C'est un soir de fin juillet. Vous êtes sur une plage en face du plus beau des couchers de soleil. Étendez-vous sur le sable, les yeux vers le ciel qui petit à petit fait place à l'immensité de la voûte céleste. Vous êtes dans les conditions idéales pour savourer le premier album d'HAWKWIND. Une ode à l'espace offerte par des types bien allumés, qui gardent encore les pieds sur Terre tout en ayant la tête dans les étoiles (en attendant le jour où ils arriveront à les toucher).

Ah, où donc en serait la musique aujourd'hui si le jeune David 'Dave' Anthony Brock n'avait pas reçu un banjo de la part de son oncle ? Que serions-nous si ce joyeux drille fan de Jazz n'avait pas abandonné le scolaire à sa majorité pour approfondir son art de prédilection (sans pour autant, dans un premier temps, se destiner à une carrière de zicos) entre ses journées à l'usine, ses petits boulots à droite à gauche et ses escapades à travers le vieux continent, y compris dans le Sud de la France où il fit régulièrement la tournée des cafés ? Enfin, qui aurait cru qu'une bande de chevelus farfelus (immortels pour certains) sortis tout droit des abîmes de Londres et qui ne juraient que par le PINK FLOYD de Syd Barrett, les overdoses pyrotechniques d'Arthur Brown et les paysages bluesy de CREAM seraient à l'origine d'un rock aussi influent et insaisissable encore de nos jours ? Quand on sait que c'est grâce à Monsieur John Peel, LE découvreur de talents, que les HAWKS ont pu passer aux choses sérieuses.

Brock le leader, le fantasque Nik Turner en second, le guitar hero Huw Lloyd-Langton et le claviériste Dik Mik sont autant de visages qui resteront à jamais gravés dans la grande fresque hawkwindienne. "Hurry On Sundown", fantastique folk song et premier grand tube, ouvre le bal et rarement le crépuscule aura été aussi magnifiquement célébré. L'hymne "Be Yourself" permet au père Huw de montrer l'étendu de son talent. Les deux volumes de "Paranoia" pourront paraître plus accessoires (je n'ai pas dit intrusifs), ils s'intègrent sans grand mal au sein d'une œuvre encore bien ancrée dans la décennie 60 tout en annonçant les perturbations soniques de celle qui va suivre (l'impressionnant "Seeing It As You Really Are" porte en lui les gênes de tous les morceaux space épiques qui verront le jour à travers les 70's). Et les festivaliers présents sur l'île de Wight en cette folle année 1970 pour applaudir les cadors (THE DOORS) comme les futures gloires (SUPERTRAMP, JETHRO TULL) n'oublieront jamais un Nik Turner intégralement peint en argent et un show à l'aura quasi-religieuse qui fit halluciner Jimi HENDRIX.

Un grand moment psyché underground proposé par un groupe ambitieux qui, à défaut d'être mature, fait preuve d'une belle créativité et d'une honnêteté certaine. Pour un premier album : chapeau bas messieurs. Mais attendons la suite. Nous n'allons pas en revenir.