Après l'épisode électronique Church of Hawkwind, Choose Your Masques est le second album publié par HAWKWIND en 1982. De prime abord, il se présente comme une sorte de suite logique de Sonic Attack, l'époustouflant album de 1981 : même logo, même imagerie heavy metal (la police du titre est d'ailleurs celle d'IRON MAIDEN), et même contenu musical relativement lourd. Pourtant, l'expérience Church of Hawkwind n'a pas été sans conséquences. La musique des Space Lords est désormais davantage portée sur les tripatouillages électro, au détriment du psychédélisme presqu'exclusivement instrumental des débuts. Choose Your Masques utilise massivement les séquenceurs électroniques. Le pauvre Martin Griffin, batteur dévoué, se trouve ainsi bien vite contraint d'overdubber des pistes de boîte à rythmes. En désaccord avec Dave Brock sur ce sujet, Martin Griffin quitte d'ailleurs le groupe après la tournée.

Michael Moorcock continue toujours ici sa collaboration avec les Hawks, ce qui est un gage d'intérêt immédiat. En témoigne en premier lieu la longue piste d'introduction (quasi) éponyme, "Choose Your Masks", poème de Moorcock chanté par Dave Brock. Ne vous laissez cependant pas tromper par les aspects space-rock assez conventionnels de cette chanson, car voici que survient "Dream Worker". Une vibration astrale noire, terrifiante et angoissante se met à retentir, happant l'auditeur dans un vortex infernal dont il a bien du mal à s'échapper. Assurément, l'un des meilleurs moments de l'album. Pour la petite histoire, c'est la voix samplée de Ian Holm (alias Bilbon Sacquet, de la Comté) que l'on entend au début.
"Void City", morceau lorgnant très fortement sur KRAFTWERK, voit ressurgir brièvement Nik Turner sur quelques parties de saxophone modifié. Outre Moorcock, Robert Calvert contribue également au travers de la nouvelle (et quelque peu inutile) version de "Silver Machine", mais également de l'assez réussie "Fahrenheit 451" dont les paroles sont évidemment inspirées par le roman éponyme de Ray Bradbury.
L'introduction en tapping de basse de "Solitary Mind Games" se révèle enfin très élégante, la chanson est mélancolique et planante, le Hawk' nous fait à nouveau voyager par-delà les galaxies.

"Arrival In Utopia" relance ensuite la furieuse machine HAWKWIND, celle qui lorgne depuis deux ans le heavy metal alors à la mode. La basse de Harvey Bainbridge se fait ici ronflante, les guitares fusent, mais le groupe ne livre pas sa partition la plus originale : en témoigne notamment cette réutilisation d'un passage de "Levitation" au milieu de la chanson. Comme si le groupe était à court d'idées. Une fois arrivée en Utopie, on change cependant d'ambiance : "Utopia" s'avère en effet une nouvelle piste méditative et ambiante, faisant la part belle à des sonorités samplées et à des boucles électroniques. En revanche, méfiez-vous de la fin et de sa voix modifiée répétée en boucle, c'est assez horripilant. "The Scan" sert enfin de magnifique introduction à la très heavy/blues "Waiting For Tomorrow" (chantée par Huw Lloyd-Langton), autre moment fort qui clôture remarquablement l'album.

Choose Your Masques est l'un des opus les plus appréciés de la période 1980 des Hawks, néanmoins je ne saurais prétendre qu'il s'agit de l'un des meilleurs de l'histoire du groupe. HAWKWIND continue d'expérimenter ce que le progrès technologique lui offre comme nouvelles possibilités, mais l'album se révèle au final relativement décousu et sans réelle ligne directrice. Les ambiances sont cependant magnifiques ("Dream Worker" est terrifiante, "Waiting For Tomorrow" est épique), mais ne semblent pas avoir de réel lien les unes avec les autres.

Un bon opus des Hawks toutefois, mais qui laisse une impression mitigée. À réécouter néanmoins.

Note réelle : 3,5/5