un album "normal", c’est un peu des deux. Et un mariage parfait, si l’on peut dire...

...Cette histoire a été écrite à partir d'impressions recueillies à l'écoute de ce disque, par un jour de pluie...

Alors que le soleil se levait accompagné d'une fine pluie, tous les marins se précipitent sur le pont du bateau, pour voir le contour de l'île (continent ?) qui se dessinait devant leurs yeux ("Aubade"). Épuisés par le long voyage, ils sont revigorés en un rien de temps par cette vision heureuse et débarquent en toute hâte, amarrant leurs barques sur la plage de sable fin ("Infra Dig").
Dans l'intérieur des terres, une maison toute simple dont la cheminée fume. A l'intérieur, un jeune homme est attablé devant une fenêtre et écrit. Il écrit une lettre d'amour ("Sanctuary"). A des milliers de kilomètres de là, dans une autre maison, une jeune fille se morfond devant la fenêtre et regarde tristement la pluie tomber ("La Dolorosa").
Pendant ce temps, les marins commencent leur installation ("New England Suite"). Tout va bon train, ils déposent ça et là les provisions, matériaux et richesses qu'ils ont amassé ("part I"). Puis certains sont envoyés en éclaireurs. Cette terre nouvelle pour eux se révèle accueillante, à la fois verte et légèrement dénivelée, mais pas au point d'empêcher la construction de belles habitations. Plusieurs de ces éclaireurs sourient à cette idée, un sentiment de bonheur que même la bruine ne parvient à altérer ("part II"). Ils retournent en arrière prévenir rapidement leurs compagnons de voyage qui sont toujours en train de s'affairer sur la plage. Les nouvelles rapportées ne font qu'augmenter l'enthousiasme général. Le soir, tout le monde a installé des tentes de fortune et va se coucher le sourire aux lèvres, en pensant déjà au lendemain ("part III").
Au petit matin, le jeune homme ouvre la fenêtre, il caresse une dernière fois le pigeon qui prend son envol, puis referme les battants. Il se dirige vers sa mère, assise dans le fauteuil près de la cheminée, et sourit avec attendrissement : elle a lutté en vain contre le sommeil, pour l'embrasser une dernière fois. Il choisit de ne pas la réveiller, et effleure son front de ses lèvres. Puis, silencieusement, il quitte la maison. Il ne reviendra pas, plus ("Last Goodbyes").
Du côté des colons, tout paraît calme au petit matin. Le soleil se lève pour ce qui semble être une journée radieuse, et certains prennent du plaisir à contempler ce spectacle. Certains même repensent naïvement à la contrée d'où ils viennent, par là-bas... Et tout d'un coup, le décor change. La mer se met à bouillonner, devient fortement houleuse... Des formes gigantesques et monstrueuses surgissent de l'eau. Apeurés, les colons courent vers l'intérieur des terres en hurlant, entrainant avec eux les derniers levés. Les monstres marins se trainent jusqu'au bord de la plage, et se mettent à tout saccager avec leurs longs membres, éparpillant tout ce qui s'y trouve, avant de replonger brusquement, interrompus par le retour inattendu de la pluie. Tout redevient calme. Les colons, terrifiés, s'approchent de la plage et constatent l'étendue du désastre. Alors que, sur le qui-vive, ils essayent de trier ce qui n'a pas été détruit du reste, la pluie s'arrête de nouveau et les monstres refont violemment surface. Les colons fuient alors en emportant tout ce qu'ils peuvent, bien décidés dans la tourmente à ne plus revenir en arrière ("Sunrise and Sea Monsters").
La jeune fille ("Iona"), qui redoute l'arrivée du pigeon, ouvre sa fenêtre avec frayeur lorsqu'elle voit ce dernier enfin arriver. Vite, elle détache la lettre qui est accrochée à sa patte.
De son côté, le jeune homme progresse à travers sa forêt natale et contemple chaque arbre qui la peuple comme si c'était la dernière fois qu'il les voyait. Et d'ailleurs c'est effectivement la dernière fois. Alors il les embrasse d'une certaine manière, et fait vivre encore un peu son culte de la nature par le biais d'une prière intérieure, pour sa mère, pour Iona ("Cathedral Woods"). A la pensée de cette dernière, son coeur bat plus fort, et il imagine tout ce qu'il voudrait encore lui dire ("If I Could Tell you"). Arrivé à la première jonction des routes, il sait qu'il doit prendre la route de droite, celle qu'il n'a encore jamais prise ("Jaunty Roads"). Il se retourne une dernière fois puis reprend son chemin.
Iona sent son coeur chavirer à la fin de la lecture de la lettre. Elle ne sait plus très bien où elle en est. Ses pensées s'affrontent entre elles ("Spirals").
Lorsque les historiens parlent de ce qui suit, ils se rapprochent d'un point d'eau et y jettent toujours une pièce de huit, car c'est ce qu'ils racontent avec le plus d'émotion ("Pieces of Eight"). Les colons, pris dans leur course folle, finissent par atteindre le premier village, et la surprise de trouver de leurs semblables sur cette terre nouvelle pour eux, ne leur permet même pas de remarquer que ce village est en fête. Les joyeux habitants, à l'enthousiasme débordant, leur font lâcher leurs affaires et les convient dans la danse ("Pressgang"). Le jeune homme, pendant ce temps, arrive alors que la pluie commence à tomber au bord du grand estuaire qui rejoint la rive principale de l'île. L'eau est calme, et semble pure contrairement à la mer ("Sargasso"). Mais avant de partir, le jeune homme ne peut s'empêcher de contempler la petite cabane de pêcheur qui se dresse, le plus modestement du monde sur la petite plage. Il se dit que la personne qui vit là est bien isolée, elle aussi... ("Sea-Shanty")
Iona est bouleversée, elle ne sait pas comment se sortir de ce marasme ("In the Maze"). Elle sort en courant de la maison, s'approche de la rive et regarde au loin, les yeux embués de larmes. Elle se souvient trop bien... Lorsque son père et elle ont pris la mer. Elle connaissait bien ce garçon, elle ne voulait pas partir, mais la vie était tellement difficile là-bas... Alors ils ont pris la mer, seuls tous les deux, et son père est mort avant d'atteindre ce qu'il imaginait comme la Terre Promise, au bout de l'océan. Elle y était arrivée peniblement sans arriver à se repérer, mais jamais, non jamais elle n'a pu retouner en arrière. Ce continent perdu, personne ne le retrouverait, à moins d'un hasard total... Et ce jeune homme... Il lui envoyait son pigeon, et le pigeon intelligent l'avait retrouvée, mais elle ne pouvait espérer retourner sur le continent de cette manière. Alors elle attendait chaque lettre en redoutant à chaque fois ce moment précis, celui où le jeune homme lui dirait qu'il viendrait la rejoindre. Dans sa lettre, il lui disait que tout allait mieux sur le continent à présent, qu'il pouvait laisser sa maman, prendre la mer et venir la rejoindre. Mais elle ne pouvait l'en empêcher à présent, et donc lui se perdrait, à jamais. Il ne pourrait pas l'entendre ("Unheard Cry")...
Le jeune homme craint de devoir en arriver là, il mise en fait tout sur le passage d'un bateau venant de l'autre continent, pour disposer d'un moyen d'y aller. C'est ainsi qu'il arrive à la fameuse plage, d'où les colons sont arrivés. Il a ainsi la preuve, avec tous ces morceaux de bois, de tissus et de vivres éparpillés, que des gens d'ailleurs sont venus ici... mais aussi qu'il sont repartis ("Now they've all Gone").

Cette histoire peut sembler naïve, sans queue ni tête, peu en rapport avec le contexte de la Nouvelle-Angleterre que tente de nous décrire Ant, il ne s'agit en effet que de ma propre vision des choses à l'écoute de cette musique et par rapport aux titres choisis, encore une fois.

Ant a une fois de plus, mais aussi plus que jamais mené à bien ce qu'il voulait faire, cet album est tout simplement son meilleur. Il y a cette diversité habituelle qu’on lui connaît, sauf que là on retrouve de tout, parmi ce qui fait la beauté de son œuvre : pièces de guitare(s) ("Jaunty Roads", la "New England Suite"), de piano ("Now they’ve all Gone", "Cathedral Woods", "Last Goodbyes") et de synthés ("Aubade"), interludes (le trio "Iona" / "Spirals" / "In the Maze" aux thèmes similaires), mélanges…

Parmi ces derniers, notons d’abord les morceaux qui contiennent la participation de Martin Robertson (un ami de longue date de la famille GENESIS). Le beau saxophone soprano, pour moi de loin le plus joli et le plus mélodique de cette famille d’instruments, se pose allègrement au-dessus de la ou des guitares acoustiques et cela donne des moments d’une grande tendresse ("If I Could Tell you", le début de "Sunrise and Sea Monsters"), ou même des plus "énervés" (les décollages de "Sunrise and Sea Monsters"). Dans les interventions de luxe, il y a aussi celle du violoncelle de Simon Morris sur le mélancolique et émouvant "Sea-Shanty".

Et ce qui est magique avec New England, c’est que tous ces airs, pourtant bien différents à la base, arrivent à sonner "chansons", pour faire un lien avec ce que voulait la maison de disques. Il y en a bien sûr deux naturelles, qui possèdent donc de vrais textes : les tendres "Unheard Cry" et surtout "Sanctuary" (une des plus belles qu’il ait écrit). Mais les thèmes (tous instrumentaux) de "Infra Dig", "La Dolorosa" ou encore toutes les "New England" et "Pieces of Eight" suites sont tellement évidents et aboutis qu’on arrive à les imaginer et les retenir comme des refrains.

New England est tout simplement un de mes albums préférés toutes catégories confondues, sans doute le plus injustement méconnu parmi tous ceux que j'ai cités en référence dans mon profil. A destiner à tout le monde, en particulier ceux qui veulent découvrir l’œuvre d’Ant. J’aime aussi beaucoup l’esprit folk british de l’ensemble, un climat tel qu’il me fait recommander cet album notamment pour les jours de pluie. Mais ça vous l'aurez compris en lisant ma petite histoire, je pense...

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   MARCO STIVELL

 
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- Anthony Phillips (guitares, mandoline, charanga, claviers, chant)
- Martin Robertson (saxophone soprano, batterie africaine)
- Paul Clarvis (bâton de pluie, cymbales, shakers, derbouka, tabla)
- Joji Hirota (percussions, shakers et batterie japonaise)
- Simon Morris (violoncelle)


1. Aubade
2. Infra Dig
3. Sanctuary
4. La Dolorosa
5. New England Suite (part I)
6. New England Suite (part Ii)
7. New England Suite (part Iii)
8. Last Goodbyes
9. Sunrise And Sea Monsters
10. Iona
11. Cathedral Woods
12. If I Could Tell You
13. Jaunty Roads
14. Spirals
15. Pieces Of Eight : (i) Pressgang
16. (ii) Sargasso
17. (iii) Sea-shanty
18. In The Maze
19. Unheard Cry
20. Now They’ve All Gone



             



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