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SPACE ROCK   |  STUDIO

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1970 Hawkwind
1971 In Search Of Space
2019 All Aboard The Skylar...
2021 Somnia
 

- Membre : Amon DÜÜl Ii, Arthur Brown , Lemmy, Slim Jim & Danny B., Richard Wahnfried , High Tide, Pretty Things/yardbird Blues Band, MotÖrhead, Blind Faith, Cream
- Style + Membre : Hawklords, Nik Turner , Gong, Dave Brock , Robert Calvert
 

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HAWKWIND - Stories From Time And Space (2024)
Par PSYCHODIVER le 18 Mai 2024          Consultée 948 fois

Il y a deux manières d'appréhender ce trente-sixième album d'HAWKWIND. La première implique d'écouter Stories From Time And Space comme la dernière livraison sans prétention (si ce n'est celle de garantir un voyage space immersif) d'un groupe qui a déjà livré tous ses secrets depuis bien longtemps. La seconde relève de la corvée d'avoir à subir les mélodies éculées et les structures désormais prévisibles d'une formation qui aurait mieux fait de s'arrêter à temps (mais quand ?). Il y a peu, ce sont deux autres vieux de la vieille, dont les origines remontent à la fin des 60's, qui sont revenus aux affaires et par la même occasion ont démontré les difficultés de défier l'âge avançant tout en gardant un semblant de crédibilité : JUDAS PRIEST et BLUE ÖYSTER CULT. Bilan : les Metal Gods s'échinent à recycler la formule facile et bodybuildée de Painkiller pour un résultat correct mais pas marquant, tandis qu'Eric Bloom et Donald Roeser déçoivent sur toute la ligne avec un opus sans substance (parasité par l'IA ?) et fondamentalement inutile (indigne d'un combo de la trempe du BÖC) puisque constitué de reprises de reprises (ça paraissait infaisable, ils y sont parvenus) ainsi que de pistes issues de lointaines sessions mais jamais publiées jusqu'alors (et qui auraient dû rester au placard). Et HAWKWIND là-dedans ?

Dave Brock est un phénomène à bien des égards. Mais il a conscience de sa fragilité. Récemment, son cœur a manifesté quelques baisses de régime. Et si le Capitaine ne semble pas résolu à cesser toute activité, il n'est pas exclu qu'il mette un terme aux tournées, une fois celle de cette année achevée. Le cuirassé spatial surgi des squats de Ladbroke Grove est digne d'un Derfflinger/Yamato. Il encaisse. Toujours. Et seul un sabordage saura lui être fatal. Les coups de maîtres, même en pleine avarie généralisée, il en est capable. Depuis la fin des 2010's, faisant suite à une effroyable lignée de nullités discographiques en tout genre qui portèrent dangereusement atteinte au mythe qu'il représente, HAWKWIND avait proposé un diptyque conceptuel digne de ses grandes heures : l'onirique Somnia et le carpe diem cyberpunk/traditionaliste écolo The Future Never Waits. Aujourd'hui, paraît la suite. Ces Stories From Time And Space. Chroniques d'un combo partagé entre rêveries, amertume, résignation et combativité soft, avec au centre, le temps. Ce flux impalpable qui a tout pouvoir sur toute chose et contre lequel les luttes sont vaines.

Premier élément qui encore une fois distingue l'album de ses prédécesseurs et contemporains : le son. Initialement prévu sous la direction de William Orbit qui avait accompagné les freaks le temps de quelques concerts l'an dernier avant de se désister, la patte de Mister Wainwright se ressent néanmoins sur l'ensemble. L'enrobage est relaxant, quasi aquatique. Les attaques soniques qui firent trembler les univers parallèles et marquèrent l'étendue de l'espace à grand renfort de quarks et d'étrangetés appartiennent au passé. Au programme : pas de nouveau "Master Of The Universe", "Lord Of Light", "Valium Ten", "Right To Decide" ni plus récemment de "Rama The Prophecy". Moins facile d'accès que ses grands frères des 2020's, multipliant les cassures de rythme, les improvisations et incursions jazzy smooth/psyché/électro/rétro : Stories From Time And Space renoue avec l'aspect expérimental inhérent à la période Calvert comme aux opus majeurs des 80's (The Xenon Codex, Sonic Attack et Church Of Hawkwind), le tout dans une ambiance triste à la Hall Of The Mountain Grill, d'où jaillissent toutefois quelques rayons d'énergie cosmique pure canalisant la puissance de feu garage rock de l'inestimable Doremi Fasol Latido. C'est le seul point commun que ce cru 2024 partage avec son aîné The Future Never Waits. HAWKWIND regarde dans son passé pour garder l'inspiration dont il fait un usage détonnant, hors de tout fan service ou redite vulgaire. Car point de rayon de soleil ici (ou alors une dérisoire éclaircie) ni même de célébration d'un avenir qui nous appartiendrait envers et contre toutes les forces mauvaises. Le froid règne toujours sur Terre. L'horloge avance. Rien ne change. Des océans en extinction jusqu'aux gratte-ciels art deco de Metropolis explicitement référencés au verso de la pochette : rien ne va dans un monde que Dieu a préféré oublier. Et l'époque des "Urban Guerilla" est révolue. Dès lors, quelle solution choisir ? Exister en privilégiant le bonheur à la liberté ? La liberté au bonheur ? N'oublions pas que le temps file. Il faut vivre. Tout simplement.

Le ton est donné dès "Our Lives Can't Last Forever", dominé par des claviers pluvieux et la voix fragile ou légèrement modifiée de Dave Brock, mélancolique à souhait, jusqu'à l'arrivée d'une guitare plaintive dans le dernier quart du titre.
"The Starship One Love One Life" est en revanche plus décomplexé, limite dansant. Préparant le terrain à un album qui va constamment osciller entre évasion et questionnement. Ainsi, "What Are We Going To Do While We're Here", avec son piano jazzy et son saxophone désabusé (hommage tardif au compagnon/rival Nik Turner ?) laisse ensuite la place à des guitares orientalisantes appuyées par des vocaux offensifs dans sa deuxième moitié.
"The Tracker" voit le retour de l'ADN garage s'achevant sur une outro indus allumée qui se fond avec les nappes ambient de "Eternal Light".
Sur "Till I Found You", les vieux démons du groupe le rattrapent puisqu'il s'agit d'une réutilisation du "Outside Of Time" apparu sur The Future Never Waits. Reste un deuxième acte agité autant que lyrique se terminant en speederie comme au bon vieux temps.
"Underwater City" renvoie aux instrumentaux des 70's où la guitare acoustique survole des nappes de claviers anxiogènes. Sur "The Night Sky", la fibre cinématographique du combo se manifeste avec un panache certain mais bien trop court. Les freaks s'éclatent à nouveau sur un "Traveller Of Time & Space" porté par une basse addictive à souhait. "Re-generate" consacre le règne de l'électronique avant un plongeon infini dans une "Black Sea" pesante. "Frozen In Time" est aussi concis que tragique.
Le mot de la fin revient à l'improvisation "Stargazers", peut-être la piste la plus représentative de ce cru 2024 où les fondamentaux du space rock se heurtent au DOORS de Morrison Hotel derrière une production et des arrangements que le Brian ENO cold et avant-gardiste fin 70's/débuts 80's n'aurait pas renié. Un mélange improbable mais qui fonctionne et impose le respect.

Touchant. C'est l'adjectif qui me semble le plus adapté à Stories From Time And Space. HAWKWIND, désormais antiquité vivante du rock, tient à informer la création toute entière qu'il est encore là, dans une posture toutefois plus réfléchie. Dave Brock, malgré sa santé et sa voix déclinantes (il cède régulièrement sa place à Magnus Martin derrière le micro) a banni le verbe 'renoncer' de son lexique personnel. Malgré l'emprise du temps qui passe et les séquelles qui lui sont propres, on ne nous a toujours pas interdit de rêver. Le cuirassé ayant décidé de faire escale en nos contrées en juin prochain, il me tarde de pouvoir enfin voir les HAWKS sur scène, dans une configuration certes éloignée de leurs exploits d'antan, mais toujours animée par cette flamme inextinguible dont l'origine semble plus que jamais extraterrestre.

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- Dave Brock (chant, guitare, claviers)
- Magnus Martin (chant, guitare, claviers)
- Doug Mackinnon (basse, claviers)
- Tim 'thighpaulsandra' Lewis (claviers)
- Richard Chadwick (batterie)


1. Our Lives Can't Last Forever
2. The Starship One Love One Life
3. What Are We Going To Do While We're Here
4. The Tracker
5. Eternal Light
6. Till I Found You
7. Underwater City
8. The Night Sky
9. Traveller Of Time & Space
10. Re-generate
11. The Black Sea
12. Frozen In Time
13. Stargazers



             



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