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GENESIS - And Then There Were Three... (1978)
Par MARCO STIVELL le 27 Septembre 2011          Consultée 29542 fois

Si l’on me demande quel est, de GENESIS, mon second album préféré après Wind & Wuthering, je réponds toujours automatiquement And Then There Were Three. Une vision loin d'être partagée, cet album souffrant d’être aux yeux de beaucoup le vilain petit canard, rejeté par plein de monde, notamment les fans de la première époque. Pourtant, bien que moins élaboré, il se fait nettement plus proche de la magie seventies que de ce qui suivra, Duke étant le véritable album de transition. And Then There Were Three traduit seulement une volonté de rendre la musique du groupe un peu plus accessible (rappelons que GENESIS a toujours été pop et 'commercial', d'une certaine manière). Le fait qu’il n’y ait pas de morceaux longs ne l’empêche pas de développer son propre univers. Enfin, cet album est sorti en 78, un an après le précédent, deux ans avant le suivant. En toute logique, c’est donc bien un album des seventies, et qui ne mérite pas d’être autant mis à l’écart des productions précédentes du groupe. Ce paragraphe fait plaidoyer, c’est le but, car cet album le vaut bien.

Oui, les chansons ne dépassent pas cinq minutes, oui il y a ce tube bâtard appelé "Follow You Follow Me" (une vision qu'à mon tour je suis loin de partager), et puis quoi ? La photo de la pochette n’incite-t-elle pas à la rêverie, avec cette fumée qui prend la forme de collines dans des tons crépusculaires ? Comment rester insensible aux intros de "Down and Out" (morceau rock très impressionnant pour sa partie de batterie que, d'ailleurs, Chester Thompson a eu du mal à reproduire en concert, c'est pourquoi ils ne l'ont pas jouée longtemps) et de "Ballad of Big", au charme des refrains de "Undertow" et de l’acoustique "Snowbound", à la partie instrumentale de "Burning Rope", aux folies de "The Lady Lies", tout dernier conte génésissien made in Tony Banks ?

Il y a beaucoup de Tony là-dedans. Déjà au niveau de l'écriture, il se taille la part du lion une nouvelle fois, Mike étant le deuxième sur la liste. Il faut ensuite dire que les claviers sont dominants sur les morceaux susdits (rien que dans l'intro très hivernale de "Down and Out"), et cet album présente sa nouvelle marque de fabrique : un son de piano électrique un peu 'lourd' et cristallin (le fameux Yamaha CP-70) qui s’élève au-dessus des nappes synthétiques, ce qui donne un bel effet nocturne et planant. Et avec "Undertow", il signe tout simplement le refrain, pour ne pas dire la ballade la plus réussie de sa carrière. Phil Collins compose peu, à cause de ses (gros) problèmes de couple. Il ne participe qu'à "Scenes From a Night's Dream" et les trois chansons collectives ("Down and Out", "Ballad of Big" et "Follow You Follow Me"). Ce qui ne l'empêche pas de tenir la batterie aussi magistralement que d'habitude. Quant à Mike Rutherford, il se retrouve avec, en plus de son travail habituel, celui de Steve Hackett, et s’en sort plutôt bien sans toutefois égaler ce dernier (son premier vrai solo sur le dense "Burning Rope", très mélodique mais assez linéaire suffit à le prouver).

Toutes les chansons sont vraiment intéressantes, les dynamiques ("Scenes From a Night’s Dream", "Down and Out") autant que les ballades ("Undertow", "Snowbound"), ou même les intermédiaires (l’excellent "Deep in the Motherlode"). J'ai longtemps considéré "Say It’s Alright Joe" comme un peu à part, mais l’ambiance de vieux troquet à une heure tardive est tout à fait réussie au moment des couplets. "The Lady Lies" reste aussi l'un des meilleurs morceaux de Tony, avec ces montées en puissance jouissives vers les refrains. Enfin, le tube, le morceau qui a vraiment fait connaître GENESIS au grand public (aux femmes surtout !), "Follow You Follow Me", chanson d’amour à la mélodie imparable et qui se devait de terminer cette première grande époque.

Ajoutons à cela une production feutrée, idéale à ce style de chansons. En fait, elle met l'album en étroite relation avec l'album A Curious Feeling de Tony Banks sorti un an plus tard. Tous deux sont d'ailleurs parfaitement recommandables pour les longues soirées d'hiver. Notons qu'il existe encore sur le deuxième coffret Archive deux inédits, le musclé "The Day the Light Went Out" et la ballade "Vancouver", tout à fait dans la même lignée. Avec tout cela, And Then There Were Three est à redécouvrir et surtout à reconsidérer absolument. Je précise que je ne mets pas la note maximale pour ne pas paraître plus fou que je ne le suis déjà !

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   (6 chroniques)



- Tony Banks (orgue, mellotron, pianos, 12 cordes, choeurs)
- Phil Collins (batterie, chant, percussions)
- Michael Rutherford (basse, 12 cordes, choeurs, vcelle...)


1. Down And Out
2. Undertow
3. Ballad Of Big
4. Snowbound
5. Burning Rope
6. Deep In The Motherlode
7. Many Too Many
8. Scenes From The Night's Dream
9. Say It's Alright Joe
10. The Lady Lies
11. Follow You Follow Me



             



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