En novembre 2014, JUDAS PRIEST profite du Record Store Day pour nous gratifier d'une nouvelle publication, "5 Souls", éditée uniquement en vinyle et distribuée seulement aux Etats Unis.
Cet événement commercial organisé chaque année depuis 2008 par les disquaires du monde entier tous les 28 novembre est désormais suffisamment installé dans le paysage de l'industrie musicale pour qu'on s'intéresse de façon impartiale aux publications spéciales éditées à cette occasion. Après, libre à vous d'émettre un jugement sur la pertinence artistique de ces mêmes publications (parfois très contestable, je vous l'accorde), évidemment, néanmoins cette chronique ne sera pas le lieu d'une telle polémique.

Le contenu de cet E.P n'est pas bien sorcier : il s'agit des 5 titres bonus de la version deluxe de Redeemer of Souls, qui n'étaient pas disponibles dans la première édition vinyle de l'album. En éditant ces 5 chansons dans un format E.P séparé de l'album original, JUDAS PRIEST leur confère une certaine indépendance, et on peut désormais se pencher dessus comme si elles relevaient d'un opus à part dans la discographie du PRIEST. Bon, la pochette de 5 Souls est très laide. Un serpent en forme de 5 ? Beuuark ! Penchons-nous donc un peu sur ces 5 Âmes.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses ne commencent pas très bien : l'indigence assez affolante de "Snakebite", qui voit les Prêtres de Judas lorgner ouvertement le début des années 1980 avec un son hard-rock très cliché, nous fait comprendre assez aisément pourquoi ce titre ne figure pas dans la version standard du L.P de 2014. Ouais, l'impression d'avoir entendu et réentendu ce riff au moins 3.000 fois chez un bon milliard de groupes, non ? Et pour cause, parfois on croirait entendre DEEP PURPLE. Si JUDAS PRIEST a perdu depuis longtemps la prétention d'inventer l'eau chaude, on est quand même un peu circonspect devant autant de manque d'imagination.

Heureusement, la suite rattrape un peu les choses : "Tears of Blood" nous rappelant les heures de gloire du milieu des années 1980 renvoie ainsi aux meilleurs titres de Defenders of The Faith (1984), voire de Screaming For Vengeance (1982). N'exagérons rien toutefois : le titre ne casse pas non plus des briques, mais le plaisir est là.

"Creatures" est probablement la chanson la plus intéressante de cet E.P, dotée d'une ambiance gothique et lourde, presque industrielle, et de refrains très sympathiques (même si on ne peut s'empêcher de penser que JUDAS PRIEST plagie KISS quand il écrit ses paroles).
L'autre bonne surprise vient en revanche d'un titre comme "Bring It On" : si, de prime abord, il semble être une nouvelle auto-parodie d'un JUDAS PRIEST ayant totalement perdu toute volonté d'originalité, la chanson se révèle être un superbe moment d'un heavy metal old school et sans prises de tête, comme on aimerait en entendre plus souvent. Cependant, là encore, ne cherchons pas la moindre trace d'originalité : JUDAS PRIEST veut plaire à ses fans, alors JUDAS PRIEST ne se casse pas trop la tête et livre une copie lisse et sans aspérités.
On zappe en revanche aisément "Never Forget", ballade mièvre et très indigente, qui n'arrive même pas au niveau des meilleures ballades du PRIEST. Une fin d'E.P très décevante, donc. Mais, il ne fallait pas trop en demander non plus. Rappelons quand même que 5 Souls est avant tout constitué de titres non retenus.

Redeemer of Souls était une semi-déception parce que beaucoup trop long, le groupe ayant voulu récompenser la longue attente des fans depuis Nostradamus (2008), mais il en résulte du coup un disque bien trop déséquilibré et farci de titres de remplissage assez inutiles.
La présence de 5 chansons supplémentaires sur l'édition deluxe compensait quelque peu ce déséquilibre puisque certaines d'entre elles rattrapaient aisément les points faibles de la version standard du L.P. Prises indépendamment de l'album, ces 5 chansons constituent un E.P inédit relativement sympathique, néanmoins bien vite on se rend compte qu'elles souffrent des mêmes défauts que ceux de l'album Redeemer of Souls : un son trop gras, un Rob Halford sur le déclin, et des riffs old school peu inventifs, servant avant tout à faire plaisir aux vieux fans.

Néanmoins, quelques-uns des 5 titres, de bonne qualité, surpassent aisément bon nombre de ceux de la version standard de Redeemer of Souls. On aurait donc tort de s'en priver.

Essentiellement réservé aux fans.

Meilleurs titres : "Creatures", "Bring It On", "Tears of Blood".