Les eighties débutent à peine et, pour Julien CLERC, elles se positionnent immédiatement sous le sceau de la continuité musicale. Son style évolue doucement, sûrement, mais sans réelle rupture. Cet album apporte aussi du changement : c'est celui de la prise de pouvoir de Jean-Loup Dabadie sur les textes du compositeur. Pas moins de la moitié des paroles sont de lui. Les trois autres habitués sont cependant encore là, Julien est un fidêle. La pochette montre également l'évolution de la personnalité de l'artiste qui semble gagné par le côté positif de la vie ; son visage souriant est entièrement tourné du côté bleu de la photo. Tout ceci nous présente un chanteur en pleine possession de ses moyens.

Pour succéder à l'excellent Jaloux de tout, Julien a donc fait confiance à Dabadie en premier lieu. L'heure est aux comptines telles "Les oiseaux dans les arbres" au ton ensoleillé, ou à la tranquille "Cette personne". Les chansons sont plutôt réussies, en témoignent la romantique "Tu me manques", le ton désabusé et détaché qui sera souvent le sien sur "Ma doudou", le single de l'album, aux intonations antillaises. Ce n'est pas comme si c'était la première fois. C'est agréable à l'oreille et ça se laisse écouter sans problèmes. On en finit avec l'intimiste "Ma confidence dont on apprécie la petite guitare cristalline ainsi que la belle orchestration aux relents presque jazzy.

Cela dit, pour le moment, Roda-Gil est toujours dans la place. Il est notamment responsable des superbes textes de "La femme boréale", le titre le plus chouette de cet opus à mon sens, servi par une superbe mélodie. "Je t'aime tant" est une déclaration d'amour lancinante et plutôt sympa, même si la répétition des paroles est quelque peu exagérée. "Bibliothèque Mazarine" fait en outre honneur à son auteur, on sent que le Mitterandisme approche avec un titre pareil. Une chanson mid-tempo très agréable.

Le vieux pote Momo Vallet propose comme à l'accoutumée sa contribution avec "Tout en vous m'enchaîne", un slow qui se laisse bien oublier mais qui a certainement connu son heure de gloire auprès des grands-mères de l'époque. Enfin, Plamondon est à nouveau présent sur le titre éponyme "Quand je joue", le seul de cette livraison à avoir percé les couches de la postérité. Pas compliqué, il est sans-doute le plus moderne. On y retrouve les synthés si pompiers qui feront la 'réputation' des eighties.

On est clairement en-deçà de l'album précédent, mais la musique est toujours agréable et peu prise de tête. Vous devinez la note, non ?