Monolithe grandiose, temple nietzschéen, The Man Who Sold The World est une sorte de monument qui brille comme de l’or et brûle comme de la lave. On y croise des fous fragiles qui hurlent des insanités depuis l’asile où ils sont enfermés, des surhommes pathétiques qui dansent au son des timbales et des esclaves qui vendent leur âme au diable ou à des machines. C’est l’album bruyant, furieux et planant, mystique et grandiloquent, qui a révélé au monde le talent de BOWIE.

Pour s’en apercevoir, il suffit d’écarter le seul obstacle : "The Width of a Circle", qui démarre comme un immense brûlot hard rock mais se perd complètement en cours de route. Cette chanson est ratée et Mick Ronson, bouillant et affuté comme une lame, ne peut rien y faire. Mais ensuite... ensuite il n’y a plus qu’à écouter et se taire. "All the Madmen", "After All"... Terribles joyaux. La seule vraie faute de goût est sans doute "Running Gun Blues", d’une banalité désespérante. Mais juste après, tout se déchaîne. La fin de l’album est si dense, si intense, qu’on en a le souffle coupé. Faut-il rappeler que "Saviour Machine" est l’une des plus belles choses que BOWIE ait jamais écrite et chantée ?

Ultime réussite, BOWIE se fait prophète et rend un bel hommage à NIRVANA en reprenant "The Man Who Sold The World" avant même que Kurt Cobain l’ait composée. Respect.