Les années 1990 sont désormais terminées. Tonnerre et désolation dans l'Hyperespace, le vaisseau spatial britannique va connaître des jours sombres et sa discographie va considérablement baisser en qualité dans les années à venir. Ah bon ? Réellement ? En apparence, aucun signe extérieur ne semble en effet indiquer cette décadence à venir. En ce début de nouveau millénaire, HAWKWIND continue toujours inlassablement de tourner un peu partout, le public étant toujours au rendez-vous, 30 ans après ses débuts. Bon, c'est vrai, les années 1990 ont été synonymes d'une baisse assez drastique de l'inspiration pour nos Space Lords préférés. Heureusement, des albums studio tels Space Bandits (1990), Alien 4 (1995) ou encore In Your Area (1999) donnaient le change. On y croyait encore, même si quelque chose semblait commencer à pourrir au Royaume-Uni de l'Espace.

L'année 2000 marque donc l'anniversaire des 30 ans du groupe, il convient de célébrer la chose. Dave Brock organise un énorme événement, baptisé "Hawkestra". Une performance marathon durant laquelle le line-up officiel de HAWKWIND se voit accompagné d'un grand nombre d'anciens membres des Hawks, parmi lesquels Nik Turner, Huw Lloyd-Langton et Lemmy Kilmister. Et quelques invités, comme cette charmante Samantha FOX.
Parallèlement à ce concert historique, Dave nous balance le nouvel album. Je préfère vous prévenir d'emblée, il semble qu'il y ait erreur sur la marchandise. Spacebrock, ainsi que semble l'indiquer son titre très naze, n'est pas un véritable album de HAWKWIND, mais un opus solo de Dave Brock. Outre ces considérations esthétiques, peut-on effectivement parler de Spacebrock comme de l'album d'un 'groupe' ? Dave y joue quasiment de tous les instruments. Richard Chadwick, fidèle batteur de HAWKWIND depuis 1990, n'a contribué qu'à trois titres. Aucun autre membre du line-up 'officiel' de HAWKWIND (Jerry Richards, Ron Tree) ne participe enfin à cet opus très bizarre, au contenu assez déconcertant.

Spacebrock est difficile à analyser car l'album n'a aucune cohérence, semblant être constitué de démos non abouties collées les unes aux autres. Beaucoup d'étrons cosmiques, pas mal de merdes spatiales. Piou piou. Bip bip crack crack. Bzzz Bzzz. Rrrr. Le contenu est hétéroclite, mais dans le mauvais sens du terme : très mauvais space-rock ("To Be Or Not", "Earth Calling"), titres foutraques relevant de la démo non mixée ("Space Brock"), branlette guitaristique assez naze ("Behind The Face"), délires orientalisants partant tous azimuts, et même quelques tentatives d'arrangements techno assez maladroits ("Sex Dreams", "Do You Want This Body"). On s'ennuie ferme, et on se demande au final si Dave Brock n'est pas tout simplement en train de se foutre de la gueule de l'Univers tout entier. Evidemment, notre vieux filou ne peut s'empêcher de céder à certains des démons qui le poursuivent depuis les années 1980 : oui, nous avons encore droit à de nouvelles versions d'anciens titres de HAWKWIND ("Kauai", "Some People Never Die", "Life Form"). Cette habitude malheureusement commence à devenir de plus en plus envahissante sur les albums à venir.

On trouve quand même quelques moments assez remarquables, convenons-en. "Earth Breath" est assez sympathique et "Space Pilots" assez mignonne. "First Landing", dont le texte est un vieux poème de Robert Calvert, est probablement la plus belle pièce de l'opus. Même la techno assez débile de la longuette "Do You Want This Body" se laisse écouter. Mais objectivement, il n'y a pas grand-chose d'autre à se mettre sous la dent.
Spacebrock est un disque assez étrange, qui n'a pas beaucoup d'atouts pour lui. Rien à voir ici avec le HAWKWIND flamboyant que nous avons connu jusqu'au début des années 1990. Pas grand-chose à voir non plus avec le groupe de space-rock rageur que pouvait encore laisser percevoir In Your Area, un an plus tôt. Spacebrock est finalement l'album solo d'un Dave Brock qui commence à perdre les pédales face à l'immensité de l'Univers.

Malgré ce titre trompeur, Spacebrock nous fournit quelques renseignements sur le futur de HAWKWIND. Voici à quoi ressemblera, au XXIème siècle, un disque de space-rock standard signé Dave Brock : une espèce de gigantesque magma sonore inconsistant, sans cohérence aucune, aux titres boursouflés, dont l'écoute intégrale se révèle extrêmement laborieuse. Evidemment, cette tendance était déjà plus ou moins annoncée sur nombre d'albums antérieurs, mais elle apparaît maintenant dans toute sa pathétique médiocrité.

Il n'y a pas grand-chose à dire de plus. En l'état actuel des choses, Spacebrock est probablement l'un des pires albums de la riche discographie de HAWKWIND. Quelle était donc l'idée de Dave Brock lorsqu'il osa publier ce bousin ? Célébrer le trentième anniversaire de HAWKWIND, sérieusement ?

Hélas, les Hawks ne sont pas au bout de leurs peines.