C’est le dix-neuvième opus des prêtres de Judas ! Oyez braves gens, jouvencelles et jouvenceaux ! Papy Glenn du haut de ses bientôt 77 ans a bien du mal à se mouvoir du fait de la maladie de Parkinson, mais il est bel et bien là, ready to fight ! Ses comparses ont changé au fil des années, mais le Metal God Rob Halford est bien dans la place et assumera son personnage jusqu’au bout. L’âge aidant, lui, Ian et Glenn ont fatalement pris de la sagesse et assument toujours avec brio malgré les années. Scott derrière les fûts reste métronomique et le jeunot Ritchie Faulkner s’occupe de la marche du groupe en avant du haut de ses 44 ans. Et donc voici une nouvelle offrande produite par Andy Sneap, après Firepower il y a six ans déjà !

"Panic Attack" nous replonge dans la traditionnelle attaque – c’est le cas de le dire – de la quasi totalité des albums du PRIEST avec un premier titre qui annonce la couleur, souvent plutôt speed et agressif. Ce titre n’échappe pas à la règle, mais ne présente pas non plus d’originalité particulière, juste de la belle ouvrage de fonctionnaire du métal. Il y a le bridge avec tonton Rob en scream quasi falsetto, sympa, et les solos agressifs de Richie Faulkner.
"The Serpent And The King" reste assez speed, où le chant de Rob nous rappelle qu’il fut un fringant jeune homme co-créateur de ce style dans les seventies en directe filiation avec un certain Ian Gillan. Le titre ne révolutionne pas le genre mais reste agréable, avec un refrain bien asséné. "Gates Of Hell" se signale par un refrain assez imparable, l’ensemble est bien achalandé avec une petite fibre épique bienvenue.

Je trouve ici deux titres d’exception : un des titres de cet opus vient d’un compositeur externe au groupe ! "The Lodger" porte d’ailleurs le sceau d’un certain esthétisme. Il s’agit d’une compo du producteur/musicien Bob Halligan Jr, qu’on avait déjà croisé il y a plusieurs décennies pour "Chains" et "Some Heads Are Gonna Roll". On le connaît aussi pour le single de HELIX "Rock You", pas des moindres donc ; le refrain magnifique, cette fois pas de doute, sert au mieux les intérêts de JUDAS qui retrouve ici tous les élans de sa superbe. Mais mon morceau préféré de cette livraison est incontestablement "Escape From Reality", composée par le grand Glenn Tipton dont l’état physique dû à la maladie de Parkinson l’empêche de tourner. Nous l’avons toutefois vu s’aligner courageusement avec ses comparses – et KK Downing ! - lors de l’induction au rock’n’roll hall of fame. On touche ici au sublime avec un mélange entre le PRIEST de Defenders Of The Faith et l’époque moins connue de FIGHT avec notamment la fabuleuse "Reality A New Beginning", et une petite influence de OZZY sur la diction du refrain.

L’éponyme "Invincible Shield" se pose en pièce maîtresse de cet opus, du JUDAS PRIEST dans le texte, pas un parangon d’originalité mais la montée sur le refrain est particulièrement attrayante. Nous avons aussi droit à quelques speederies, bien du chemin parcouru depuis "Freewheel Burning", n’est-il pas ? "As God Is My Witness" est donc construit dans la droite lignée d’un "Painkiller" de fière renommée, la folie en moins. Le refrain est plus atmosphérique, les digressions peu surprenantes mais le savoir-faire est là.
"Trial By Fire" se démarque un peu par une ligne rythmique et mélodique qui accroche bien les esprits et donne envie d’une réécoute immédiate. La présence de Glenn dans la vidéo fait bien plaisir.
"Crown Of Horns" est le troisième single extrait de cet opus : simple et carré, avec un chant linéaire que la production de Andy Sneap a souhaité mainstream, aucun doute. Le refrain est calme, bâti pour plaire à la plupart.

"Giants In The Sky" contient des réminiscences des périodes plus Progressive/FM, ainsi que Ritchie l’avait annoncé. L’ambiance générale y est moins à la furia, mais quoi de plus étonnant alors que tous les membres originaux du groupe ont plus de soixante-dix ans ! Le break est tout mignonnet et le refrain se laisse bien écouter mais ne prendra pas place parmi les standards des setlists pour les années à venir.
"Fight Of Your Life" nous replonge dans l’ère Point Of Entry. Le chant de Rob y est bien sympa avec quelques intonations Pop. Une belle rythmique à la JUDAS, des twins guitare, le chant si spécifique de Rob, tous les ingrédients sont là sur "Vicious Circles". Il ne manque que la touche d’originalité propre aux grands classiques, mais elle n’est pas là. On se contente donc d’un titre sympa.
Je ne suis guère convaincu par les mélodies de "Devil In Disguise" dont le chant me semble un brin à la ramasse et les choix des arrangements sont limite. Pas un titre que je conseille, aussitôt écouté, aussitôt oublié. Enfin, nous avons "Sons Of Thunder", à la rythmique certes simple mais à l’efficacité toute PRIESTienne. Glenn a tenu à y faire les solos, c’est touchant.

Je trouve cet album plus varié et esthétique que Firepower qui souffrait d’une certaine linéarité dans les thèmes et le traitement des titres, un peu à l’image de Painkiller que je n’ai jamais personnellement classé dans les opus majors du PRIEST. Quelques titres concourent au statut de classique, on pense à la compo de Glenn Tipton "Escape From Reality" ou la surprenante "The Lodger". Pourtant, le reste de l’album ne me convainc pas plus que ça, beaucoup de savoir-faire et une capacité toujours innée à pondre des riffs et des breaks de belle tenue, mais pas de quoi en faire des morceaux imparables. Je reste donc sur un nouveau trois qui ne réjouira probablement pas la communauté des fans die hard.